Graver la lumière

L’estampe en 100 chefs-d’oeuvre, de Dürer à Picasso

Jusqu’au 17 septembre 2023

Musée Marmottan Monet, 2 rue Louis Boilly, Paris 16e

Bien que les oeuvres soient majoritairement en noir et blanc, l’exposition présentée par le Musée Marmottan d’une sélection d’estampes de la Fondation suisse William Cuendet & Atelier de Saint-Prex est lumineuse. À découvrir avant de prendre la route des vacances !

Rembrandt Harmensz vant Rijn, dit REMBRANDT, La Pièce aux cent florins, vers 1649. Eau-forte, pointe sèche et burin sur papier vergé. Vevey, Musée Jenisch Vevey — Cabinet national des estampes, Fondation William Cuendet & Atelier de Saint-Prex, don inaliénable de la famille Cuendet © Olivier Christinat, Lausanne

L’exposition présente des oeuvres du XVIe au XXIe siècle et met en avant, à travers un parcours thématique, les différentes techniques de la gravure : bois gravé (Albrecht Dürer), burin (Lucas de Leyden), pointe sèche (Pierre Tal Coat), manière noire ou mezzotint (Jacques-Fabien Gautier-Dagoty), eau-forte (Le Lorrain), vernis mou (Gérard de Palézieu), aquatinte (Francisco Goya), lithographie (Odilon Redon), cliché-verre (Camille Jean-Baptiste Corot).

Albrecht DÜRER, La Mélancolie, ou Melencolia I, 1514. Burin sur papier vergé. Vevey, Musée Jenisch Vevey – Cabinet national des estampes, Fondation William Cuendet & Atelier de Saint-Prex, don inaliénable de la famille Cuendet © Olivier Christinat, Lausanne

« Chaque technique est un langage différent », commente Florian Rodari (conservateur de la Fondation William Cuendet & Atelier de Saint-Prex), commissaire de l’exposition. On peut ainsi comparer les oeuvres au burin de Dürer versus les eaux fortes de Rembrandt.

Robert NANTEUIL, Louis, dauphin de France, 1677. Burin sur papier vergé. Vevey, Musée Jenisch Vevey — Cabinet national des estampes, Fondation William Cuendet & Atelier de Saint-Prex, Collection P © Olivier Christinat, Lausanne

Si l’imprimerie a permis la diffusion des textes, la gravure a initié la multiplication des images. Au point de servir de propagande comme en témoignent les portraits royaux, typiques du style classique français. Les oeuvres de Robert Nanteuil, Claude Mellan, Jean Morin, Claude Gelée dit Le Lorrain, se caractérisent toutes par l’équilibre de la composition et la noblesse des visages portraiturés.

Giovanni Battista PIRANESI, Le Pont-Levis, [1749]
planche 7 de Carceri d’invenzione (Prisons imaginaires), 1761. Eau-forte sur papier vergé. Vevey, Musée Jenisch — Cabinet cantonal des estampes, Fondation William Cuendet & Atelier de Saint-Prex

La section suivante évoque la mode du védutisme ou restitution par l’image gravée des monuments historiques découverts par les premiers touristes fortunés, qui rapportaient chez eux des vues stylisées, aux données topographiques parfois erronées, de Venise (Canaletto) ou de Rome (Piranèse).

Le parcours enchaîne sur des représentations de paysages, d’époques variées. On y admire autant La Masure de Camille Pissaro (1879), que La Strada bianca de Giorgio Morandi (1933), ou encore une vue de Berlin de Nicolas Poignon (1999).

Pierre BONNARD, La Petite Blanchisseuse, 1896. Lithographie au lavis et au crayon sur papier de Chine. Vevey, Musée Jenisch Vevey – Cabinet national des estampes, Fondation William Cuendet & Atelier de Saint-Prex, Collection P © Olivier Christinat, Lausanne

Deux estampes se distinguent par leur gamme chromatique : Intérieur en tentures roses I (1899) d’Édouard Vuillard et La Petite Blanchisseuse (1896) de Pierre Bonnard.

Ces touches de couleurs tranchent avec la force du noir et blanc des Boxeurs de Théodore Géricault (1818), du combattant abattu de Manet dans Guerre civile (1871) ou du cheval ailé Pégase captif de Redon (1888).

Claude MELLAN, La Saint Face, 1649. Burin sur papier vergé. Vevey, Musée Jenisch Vevey – Cabinet national des estampes, Fondation William Cuendet & Atelier de Saint-Prex, donation Isabelle et Jacques Treyvaud
© Olivier Christinat, Lausanne

Image clé du parcours, la Sainte Face (1649) de Claude Mellan, sert de lien avant d’entrer dans le détail des différentes techniques de la gravure. Cette oeuvre offre la prouesse d’avoir été réalisée sans que le graveur n’ait levé son outil, en déroulant une seule ligne à partir du nez.

Edward STEICHEN, The Flatiron, New York, 1905. Planche de « Edward Steichen. The Early Years 1900-1927 » Héliogravue sur papier vergé BFK Rives. Vevey, Musée Jenisch Vevey – Cabinet national des estampes, Fondation William Cuendet & Atelier de Saint-Prex
© Olivier Christinat, 2016

La dernière partie rappelle que l’héliogravure à grain est l’ancêtre de la photographie. Les images d’Edward Steichen (The Flatiron, New York, 1905), de Charles Nègre (Cathédrale de Chartres, 1856-57), et de Jon Goodman (Lone Tree, North Canyon, 1991) figurent parmi les pépites de cette section finale.

Une exposition pointue qui permet de découvrir toutes les nuances des techniques de la gravure, peu connues du grand public.

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