« Aujourd’hui, je n’aime plus les voyages »…

Zao Wou-Ki, Carnets de voyage, 1948-52, Ed. Albin Michel, 2006Zao Wou-Ki. Carnets de voyage, 1948-1952
Ed. Albin Michel, 150p., 120 inédits

… Ainsi commence l’avant-propos de Zao Wou-ki à ses Carnets de voyages (1948-52)!

Peintre d’origine chinoise (né à Pékin en 1920), Zao Kou-wi est venu se « dorer », comme on disait en Chine à l’époque, à Paris pour apprendre la technique de la peinture occidentale.

Arrivé à Paris en 1948, après l’obtention d’un visa – deux ans d’attente -, 36 jours passés sur un paquebot en partance de Shanghai, et une nuit de train pour relier Marseille à la capitale. A peine les valises posées à l’Hôtel des Ecoles, rue Delambre (14è), Zao Wou-Ki et sa première épouse Lan-Lan foncent au Louvre. « Je voulais tout voir, tout connaître ».

Zao prend alors l’habitude de se promener avec un carnet dans la poche, pour croquer tout ce qu’il voit, « assis sur un banc, dans un jardin, à la terrasse d’un café, devant une fenêtre, dans mon atelier ».

Puis vient le temps des voyages: la France et ses montagnes savoyardes, qui n’ont pas la même présence que leurs consoeurs chinoises; l’Italie (Rome, Florence, Venise, Naples, Sienne, Arezzo, Pérouse), l’Espagne (Barcelone, Tolède, Cordoue), les deux Amériques.

En Suisse, Zao découvre Paul Klee. C’est la révélation. « Je restais des heures à observer ces rectangles de couleur ponctués de traits et de signes, ébahi par tant de liberté dans la manière de dessiner et par la poésie légère et chantante qui se dégageait de ces petits tableaux tout à coup devenus immenses par l’espace qu’ils savaient créer ».

Zao commence à peindre autrement. Il suggère des « arbres dépouillés de leurs feuilles et réduits à des arêtes ou à des traits, des fleurs qui se tordent comme sous l’emprise d’un sortilège. Et encore: des filaments, des mèches, des étoiles vagues qui flottent entre deux eaux, des montagnes coniques, dont ne restent que les pentes et des troncs de sapins fichés comme des épingles, des ombres calcinées, des églises aux murs blanchis par la pluie ». Ainsi sont décrites les aquarelles du maître chinois par Dominique de Villepin (et oui, lui!), avec une finesse d’observation percutante.

Rejet et assimilation des cultures. Zao Wou-Ki utilise le voyage pour se former, vient au signe par le biais de Paul Klee, qui s’est lui-même inspiré de la calligraphie chinoise. Mais pour mieux s’en détacher et trouver son propre langage.

Un très bel ouvrage, qui nous ferait presque regretter que son auteur, bien que vieillissant, préfère aujourd’hui travailler dans son atelier parisien!

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