Entre plume et pinceau

Gaston Chaissac, Visage aux hachoirs, 1947/48. Gouache sur papier canson marouflé. Collection particulière (c) Adagp, Paris 2013 %%Chaissac – Dubuffet

Jusqu’au 28 septembre 2013

[amazon_link id= »2849752975″ target= »_blank » container= » » container_class= » » ]ACHETER LE CATALOGUE DE L’EXPOSITION[/amazon_link]

L’Adresse Musée de La Poste, 34 bd de Vaugirard, Paris XV

 

 

Vous connaissez indéniablement l’oeuvre de Jean Dubuffet (1901-1985). Mais celle de Gaston Chaissac (1910-1964)? L’Adresse Musée de La Poste propose un passing shot (Roland Garros vient de débuter à l’heure où j’écris cet article!) entre ces deux artistes « rustiques ». Avec comme fil conducteur leurs échanges épistolaires.

 

A partir de 1946 et jusqu’à la mort de Chaissac, les deux hommes s’écrivent régulièrement aussi bien au sujet de leurs travaux respectifs que de leur vie personnelle.

Trois citations résument l’état d’esprit de ces deux créateurs iconoclastes.

« Tant qu’on demandera partout aux gens leur casier judiciaire, un certificat médical et des diplômes officiels ça ne sera pas brillant » (Lettre de G. Chaissac à J. Dubuffet, 1946).

« Je peins pour l’instant de quoi faire frémir d’indignation les spécialistes de l’art abstrait et j’en viens aux couleurs dégueulasses dont le charme est d’un prenant », écrit Chaissac à Dubuffet en 1951.

Quant à Dubuffet, son ultime lettre à Chaissac stipule : « Je suis de plus en plus convaincu que la position de triomphe, qui est communément très désirée, n’est cependant pas du tout la plus désirable. Ainsi suis-je porté à te féliciter si le tien n’est pas complet. Triompher d’une patte c’est déjà mieux que triompher des deux. Je suis dans la forêt, avec les rouge-gorges et les mulots, et avec chandail et cache-nez. Perché sur un bouleau, je te salue ».

Dubuffet n’a que faire de l’écriture enfantine et mal orthographiée de Chaissac. Lui qui élabore le concept d’Art Brut, dont il publie le manifeste en 1949, ne risque pas de s’attacher pas aux apparences. De même qu’il apprécie les formes simples, sans prétention et les couleurs vives posées en aplat, entourées d’une bordure noire, de son ami natif de la Provence mais installé en Vendée depuis 1943.

L’exposition permet autant de découvrir l’oeuvre de Chaissac et sa propension à travailler sur n’importe quelle forme de matériau (totems sur bois, collages gouachés, huile de Ricin sur tôle) que d’apprécier les dessins aux couleurs vives réalisés par Dubuffet suite à son séjour dans le désert du Sahara. Ou sa série Paris-Circus qui représente avec justesse et humour la folie des Grands Magasins (Galeries Lafayette, Trinité Champs-Elysées).

Une correspondance littéraire vivifiante, un chassé-croisé pictural édifiant.

Taggé .Mettre en favori le Permaliens.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *