Les grands maîtres naifs

Du Douanier Rousseau à Séraphine

Jusqu’au 19 janvier 2020

Musée Maillol, 61 rue de Grenelle, Paris 7e

Si l’on connaît le Douanier Rousseau, Camille Bombois et Séraphine Louis, d’autres artistes comme André Bauchant, Dominique Peyronnet, Ferdinand Desnos, Jean Eve, Louis Vivin ou encore René Rimbert nous sont révélés au musée Maillol.

Camille Bombois, Fillette à la poupée, 1925
Huile sur toile. Collection particulière
Photo : © Jean-Louis Losi © Adagp, Paris, 2019

Ces oeuvres de l’entre-deux-guerres, aux couleurs éclatantes et à l’absence de perspective, sont réunies pour la première fois à Paris, grâce au fonds du collectionneur et critique d’art Wilhelm Uhde (1874-1947).

Dans le milieu artistique, les « Naïfs » ou « Primitifs modernes » sont soutenus par André Breton, dont l’imagination est stimulée par le Rêve du Douanier Rousseau, Pablo Picasso, Vassily Kandinsky, Le Corbusier, Jeanne Bucher et Dina Vierny.

Cette dernière, modèle de Maillol et de Matisse, découvre la peinture d’André Bauchant chez Jeanne Bucher. Celle-ci l’encourage à ouvrir sa propre galerie en 1947, qui deviendra plus tard la Fondation Dina Vierny – Musée Maillol (1995). Après la guerre, elle rencontre Anne-Marie Uhde, qui lui cède la collection de son défunt frère Wilhelm.

Wilhelm avait organisé deux expositions majeures « Les Peintres du Coeur-Sacré » (1928) et « Les Primitifs modernes » (1932), réunissant des peintres qui ne se connaissaient pas. Mais dont le trait commun essentiel, précise la co-commissaire de l’exposition Jeanne-Bathilde Lacourt, « est d’être autodidacte et d’avoir évolué à l’écart des avant-gardes et des académismes de l’époque ».

Après quelques mois de rénovation, le musée Maillol rouvre ses portes en rendant hommage à ces artistes comme à ceux qui les ont défendus.

René Rimbert , Le Douanier Rousseau montant vers la gloire et entrant dans la postérité, 1926
Huile sur toile. Collection Pierre et Margaret Guénégan
© Droits réservés

Le parcours s’ouvre sur une oeuvre de René Rimbert, Le Douanier Rousseau montant vers la gloire et entrant dans la postérité (1926) illustrant le rôle central du peintre dans cette exposition. Dans le tableau, on le voit monter au ciel où l’attendent dans un nuage Delacroix, Courbet, Cézanne, et Renoir.

Ferdinand Desnos, Portrait de Paul Léautaud et ses chats, 1953
Huile sur toile. Collection particulière
© Adagp, Paris, 2019

L’exposition devient ensuite thématique. Viennent d’abord les portraits-paysages, genre inventé par le Douanier Rousseau et repris par Ferdinand Desnos (Portrait de Paul Léautaud et ses chats).

Les nature-mortes suivent, avec d’un côté des tables recouvertes de fruits ou des fruits de mer dont le homard représenté par C. Bombois, à la même période que Dali s’empare du motif. Des bouquets de fleurs parent la cimaise d’en face.

Camille Bombois, La Grosse Fermière sur son échelle, 1935
Huile sur toile. Courtesy galerie Dina Vierny, Paris
© Adagp, Paris, 2019

Viennent les marines, souvent exemptes de présence humaine chez Dominique Peyronnet. Les baigneuses de Camille Bombois annoncent la représentation des entre-jambes de son épouse en gros plan. La chair blanche contraste avec les teintes noirs des robes/bas/rideaux. Il est le seul des artistes présentés, avec Séraphine Louis, à utiliser les noirs profonds.

Les jungles exotiques et imaginaires du Douanier Rousseau avec des faunes et flores qui ne cohabitent pas dans la réalité inspirent André Bauchont. Ce dernier peint des plantes sauvages ou cultivées qui ne fleurissent pas à la même période.

Séraphine Louis, Feuilles diaprées sur fond bleu, 1929
Huile sur toile. Collection particulière

Une section est consacrée aux représentations florales de Séraphine. Si les teintes sont vives et évoquent les couleurs des vitraux de la cathédrale de Senlis (Feuilles diaprées sur fond bleu, 1929), l’inversion du ciel et de la terre (Pommes aux feuilles, 1929/30) fait office de vision apocalyptique. L’artiste disait s’être mise à peindre à la demande de la Vierge et se préparait à la fin du monde.

André Bauchant, Portrait d’André Bauchant par lui-même, 1938
Huile sur toile Courtesy Suzanne Zander, Bönningheim
Photo : © Alistair Overbruck, Cologne © Adagp, Paris, 2019

L’exposition se clôt sur la représentation d’André Bouchant par lui-même. Il est positionné entre un énorme massif de fleurs et un jardin qui mène à sa ville natale, Château-Renault. Cette oeuvre finale lui rend hommage alors que ses oeuvres avaient inauguré l’ouverture du musée Maillol – Fondation Dina Vierny en 1995.

Des tableaux aux couleurs éclatantes, qui cachent derrière leur apparente naïveté des anomalies, des fantaisies, rendant les toiles bien plus percutantes que le surnom donné à ces peintres ne le suggère !

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