L’Inde vue par les artistes indiens et français

Paris-Delhi-Bombay

Jusqu’au 19 septembre 2011

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Centre Pompidou
, niveau 6, galerie 1, 75004

Exposition d’envergure, « Paris-Delhi-Bombay » présentée au Centre Pompidou, entend autant montrer où en est l’Inde aujourd’hui que tisser des liens durables entre les cultures indiennes et françaises. Tour d’horizon.


Cinquante artistes ont contribué à ce projet plastique et culturel et deux-tiers d’entre eux ont réalisé une oeuvre spécifique pour l’exposition.

Dès les escalators, le visiteur est mis dans l’ambiance au son de Sacred Chants of the Gyuto Monks Tantric Choir (2011). Multiphonique, le chant Gyuto donne à entendre simultanément deux ou trois voix en une. Seuls deux monastères au Tibet, Gyuto et Gyume, ont développé cette technique vocale. Ils la pratiquent encore aujourd’hui, en exil en Inde du Nord. Ces chants millénaires permettent de découvrir la philosophie qui les accompagnent, aujourd’hui menacée sur sa terre natale.

Le visiteur est ensuite accueilli par l’oeuvre d’ORLAN sur les cimaises extérieures. Draps-peaux hybridés mêlent les drapeaux français et indiens, réalisés en sequins, à l’image des panneaux publicitaires indiens.

A l’entrée de l’exposition, un mur recouvert de déchets informatiques dont les pays occidentaux se débarrasseraient illégalement en Inde. L’autre face du mur est induite par du savon parfumé à l’huile essentielle de bois de santal, odeur caractéristique de l’Inde. A travers ce contraste industrie/nature, l’artiste Krishnaraj Chonat aborde la question environnementale alors que l’Inde connaît un essor économique sans précédent.

Cette allée mène à une rotonde où repose une tête monumentale réalisée par Ravinder Reddy, en hommage à la femme indienne ordinaire, chignon rond sur la tête et vêtue d’un sari multicolore. Entre artisanat et pop art, cette sculpture évoque la thématique du rôle des traditions dans la société indienne.
La rotonde aborde les six thèmes qui sont développés dans l’exposition: urbanisme et environnement, politique, religion, foyer (éducation, nutrition), identité et artisanat.

Parmi les oeuvres qui m’ont marquées, citons Riyas Komu et ses sculptures en bois de jambes de footballeur pour explorer le sport à l’aune de la religion.

Dans Think Left, Think Right, Think Low, Think Tight (2010), Hema Upadhyay s’intéresse à Dharavi, le plus grand bidonville d’Asie situé à Bombay,où affluent des migrants en quête d’une vie meilleure. L’oeuvre, installée dans un couloir, reproduit ce bidonville à la verticale à partir de matériaux récupérés (morceaux de tôle, tuyaux…). Elle rend hommage aux habitants qui ont su créer, malgré des conditions de vie difficiles, une véritable ville dans la ville, génératrice d’une impressionnante économie parallèle.

Camille Henrot et son Songe de Poliphile, explore à travers la représentation du serpent, les images communes aux cultures françaises et indiennes, ainsi que la peur que cet animal engendre alors que son venin peut être curatif.

Alain Declercq matérialise la violence entre le Pakistan et l’Inde – séquelles de la Partition indienne en 1947 – par un mur troué d’impacts de balles (Borders / Pakistan, 2010).

Sunil Gawde présente Virtually Untouchable (2007): des guirlandes de fleurs rouges, traditionnellement offertes en guise de respect, mais ici réalisées à partir de lames de rasoir peintes carmina. L’effet est saisissant et évoque la succession d’assassinats de personnalités politiques depuis Mahatma Gandhi en 1948.

Nalini Malani évoque, quant à elle, le combat des femmes contre leurs droits bafoués, à travers un système de vidéo/théâtre d’ombres dans lesquel des projections traversent des cylindres rotatifs, transparents et peints au revers. L’atmosphère menaçante de cette fresque animée évoque les conflits religieux et politiques que subit la population indienne et dont les femmes sont les premières cibles, subissant sévices et viols.

« En France, comme ailleurs en Europe ou aux États-Unis, il est difficile d’expliquer pourquoi de Rosselini à Louis Malle, de Moravia à Duras, de Rauschenberg à Stella, l’Inde a pu tant fasciner pour disparaître aussi rapidement de l’univers des créateurs des générations suivantes. Ainsi la quasi-totalité des artistes français sollicités pour participer à l’exposition n’avaient jamais été en Inde auparavant. Leur regard neuf, leur choix délibéré de se rendre ou non dans le pays pour penser leur oeuvre, ont fait émerger des productions inattendues, depuis l’empathie affirmée pour l’exotisme jusqu’à l’approche distanciée, en autant de propositions qui commentent, mais à rebours, l’écart entre ici et là-bas, à l’heure de la mondialisation », expliquent Sophie Duplaix et Fabrice Bousteau, commissaires de l’exposition.

Résultat: enfin de l’art contemporain qui parvient à entrechoquer nos esprits blasés d’Occidentaux! A découvrir absolument.

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