Walter Sickert

Peindre et transgresser

Jusqu’au 29 janvier 2023

Petit Palais, avenue Winston Churchill, Paris 8e

Le Petit Palais présente l’oeuvre de l’artiste anglais Walter Sickert (1860-1942), peu présent dans les collections françaises, et donc peu connu de ce côté-ci de la Manche. Il fut pourtant un grand ami de Degas et influença chez lui Lucian Freund ou Francis Bacon.

Walter Richard Sickert, Little Dot Hetherington at the Old Bedford Hall, c. 1888-1889. Huile sur toile, collection particulière Photo © James Mann / Collection particulière

Walter Sickert naît à Munich d’un père artiste d’origine danoise et d’une mère anglo-irlandaise élevée à Dieppe. Il grandit en Angleterre. Il fait ses premiers pas en tant qu’acteur puis se tourne vers la peinture et la gravure. Il est également enseignant et critique d’art. Autant de métiers qu’il pratique en passant de l’un à l’autre aisément et dont la personnalité complexe, savamment mystérieuse, se retrouve dans son art.

Walter Richard Sickert, Brighton Pierrots, 1915. Huile sur toile, Londres, Tate © 2022 Tate Images

Le parcours de l’exposition débute par ses portraits peu conventionnels au regard des dogmes enseignés dans les écoles d’art. Walter Sickert représente des music-halls – alors jugés non dignes d’être peints alors que ce sujet est déjà bien présent en France – puis des nus érotisés dans les chambres sombres des quartiers populaires – scènes guère plus acclamées ! Ses cadrages décalés perturbent, tout comme ses couleurs empreintes d’une atmosphère énigmatique par leur effet flouté.

Walter Richard Sickert, The Cigarette (Jeanne Daurmont), 1906. Huile sur toile, Metropolitan Museum of Art. Photo © The Metropolitan Museum of Art, Dist. RMN-Grand Palais / Image of the MMA

À partir de 1890, le peintre visite souvent Paris, présente ses oeuvres au Salon d’Automne et à celui des indépendants. Ses marchands parisiens ne sont autres que les fameux Durand-Ruel et Bernheim-Jeune.

Walter Richard Sickert, Bathers, Dieppe, 1902. Huile sur toile, Liverpool, Walker Art Gallery, National Museums Liverpool © National Museums Liverpool / Bridgeman Images

Sickert visite souvent Dieppe, où il s’installe entre 1898 et 1905. Il y fréquente Edgar Degas, Jacques-Émile Blanche, Camille Pissarro, Pierre Bonnard, Claude Monet.

Walter Richard Sickert, St Mark’s, Venice (Pax Tibi Marce Evangelista Meus), 1896. Huile sur toile, Londres, Tate © 2022 Tate Images

Rentré à Londres en 1905, il tombe dans l’oubli du public français mais il gagne en renommée chez ses compatriotes. L’artiste diffuse ce qu’il appris sur la peinture française dans ses écrits critiques et dans ses cours académiques.

Provocateur, Sickert défraie encore la chronique avec sa série des modern conversation pieces, qui détournent des scènes de genre typiques de la peinture anglaise du 18e siècle, en tableaux étranges et dérangeants, comme Le meurtre de Camden Town (vers 1908-1909) où l’on voit un homme tête baissé, assis sur un lit, une masse étrange rouge entre les jambes, et derrière lui un corps féminin nu, la tête tournée vers le mur.

Dans l’entre-deux-guerre, toujours à la recherche de nouveaux procédés picturaux, l’artiste innove en détournant des images tirées de la presse. Processus qui se développera largement à partir des années 1950 et sera popularisé par Andy Warhol et Gerhard Richter.

Une oeuvre caméléon, aux compositions sophistiquées, ambigües qui reflètent la complexité de l’existence et des relations humaines. Surprenant !

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