L’Art et l’Enfant

Pierre Auguste Renoir. L’Enfant à l’oiseau (Mlle Fleury en costume algérien), 1882. Huile sur toile. Photo © Sterling and Francine Clark Art Institute, Williamstown, Massachusetts, USA (photo by Michael Agee)Chefs-d’oeuvre de la peinture française

Jusqu’au 03 juillet 2016

[fnac:http://plateforme.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Exposition-L-ART-ET-L-ENFANT-ARENF.htm]

Catalogue de l’exposition : 

Musée Marmottan Monet, 2 rue Louis Boilly, Paris 16e

Fort du succès de son exposition transversale Naissance de l’intime, qui avait associé historiens et historiens de l’art, le musée Marmottan Monet renouvelle l’expérience pour évoquer le statut de l’enfant du XIVe au XXe siècle. A travers des chefs-d’oeuvre de la peinture française, de Philippe de Champaigne à Dubuffet, en passant par Chardin, Manet, Matisse, Renoir, Picasso, etc.

Le parcours débute avec La présentation au temple attribuée à André Beauneveu et Jean de Liège – oeuvre phare du musée de Cluny qui illustre la prépondérance de la représentation de l’enfant-Dieu dans l’iconographie jusqu’à la fin du Moyen-Age.

Philippe de Champaigne. Louis XIV offrant sa couronne et son sceptre à la Vierge, vers 1650. Huile sur toile © Hamburger Kunsthalle / bpk – Photo © Elke Walford

Le Christ dispute ensuite sa place à l’enfant roi, dauphin de droit divin. Ce dernier transmet à son tour son rôle de modèle à l’aristocratie. L’enfant  constitue un maillon dans une dynastie qui prime avant tout. Comme l’atteste l’oeuvre de l’école française, empreinte de l’art de Philippe de Champaigne, représentant les trois générations de la famille Habert de Montmor (première moitié du 17e siècle). Le commanditaire, de plein pied, est entouré de ses parents et fait face à sa femme et son enfant. Une nourrice de dos, emmène un enfant en bas âge, symbolisant probablement la mort de ce dernier.

Ecole française 1re moitié du XVIIe siècle, aussi attribué à Philippe de Champaigne. Portrait de la famille Habert de Montmor, 1ère moitié du XVIIe siècle. Huile sur toile. Photo © Château de Sully-sur-Loire

Après la Révolution, la société française évolue. Les parents endossent le rôle de pédagogue (auparavant assumé par les précepteurs). Une tendresse nouvelle se développe ; ils enlacent leurs enfants. Rousseau incite les femmes aristocrates à allaiter leurs nouveaux-nés. L’enfant est représenté en train d’étudier ou de jouer (Anne-Louis Girodet-Trioson, La Leçon de géographie, 1806).

Parallèlement, l’enfant perd son image d’innocence. Il rejoint les adultes sur les barricades (Philippe-Auguste Jeanron, Les Petits Patriotes, 1830). Il acquiert le statut de héros combattant (Jacques-Louis David, Le jeune Bara, 1794).

Philippe-Auguste Jeanron. Les Petits Patriotes, 1830. Huile sur toile. Photo © RMN-Grand Palais / Daniel Arnaudet

L’enfant des villes, dont la mère travaille mais bénéficie des avancées sociales, se distingue de l’enfant des campagnes, encore sous la coupe de l’attention maternelle (Jean-François Millet, La Becquée, vers 1860).

Ainsi, à partir du XIXe siècle tout enfant, quelles que soient ses origines, devient digne d’être portraituré ou intégré à une scène de genre. Les uns peignent des enfances idéalisées [Pierre-Auguste Renoir, L’Enfant à l’oiseau (Mlle Fleury en costume algérien), 1882 et Les Enfants de Martial Caillebotte, 1895. Les autres rendent hommage aux oubliés des avancées sociales (Fernand Pelez, Le marchand de violettes, 1895). D’autres adoptent une voie médiane et se concentrent sur une vision de l’enfance : infatigable et libre de tout entrave (Félix Vallotton, Le Ballon, dit aussi Coin de parc avec enfant, 1899).

Félix Vallotton. Le Ballon, dit aussi Coin de parc avec enfant, 1899. Huile sur carton marouflé sur bois. Photo © RMN-Grand Palais (musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski

A l’aube du XXe siècle, les avant-gardistes, au même titre qu’ils se tournent vers les arts primitifs, s’intéressent aux dessins d’enfant. Ils « entrevoient dans son crayonnages l’art à son origine, autrement dit l’enfance de l’art », commente Marianne Mathieu (adjointe au directeur, chargée des collections du musée Marmottan Monet).

« Quand j’avais leur âge, je dessinais comme Raphaël, mais il m’a fallu tout une vie pour apprendre à dessiner comme eux », affirmait Picasso (1945). Dans Le Peintre et l’enfant (1969), Picasso se peint comme un enfant, en compagnie d’un petit, un pinceau à la main. Oeuvre que l’on peut dès lors interpréter comme un double auto-portrait.

Gaston Chaissac pousse plus loin la chansonnette et signe « d’après le dessin de… ». Dubuffet fonde la Compagnie de l’art brut (1948) qu’il définit comme « des ouvrages exécutés par des personnes indemnes de toute culture artistique », qu’il juge trop codifié, l’assimilant à une singerie.

L’intérêt de l’exposition réside dans la démonstration de la thématique (bien documentée, chaque oeuvre possède son « explication de texte ») plus que dans le sublime des oeuvres.

Taggé .Mettre en favori le Permaliens.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *