Fendre l’air

Art du bambou au Japon

Jusqu’au 7 avril 2019

Achetez le catalogue de l’exposition: 

Musée du quai Branly – Jacques Chirac, Mezzanine Est, Paris 7e

Le Musée du quai Branly – Jacques Chirac (MQB-JC) présente une exposition originale sur l’art du bambou au Japon. Ces pièces n’ont jusqu’à présent fait l’objet d’aucune exposition en Europe. Et, pour cause, les institutions culturelles européennes n’en avaient acquises aucune !

L’art de la vannerie artisanale en bambou se développe au Japon sous l’effet du rayonnement de la cérémonie du thé (chanoyu), arrivé de Chine aux VIIIe et IXe siècles, et de la décoration florale (ikebana). Les paniers en bambou servaient ainsi à supporter l’arrangement de fleurs ou à transporter les ustensiles nécessaires pour servir le sencha.

Les premiers objets japonais s’inspirent des créations chinoises en bronze ou en porcelaine (karamono). Tel que nous le montre l’introduction du parcours avec deux reconstitutions de pièces de maison traditionnelle japonaise avec tatami, panier, chauffe-eau, bols, etc.

A partir de l’ère meiji (1868-1912), les artistes dépassent les sources d’inspiration chinoise pour inventer leurs propres formes. IIZUKA Rokansai (1890-1958) et HAYAKAWA Shokosai (1815-1897) s’illustrent dans ce domaine qu’ils érigent en art. Ce sont les premiers artistes à signer leurs oeuvres (les oeuvres de la période d’Edo sont anonymes).

Le parcours fait ensuite une aparté pour présenter des objets créés par IIZUKA Rokansai dont les créations expliquent le titre de l’exposition : son art se fait léger, occupe à peine l’espace grâce à sa maîtrise du tissage des fibres de bambou. A la sortie de cette section, un film d’archive explique la technique de la vannerie en bambou.

Avant la dernière section, qui présente les oeuvres du XXIe siècle, un documentaire présente deux visions différentes d’artistes contemporains YONEZAWA Jino et TANABE Chikuunsai. Le premier a coopéré avec une professeur de mathématiques de Harvard pour créer des formes issues de modélisations numériques. Tout en conservant, par la réalisation, la technique ancestrale du bambou. « Je fais de l’art avec l’esprit d’un artisan », explique-t-il. Il considère, en outre, que le travail de préparation du bambou relève de la méditation.

L’après seconde guerre mondiale fait chuter les débouchés des objets créés en bambou « en raison de leur remplacement par du plastique [bouuuu !] et des importations chinoises ainsi que de la perte de la tradition de la cérémonie du thé », explique Stéphane Martin (président du MQB-JC), commissaire de l’exposition.

Les artistes renouvellent leur art en dépassant l’usage fonctionnel originellement associé à ces objets. L’oeuvre devient autonome ; le panier devient sculpture.

La dernière partie présente les dernières créations aériennes, dont certaines sont classées Trésor National. D’autres ont été commandées par le MQB-JC pour rejoindre ses collections à l’issue de l’exposition.

Parmi toutes les expositions consacrées au Japonisme cet hiver à Paris, celle-ci est ma préférée ! Les paniers pour ikebana Rizière carrée (vers 1935), Longévité (vers 1940) ou la corbeille à fruits – toutes trois de IIZUKA Rokansai – sans oublier les nouvelles créations de SUGUIURA Noriyoshi (Averse, 2014) ou de TANABE et YONEZAWA, incarnent indéniablement l’expression « fendre l’air ». Enfin, ne manquez le film à la fin de l’exposition faisant dialoguer Stéphane Martin, Jean de Loisy (président du Palais de Tokyo), ou encore Constance Guisset (designer) sur leur vision de la différence entre l’artisanat et l’art (pour résumé, il n’y en a plus !). L’ensemble est captivant !

 

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