Des méca-make-up aux Science-Fiction-Scape

Erro. Sans titre. vers 2000. Epreuve aux encres et illustration d'un ouvrage, découpées et collées. Paris, Centre Pompidou, musée national d'art moderne, cabinet d'art graphique. Don de l'artiste, 2009 (c) Adagp, Paris 2010Erro – 50 ans de collages

Jusqu’au 24 mai 2010

[fnac:http://plateforme.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Musee-et-Exposition-BILLET-MUSEE—EXPOSITIONS-MUSEX.htm]

Centre Pompidou, musée national d’art moderne, niveau 4, place G. Pompidou 75004, 10 à 12€

A l’occasion de la donation au Centre Pompidou de 66 collages du célèbre artiste islandais Erro, le musée national d’art moderne organise une première exposition sur un pan peu connu de l’oeuvre d’Erro. Lorsque des mannequins de magazines féminins sont associés aux carrosseries de voiture, lorsque des comics côtoient des images de propagande politique, il en résulte une joyeuse cacophonie visuelle. Qui pointe du doigt les travers de notre société contemporaine. A l’ouest comme à l’est.

Favoriser les chocs visuels en mêlant les temps et les espaces. Telle est la recette des oeuvres cocasses, empreintes d’humour et de dérision de Gudmundur Gudmundsson (né en 1932 à Olafsvik, nord-ouest de l’Islande).

Critique et politique, son oeuvre dénonce les guerres (du Viêt-Nam à l’Irak), le totalitarisme (russe, chinois, cubain) aussi bien que la consommation de masse des sociétés occidentales ou leurs prouesses technologiques. C’est ainsi que des cosmonautes de la NASA jouent la superbe au-dessus des odalisques d’Ingres.

L’exposition s’articule autour des cinq principales sources d’inspiration de l’artiste: la mécanique, les conquêtes spatiales, la politique, les arts et les comics.

Cette diversité thématique peut s’expliquer par la formation multi-académique d’Erro. Après un passage aux beaux-arts de Reykjavik où il s’initie à la technique des papiers découpés, le jeune homme intègre ceux d’Oslo. En parallèle, il suit un cours de gravure à l’Ecole des arts décoratifs et industriels. Pour parfaire sa formation, il fréquente l’Académie des beaux-arts de Florence et l’Ecole de mosaïque de Ravenne.

Dès 1958, Erro réalise des collages politiques. A Jaffa, il exécute les dessins-collages de la série Démasquez les physiciens, videz les laboratoires!, intitulée d’après le tract surréaliste parisien contre la bombe atomique.
Un an plus tard, il s’installe à Paris, où il fréquente les Surréalistes.

En 1964, lors d’un séjour new-yorkais, Erro décide de renoncer définitivement à inventer des formes personnelles. A partir d’images issues de la culture populaire, il réalise des collages qu’il agrandit ensuite à l’aide d’un projecteur pour bâtir des tableaux.

« Chez Erro, le collage accède dès sa conception à un double statut. Oeuvre à part entière, il est aussi une ‘prévision du tableau’. Si à partir de 1964 toutes les peintures d’Erro sont précédées de ces esquisses d’un nouveau genre, tous les collages ne sont pas destinés à devenir des peintures », précise le commissaire de l’exposition, Christian Briend.

A partir des années 1970, aux compositions horizontales Erro privilégie les collages à deux registres supperposés, qui permettent de mettre en valeur un mouvement ascensionnel. Ainsi du trio de cavaliers dans Mongolia, qui s’élève au-dessus d’une luxueuse voiture à la manière des saintes figures dans les tableaux d’autel de la Renaissance, découverts par l’artiste lors de sa formation en Italie.

Erro. The Fox. vers 1974. Illustrations de magazines découpées, collées et rehaussées de peinture acrylique. Paris, Centre Pompidou, musée national d'art moderne, cabinet d'art graphique. Don de l'artiste, 2009 (c) Adagp, Paris 2010« Ce format vertical favorise l’apparition en partie haute de nombreuses créatures ou objets liés au thème du vol. Oiseaux migrateurs ou même saumons bondissants y pullulent et l’on n’y compte plus les avions, hélicoptères ou engins spatiaux, souvenirs plus ou moins conscients des appareils allemands qui survolaient la ferme familiale durant la Seconde Guerre mondiale », analyse C. Briend.

Les années 1970 sont également marquées par le détournement d’images de propagande politique. Pour ce faire, l’artiste puise dans un stock d’images issues de Chine populaire, du Viêt-Nam communiste, du régime cubain ou des bases américaines en Thaïlande.

« Quand des partisans aux visages déterminés s’introduisent dans une salle à manger, c’est pour désigner d’un doigt vengeur le décorum convenu et satisfait de la table bourgeoise. Un peu plus tard, Erro décide de transporter le président Mao accompagné de Chinois enthousiastes dans plusieurs métropoles occidentales », commente le commissaire de l’exposition.

Pourtant, l’artiste attend 1981 pour dévoiler au public sa production lors d’une exposition, uniquement composée de collages, à la galerie Le Dessin à Paris.

En 2000, Erro révèle les diverses étapes de sa création dans un film réalisé par Catherine Terzieff, L’Oeuvre et l’artiste.

En écho à cette exposition qui ravira un public familial, amateur d’art classique autant que de BD (après les comics US, Erro utilise aujourd’hui essentiellement la bande-dessinée espagnole et les mangas japonais), le Centre Pompidou organise, dans le cadre des dimanches en famille, un atelier avec l’artiste le 4 avril 2010 (15h-18h).

Sarkis. 12 Kriegssschatz dansent avec le Sacre du Printemps d'Igor Stravinsky. 1989-2002. Installation, 12 figures sur socles, bandes magnétiques, néon. Collection de l'artiste, Paris (c) Adagp, Paris 2010A ne pas manquer: en face du cabinet d’art graphique, l’exposition consacrée au designer Patrick Jouin. Sans oublier, les installations de Sarkis qui entrent en résonnance avec les oeuvres du musée national d’art moderne.

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