La Lune

Du voyage réel aux voyages imaginaires


Abraham Janssens (Anvers, 1575 – Anvers, 1632), L’Inconstance, vers 1617.
Huile sur toile. Copenhague, Statens Museum of Kunst © SMK Photo / Jakob Skou-Hansen

Jusqu’au 22 juillet 2019

Galeries nationales du Grand Palais, entrée square Jean Perrin, Paris 8e

Pour célébrer les cinquante ans des premiers pas de l’homme sur la Lune, le Grand Palais propose une exposition sur les créations artistiques inspirées par cet astre fascinant – pourtant stérile et désert ! – de l’Antiquité à nos jours.

Le parcours débute par un retour sur la médiatisation des premiers pas de l’homme sur la lune en juillet 1969. Pour rendre compte de cet événement alors exceptionnel car il place l’homme hors de son environnement naturel, les commissaires Alexia Fabre (conservatrice en chef du Mac Val) et Philippe Malgouyres (conservateur en chef, Département des objets d’art du musée du Louvre) ont choisi des pièces intimes – rasoir, crème à raser, casque fixé sur la combinaison spatiale, gant d’entraînement, montre, hachis de boeuf déshydraté et compressé, etc. – afin de mettre en avant le côté humain de cette aventure extraordinaire.

Suivent les photographies et les Unes des journaux qui relatent l’aventure, retransmise publiquement et en direct par l’ORTF (Office de radiodiffusion française), des trois héros, dont l’histoire n’a retenu qu’un nom : Neil Armstrong (1930-2012). Il était pourtant accompagné de Buzz Aldrin (né en 1930) et de Michael Collins (né en 1930).

Le visiteur est invité à marcher sur la reconstitution de la surface lunaire, dans le pas de … – là encore erreur de la mémoire collective – Buzz Aldrin (et non de N. Armstrong).

Des oeuvres réalisées par des femmes rappellent que la gente féminine a été écartée des exploits humains, malgré la présence de Valentina Terechkova (1963) parmi les premiers cosmonautes. « Aucune femme ne figure parmi les douze astronautes ayant posé sur la Lune », remarque Alexia Fabre. « Les vols spatiaux habités sont depuis l’origine essentiellement une histoire d’homme ».

Sylvie Fleury (Genève, née en 1961) crée une fusée rose pimpante (First Spaceship On Venus, 2018) pour s’approprier la conquête spatiale.

De son côté, Yinka Shonibare (Londres, né en 1962) met en avant le fait que la conquête de la Lune est une affaire de Blancs. Il reconstitue les membres d’une famille en cire, vêtus de scaphandres en tissu imprimé avec des motifs africains et intitule son oeuvre Vacation (2000). Ou comment faire passer un message avec de l’humour so british !

C’est Thomas Harriot (1560-1621) qui est le premier à dessiner la Lune en 1609. A partir de Galilée, des instruments de plus en plus précis permettent d’explorer la surface de la lune, qui devient alors un sujet continuellement observé. Jean-Dominique Cassini (1625-1712) réalise la carte la plus précise de la planète jusqu’à l’apparition de la photographie.


Kader Attia, Big Bang, 2005. Sphère suspendue en bois, métal, résine, miroirs. Paris, Musée d’art et d’histoire du Judaïsme. Photo © mahJ / Christophe Fouin © Adagp, Paris 2019

La section suivante évoque les trois versions sentimentales que l’on prête à la Lune : protection (Marc Chagall, Les Amoureux, 1929), changeante (lustre en métal Big Bang de Kader Attia, 2005, tournant sur lui-même pour illustrer à la manière des lampes d’enfant ses différentes faces), et inquiétante (Lune noire, source de fantasmes et de peurs comme dans Les Ondines, 1846, d’Auguste Ernest Gendron : selon le folklore germanique, les âmes des jeunes filles mortes avant leur mariage sont condamnées à errer au clair de lune, attirant dans la mort leurs prétendants).

Depuis l’Antiquité et dans diverses religions, la Lune s’incarne sous une forme masculine (Thot, Nefertoum, Sîn, Chandra) ou féminine (Artémis, Diane, Séléné, Hécate, Immaculée Conception).


Edouard Manet , Clair de lune sur le port de Boulogne, 1869. Huile sur toile. Paris, musée d’Orsay. Photo © RMN-Grand Palais (musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski

La dernière partie de l’exposition évoque les poèmes, peintures et sculptures inspirés de la Lune (Jean-François Millet, Le parc à moutons, clair de lune, vers 1872 ; Edouard Manet, Clair de lune sur le port de Boulogne, 1869) ; Mikhail F. Larionov, Paysage au clair de lune, 1911 ; Antonio Canova, Endymion endormi, 1819).

Le parcours mêle habilement oeuvres artistiques, documentaires et commentaires scientifiques (grâce aux médiateurs de l’unité d’astronomie du Palais de la Découverte, associé à l’exposition) ; oeuvres classiques et installations contemporaines. Une sélection pertinente, diversifiée, internationale. A voir !

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