Grayson Perry

Vanité, identité, sexualité

Jusqu’au 3 février 2019

Catalogue de l’exposition : 

Monnaie de Paris, 11 quai de Conti, Paris 6e

Voilà un artiste complètement loufoque, en apparence. Grayson Perry (né en 1960, dans le comté d’Essex, Angleterre) fait ses apparitions publiques déguisé en (parodie de) femme. Mais ses oeuvres révèlent une profondeur d’analyse, une pensée ironique et grinçante – so British – sur les classes sociales, la religion, l’identité. La Monnaie de Paris lui consacre sa première grande exposition en France.

Grayson Perry, élu Royal Academician (2012) et lauréat du Turner Prize, fait de son accoutrement et de sa verve partie intégrante de son oeuvre. Mais, une fois passée la fascination pour l’énergumène, on peut se concentrer sur ses propos fort intéressants – il est des rares artistes à aimer parler de son travail (plutôt que de laisser la tâche au commissaire d’exposition !).

Céramiques, tapisseries, sculptures en bronze, gravures, ses supports sont multiples. A l’image de l’iconographie de ses oeuvres qui renvoient à de multiples sujets de société, dont la question de l’identité. Il mêle des références autobiographiques (enfance, famille, alter ego artistique Claire) à ses questionnements sur l’art (rapport de l’artiste à l’artisan). Il défie les extravagances de la société anglaise et la domination masculine, avance qu’un monde géré par les femmes serait plus juste. Thèmes qu’il reprend dans la série télévisée qu’il anime pour Channel 4.

Grayson Perry se fait connaître par ses vases en céramique – matériau alors peu considéré dans les années 1980 par l’art contemporain -, pour lesquels il applique la technique du sgraffite, les recouvrant de dessins, textes manuscrits, pochoirs, photographies, émaux.

Ses derniers vases, Matching Pair (2017), évoquent l’enjeu du Brexit. L’artiste a demandé aux pro-Brexit et aux anti-Brexit de lui envoyer via les réseaux sociaux des images, des phrases, des photos, des personnalités, des marques, qui représentent pour eux le Royaume-Uni. De manière surprenante, les oeuvres qui en résultent sont similaires ; l’artiste affirme ainsi que les éléments qui rassemblent les Britanniques sont plus importants que ceux qui les séparent. G. Perry pense que le vote a été une réponse émotionnelle plus que rationnelle liée aux mutations de la société.

Une oeuvre réjouissante, à découvrir (tout à fait possible en famille).

 

Taggé .Mettre en favori le Permaliens.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *