Hans Hartung – La fabrique du geste
Jusqu’au 1er mars 2020
Musée d’art moderne, 11 avenue du Président Wilson, Paris 16e
Soulages au Louvre et au Centre Pompidou
Jusqu’au 9 mars 2020
Voici trois expositions d’art non-figuratif avec les oeuvres de Hans Hartung présentées au Musée d’art moderne et celles de Pierre Soulages (musée du Louvre et Centre Pompidou), qui fête ses cents ans cette année.
L’artiste germano-français Hans Hartung (1904, Leipzig-1989, Antibes) a été un précurseur de l’abstraction et le père idéologique de Pierre Soulages (né en 1919 à Rodez).
L’exposition du Musée d’Art Moderne (anciennement de la Ville de Paris) qui a rouvert ses portes fin 2019, explose de couleurs. Tandis que celles du Louvre et du Centre Pompidou (plus exactement du Musée national d’art moderne) mettent en avant « l’outrenoir » de P. Soulages. Un noir lumineux, qui varie en intensité et en texture selon les formats, mais qui reste essentiellement monochrome.
Si l’art des deux artistes paraît conceptuel, il n’en est rien dans leur pratique qui se veut expérimentale. Hartung a été l’un des premiers à pratiquer la peinture à l’aspirateur inversé, l’aérosol, le spray – bien avant l’émergence du street-art -, la tyrolienne, la sulfateuse à vigne, le pistolet à air comprimé etc., projetant de la matière sur ses toiles sans qu’elle s’y accroche véritablement. Pierre Soulages utilise également des outils de peintre de bâtiment plutôt que d’artiste et tire ses noirs du brou de noix ou du goudron.
Les deux artistes partagent une carrière intense. Hartung produit pas moins de 15.000 oeuvres tandis que Soulages réalise plus de 1600 toiles et « continue de peindre à rythme soutenu », précise Alfred Pacquement, commissaire de l’exposition au musée du Louvre, « comme en témoignent les trois grandes toiles exposées dans le prestigieux Salon Carré [qui abritait jadis le Salon des Académies], réalisées il y a quelques mois, signe de la grande vitalité de l’artiste ».
L’exposition au Centre Pompidou met à l’honneur la relation particulière qu’entretient Pierre Soulages avec l’institution qui accueille sa première oeuvre dans les collections nationales dès 1951 et lui consacre une exposition personnelle en 1967, alors que le musée national d’art moderne était situé dans l’actuel Palais de Tokyo. Deux expositions monographiques suivent en 1979 et en 2009. En revanche, c’est la première exposition personnelle de Soulages au musée du Louvre, bien qu’il y avait exposé quelques oeuvres.
A choisir, ma préférence va à l’exposition de Hans Hartung, plus diversifiée, de ses débuts figuratifs à son abstraction gestuelle ; surtout, elle est éclatante de lumière. Les formes vaporeuses évoquent l’élément eau qui m’attire inéluctablement ! Mais il est intéressant d’apprendre à apprécier les variations de luminosité dans les noirs de Soulages, monument de la peinture française depuis les années d’après-guerre.