Artistes géorgiens dans le Paris des années 1920

Vera Pagava, Nature morte au canard, 1952. Huile sur toile (c) Fonds Vera PagavaParis-Montparnasse-Tbilisi. Hélène Akhvlédiani et Véra Pagava, leurs années parisiennes

Jusqu’au 12 octobre 2008

Musée du Montparnasse, 21, avenue du Maine 75015, 01 42 22 91 96, 5€

Alors que la Géorgie fait les frais d’une actualité houleuse menaçant l’indépendance de son territoire, l’Ambassade de Géorgie en France organise une manifestation culturelle pour célébrer le 90e anniversaire de la République de Géorgie, proclamée le 26 mai 1918. Dans le cadre de cette initiative, le musée du Montparnasse présente une sélection d’artistes géorgiens, qui ont participé aux ateliers de Montparnasse à Paris dans les années 1920. De retour dans leur pays, ces artistes reçoivent le titre de Groupe Parisien.


L’exposition du Montparnasse met à l’honneur deux artistes femmes, Hélène Akhvlédiani et Véra Pagava. En contrepoint figurent quelques oeuvres de leurs compatriotes masculins, tel Ilya Zdanevitch (dit Iliazd), surnommé « l’empereur de la typographie », pour ses ouvrages réalisés avec Picasso, Braque, et Ribemont-Dessaigne.

Le Paris des années 1920 constitue un creuset de la création, où la liberté de parole et d’action attirent la jeunesse émancipée des rives du Missippi à celles de l’Oural.

Hélène Akhvlédiani (1901-75) et Véra Pagava (1907-88) émigrent de Tbilissi, respectivement en 1922 et 1923. La première retournera dans son pays au bout de cinq ans, tandis que la seconde adoptera définitivement la France.

Artiste précoce, Hélène expose dès l’âge de 18 ans auprès des avant-gardistes russes Lado Goudiachvili (1896-1980) et David Kakabadzé (1889-1952), venus goûter à Tbilissi la douceur de la capitale géorgienne. Après avoir suivi l’Ecole des Beaux-Arts de Tbilissi, Hélène rejoint ses deux amis russes à Paris, grâce à une bourse délivrée par la jeune République de Géorgie pour parfaire sa formation artistique.

Hélène Akhvlédiani, Paris, 1926. Huile sur toile (c) D.R.H.  Akhvlédiani compose des paysages à la manière de Pissaro, ce qui lui vaut l’intérêt de Paul Signac, qui lui achète une toile. Elle exposera régulièrement au Salon d’Automne et au Salon des Indépendants.

En 1927, l’artiste rejoint son pays natal. Mais le durcissement du régime politique la contraint à se limiter à la réalisation de décors de théâtre. Néanmoins, sa maison devient un lien d’échange culturel, par lequel transite nombre d’artistes russes préférant tester les vins de la région plutôt que de se voir assignés en résidence en Sibérie…

Vera Pagava, Rue de Rivoli, 1953. Huile sur toile (c) Fonds Vera PagavaVéra Pagava, émigre en France avec sa famille à l’âge de seize ans. Elle entreprend des études artistiques avant de se faire remarquer par l’avant-gardiste Jeanne Bucher, qui lui offre pas moins de partager les murs de sa galerie avec Dora Maar (1944). Cette première exposition rencontre un tel succès qu’elle amorce une collaboration entre les deux femmes jusqu’aux années 1960. En 1966, Véra représente la France à la Biennale de Venise. Sa renommée dépasse les frontières de l’Hexagone et l’artiste est conviée à exposer aux Etats-Unis et dans toute l’Europe.

Vera Pagava, Vesperal, 1978. Huile sur toile (c) Fonds Vera PagavaD’ordre figuratif à ses débuts, l’art de Véra Pagava évolue vers l’abstraction, perçue « comme la recherche absolue de la transpositon picturale de la lumière ». Ses natures mortes aux poissons ou au melon se muent en formes géométriques légèrement colorées, qui transposent une lumière transcendantale.

Une découverte émotionnelle, dans une maison-musée qui a su garder son esprit de la Belle Epoque.

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