Culture: la nouvelle folie du 20e!

Marcel GROMAIRE, Le faucheur, 1924 - (c) Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris/Roger-ViolletMarcel Gromaire (1892-1971)

Jusqu’au 21 juillet 2007 – Journée spéciale découverte le samedi 30 juin 2007 de 14h30 à 19h30

Pavillon Carré de Baudouin, 121 rue de Ménilmontant 75020, 01 43 15 21 88, Entrée libre

Le pavillon Carré de Baudouin, dans le 20e arrondissement de Paris, superbement rénové, ouvre ses portes au public avec une exposition inaugurale sur le peintre humaniste Marcel Gromaire, organisée par le musée d’Art Moderne de la Ville de Paris.

Le Pavillon Carré de Baudouin, façade extérieure, vue du jardin lors de l'inauguration le 21 juin 2007 - (c) Mairie du 20e/Massimilano MarraffaNicolas Carré de Baudouin était l’un des premiers propriétaires (1770) de cet ancien lieu de villégiature du XVIIIe siècle, dédié aux fêtes et aux plaisirs – d’où son surnom de « folie ». A sa demande, Pierre-Louis Moreau, maître des bâtiments de la Ville de Paris, ajoute au pavillon une façade de péristyle de quatre colonnes ioniques, inspirée de l’architecture italienne.

Au cours du XVIIIe siècle, plusieurs personnages célèbres se partagent l’usufruit de la propriété. Madame de Noireterre, qui dirige un pensionnat de jeunes filles; les frères Jules et Edmond de Goncourt, qui évoquent « le lieu enchanteur » de leurs souvenirs d’enfance. Car, le pavillon Carré de Baudouin, aussi appelé château de Ménilmontant, dispose des avantages d’une belle maison à la campagne tout en ayant le privilège d’une vue imprenable sur Paris (aujourd’hui toujours visible depuis le haut de la rue de Ménilmontant).

Entre 1836 et 1852, les soeurs de la charité Saint-Vincent de Paul y fondent l’asile des Petits-orphelins. Un bâtiment de trois étages avec une chappelle au centre est construit à côté du pavillon.
En 1992, les religieuses qui ont transformé le lieu en centre médico-social, puis en un foyer pour jeunes travailleurs en difficulté, décident de le vendre. A l’initiative de la mairie du 20e, le pavillon – ayant besoin d’un grand nettoyage (cf. la projection de l’auditorium qui montre l’état avant rénovation) est racheté par la Ville de Paris (2003).

Le Pavillon Carré de Baudouin, la plus grande salle d'exposition au premier étage - (c) Mairie du 20e/Massimilano MarraffaL’objectif est de faire de cet espace public un endroit familial avec un jardin de 1.800m2 comprenant une aire de jeux pour enfants. Et spécifiquement culturel – le seul du genre dans le quartier. Après deux ans de travaux, la façade palladienne a retrouvé de sa superbe et l’intérieur, lumineux et spacieux (357m2), peut dignement accueillir sa première exposition.

« Le compromis était de réaliser un endroit suffisamment neutre pour ne pas introduire de subjectivité à l’encontre des oeuvres exposées et suffisamment présent pour habiter le lieu », commente le jeune architecte Antoine Mortemard. D’où le choix de monochromes blancs et de lumières modulables.

Marcel GROMAIRE, Nu couché sur fond ocre - (c) Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris/Roger-ViolletL’exposition comprend une quarantaine d’oeuvres de Marcel Gromaire, sélectionnées parmi les 149 de la collection du musée d’Art Moderne de la Ville de Paris. Un fonds riche grâce au legs (1953) de Maurice Girardin – marchand d’art (galerie La Licorne) et grand collectionneur parisien. L’ensemble comprend vingt-six toiles et quinze dessins, datés de la première exposition de Gromaire en 1921 et celle de 1933, lorsque, âgé seulement de 41 ans, l’artiste fait l’objet d’une rétrospective à la Kunsthalle de Bâle.

M. Girardin accorde sa confiance à Gromaire dès 1920, ce qui assure à l’artiste reconnaissance professionnelle et sérénité d’esprit, comme en témoignent la publication de ses premières monographies et l’organisation de nombreuses expositions. La célébration de son mariage et la naissance de son fils sont une autre source de joie.

Marcel GROMAIRE, Tennis devant la mer - (c) Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris/Roger-ViolletEn découle une production intense, dont la thématique de l’académie de peinture, avec la pose des nus dans l’atelier, présentée au rez-de-chaussée du pavillon. Autres thèmes chers à l’artiste: le monde rural (Le faucheur, Les joueurs de quilles) du Nord de la France – d’où est originaire Grommaire (Noyelles-sur-Sambre, près de Douai) – ; Paris et sa banlieue, avec des scènes modernes de foules anonymes (La rue, Le wagon de métro) ou alternativement des représentations de dimanche au bord de la Marne; les loisirs sportifs (Le canoë, Le tennis); et les détentes populaires (Tir forain).

En 1924, Gromaire s’installe Villa Seurat, une ruelle pavée du 14e arrondissement, dans laquelle (ou non loin) vivent de nombreux artistes, tels Jean Lurçat, Dali, Soutine. Il réalise de grandes oeuvres, comme Les buveurs de bière, La toilette (exposées au Salon d’Automne de 1924) et La guerre (1925). En 1930, Grommaire expose à New York.

L’artiste est également l’auteur de la tapisserie La terre (1838-1943) commandée par la Manufacture des Gobelins et il entreprend la rénovaton de la tapisserie d’Aubusson (1939).

Marcel Gromaire affirmait n’avoir « jamais passé un seul jour sans dessiner ». Une rigueur exemplaire qui se retrouve dans son art, marqué par l’expressionnisme flamand. Et qui lui vaut de recevoir le Prix National des Arts (1958), remis par un autre homme exceptionnel, André Malraux.

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