Balenciaga

L’oeuvre au noir

Jusqu’au 16 juillet 2017

[fnac:http://www.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Exposition-BALENCIAGA–L-OEUVRE-AU-NOIR-CIAGA.htm]

Musée Bourdelle, 18 rue Antoine Bourdelle, Paris 15e

Le musée Galliera inaugure une saison espagnole avec 2 expositions hors les murs dont la première se tient au musée Bourdelle (la seconde aura lieu à la Maison Victor Hugo en juin). Elle rend hommage à Cristobal Balenciaga (1895-1972) et présente ses créations d’ébène, qui forment un savant contraste avec le marbre des sculptures.

Pour la sculpture comme pour la couture, les proportions et les matières qui permettent le mouvement définissent l’harmonie de l’ensemble. Le hall des plâtres du musée présente quelques patrons – ici des toiles noires (habituellement en coton écru), traversées de piqûres à la machine qui préfigurent les coutures, et de quelques annotations manuscrites du couturier.

Critobal Balenciaga, dont la mère est couturière, fait son apprentissage comme tailleur (1907). Il travaille dans les grands magasins « Au Louvre » de San Sebastian (1911). Il ouvre deux maisons dans cette ville (1917 et 1927) et une de haute couture (1924). En 1937, il s’installe au 10 avenue George-V à Paris. André Courrèges et Emmanuel Ungaro entrent dans la maison Balenciaga, respectivement en 1950 et 1958. C. Balenciaga crée la robe de mariée de la reine belge (Fabiola de Mora y Aragon) puis celle de la duchesse de Cadix (Carmen Martinez-Bordiu y Franco) ; ce sera sa dernière création (1972).

L’atelier de sculpture révèle des manteaux et tailleurs structurés, ciselant des silhouettes grâce à leurs proportions calculées au millimètre près. Les manches sont très étudiées et les cols toujours posés loin du cou pour dégager la nuque.
Les étoffes, sélectionnées en fonction de leur poids/épaisseur/tombant, et le choix de la couleur noire permettent d' »accentuer les jeux d’ombres et d’appuyer la ligne », commente Véronique Belloir (chargée des collections haute-couture au Palais Galliera), commissaire de l’exposition.

« Le choix du noir peut apparaître comme le désinvestissement de la couleur, pour ce qu’elle a de plaisant, de divertissant, afin de se concentrer sur la structure, les lignes et les proportions, sans artifice, quel qu’il soit ».

 

Comme on le découvre en particulier dans l’extension du musée, réalisée par Christian de Portzamparc (niveau -1). On observe un noir brillant (niger en latin), celui de l’élégance, de l’apparat, qui s’oppose à un noir mat (ater), celui des ténèbres, du deuil. Balenciaga juxtapose ainsi des lainages ou des velours d’encre mate à des rubans de satin lisse ou des taffetas aux reflets soyeux. Cette section présente de nombreuses robes brodées de perles ou de paillettes (toujours noires !) qui attirent la lumière. Tout comme ses robes vaporeuses en dentelle noire, qui évoque la piété et le folklore espagnols, jouent des effets d’opacité et de transparence.

Seules deux salles apportent un peu de couleur : une salle avec du noir et blanc (manteau noir avec col en fourrure blanc), une autre avec du noir et rose. « Le rose intense évoquant celui des bas de soie et de la cape du torero, intervient en petites touches. […] Il réserve le rose opalescent, presque chair, à l’organza sur lequel il appose les dentelles de soie noire », précise la commissaire.

Le sous-titre de l’exposition fait référence à la formule de « L’Oeuvre au noir » des traits d’alchimie, et évoque la phase de séparation et de dissolution de la substance. L’angle de l’exposition est de comprendre comment le noir, couleur, devient matière, vêtement. De salles en salles, on découvre des modèles jouant sur la décomposition des formes, de plus en plus abstraits. J’ai trouvé que le lien avec les sculptures de Bourdelle n’est pas toujours évident (pourquoi telle robe a-t-elle été placée à côté de telle sculpture ?) mais les robes exposées sont assurément l’oeuvre d’un grand artiste !

 

 

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