John Singer Sargent

Éblouir Paris

Jusqu’au 11 janvier 2026

#ExpoSargent @museeorsay

Musée d’Orsay, Paris 7e

Artiste anglophone renommé de la Belle Époque, John Singer Sargent (1856-1925) se fait connaître pour ses portraits de l’intelligentsia parisienne jusqu’au scandale de celui de Madame X, qui le conduira à se réfugier à Londres. Le parcours réunit les chefs-d’oeuvres de son audacieuse carrière.

Né à Florence de parents américains, John Singer Sargent (J.S.S.) vit essentiellement à Londres, hormis une dizaine d’années passées à Paris, entre ses études à l’atelier de Carolus-Duran et son exposition au Salon du portrait de Virginie Gautreau dit Madame X (1883-84), qu’il jugera – en dépit du scandale – comme « la meilleure chose qu’il ait faite ».

Virtuose du piano, quadrilingue, passionné par le dessin et l’aquarelle, J.S.S. est un enfant précoce, marqué par une existence nomade. Plus grand, il réalise de nombreux séjours en Méditerranée (Espagne, Italie, Maroc). Il se rendra aux États-Unis à l’âge de 20 ans, y retournera régulièrement, mais n’y résidera jamais.

John Singer Sargent (1856-1925), Dans le jardin du Luxembourg, 1879. Huile sur toile © The Philadelphia Museum of Art

Entre 1877 et 1885, l’artiste expose tous les ans au Salon de Paris, souvent un portrait et une peinture de voyage. Ses portraits se distinguent par leur virtuosité et leur étrangeté, tant dans le cadrage que dans les contrastes de lumière. Comme Dans le jardin du Luxembourg (1879), à l’heure bleue, avec un soleil rayonnant bien que déclinant, et un couple au premier plan, légèrement excentré sur la gauche.

John Singer Sargent (1856-1925), Un portrait, dit aussi Le Docteur Pozzi dans son intérieur, 1881. Huile sur toile. Photo © courtesy of the Hammer Museum

Le portrait du Docteur Pozzi chez lui (1881) surprend également par le choix d’un portrait masculin en pied, habillé en robe de chambre, d’un rouge éclatant.

John Singer Sargent (1856-1925), Tempête sur l’Atlantique, 1876. Huile sur toile. Photo © Minneapolis Institute of Art

Ses scènes de paysage n’en sont pas moins audacieuses avec Tempête sur l’Atlantique (1876), où le peintre choisit un point de vue en hauteur sur le ponton pour représenter l’énormité des vagues ; le spectateur se sentirait prêt à glisser et à basculer dans l’eau !

John Singer Sargent (1856-1925) La Carmencita, Vers 1890
Huile sur toile. Photo © musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt

Après le choc du portrait de Madame X, dont la bretelle de la robe tombée sera ultérieurement corrigée par le peintre, J.S.S. présente au Salon de 1892 le portrait de la danseuse andalouse Carmencita, dont le jaune de la robe est éclatant, le port de tête fier, et la quantité de maquillage aussi importante que dans celui de V. Gaudreau. Néanmoins, l’État français reconnaît l’importance de cette peinture et le musée du Luxembourg achète l’oeuvre, faisant entrer l’artiste au panthéon des artistes vivants, à l’âge de 36 ans.

John Singer Sargent (1856-1925), Répétition de l’orchestre Pasdeloup au Cirque d’Hiver, 1879-1880. Huile sur toile. Photo © 2025 Museum of Fine Arts, Boston

Malgré le grand nombre de portraits, l’exposition ne lasse pas tant John Singer Sargent éblouit par sa dextérité, ses compositions originales, et ses jeux de lumière. À mes yeux, une oeuvre condense sa virtuosité : Répétition de l’orchestre Pasdeloup au Cirque d’Hiver (vers 1879-80). Les touches de noir et blanc traduisent le rythme staccato donné par le chef d’orchestre, et la vue en plongée dénote un certain vertige tel que pourrait le ressentir l’auditeur à l’écoute de l’interprétation (supposée) de la Damnation de Faust (Berlioz).

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