Frank Horvat

Paris, le monde, la mode

Jusqu’au 17 septembre 2023

#ExpoHorvat

Jeu de Paume, place de la Concorde, Paris 1er

Première exposition sur le photographe Frank Horvat depuis son décès (octobre 2020), « Paris, le monde, la mode », présentée au Jeu de Paume, dévoile des photographies de reportages à travers le monde, encore inédites.

Frank Horvat. Place de la Concorde, Paris, pour Jardin des Modes, 1958. Tirage argentique moderne

Le parcours se concentre sur les premières années de ce photographe né en 1928 en Italie (Abbazia, aujourd’hui Opatija en Croatie), de parents juifs originaires d’Europe centrale.

En 1939, sa mère se réfugie avec ses deux enfants en Suisse, où Francesco passe son adolescence. C’est à Milan qu’il choisit de devenir photoreporter (1950). Rêvant d’intégrer l’agence Magnum, il rencontre Henri Cartier-Bresson, qui lui propose de s’équiper d’un Leica et de faire un voyage initiatique en Asie.



Frank Horvat, Jeune marié découvrant le visage de sa femme dans un miroir, Lahore, Pakistan, 1952. Tirage argentique moderne

Celui que l’on nomme alors Franco se rend à Lahore (Pakistan) pour saisir les scènes du quartier rouge de Hira Mandi, les fumeurs d’opium et de haschich, les cérémonies de mariage musulmanes. Une de ses photos, représentant un marié découvrant le visage de sa femme dans un miroir, lui vaut de figurer dans l’exposition du siècle : The Family of Man au Museum of Modern Art, New York (1955).

En Inde, Horvat saisit la misère des hommes sous un pont de Calcutta. Il s’intéresse également à la capture des éléphants sauvages. En Jordanie, il fait un reportage sur la fête de la Pâque chez les Samaritains, qui sera publié par Life.


Frank Horvat, La City, Londres, Angleterre, pour Réalités, Femina-Illustration, 1959. Tirage argentique moderne

De retour d’Asie, le photographe se rend quelques mois à Londres, où il capture des images décalées : combat de boxe entre enfants, hommes pressés de La City.


Frank Horvat, Le Sphinx, en coulisse, place Pigalle, Paris, 1956. Tirage argentique moderne

Frank Horvat s’établit en France à partir de 1955. L’influente revue Réalités lui commande un reportage sur le proxénétisme. Il explore nuit et jour les rues de Pigalle et de Saint-Denis, les allées du bois de Boulogne. Il réalise une série sur le cabaret Le Sphinx, où les strip-teaseuses sont les héroïnes du spectacle face à un public voyeuriste.


Frank Horvat, Chapeau Givenchy, Paris, pour Jardin des Modes, 1958. Tirage jet d’encre moderne

F. Horvat finit par intégrer l’agence Magnum en 1960. Il expérimente le paysage urbain avec un nouveau téléobjectif. Et choisit un angle inédit pour les photographies de mode : pas trop de maquillage, des poses naturelles dans un décor d’extérieur. Ses images paraissent dans la revue Jardin des Modes, aux côtés de celles de Helmut Newton et Jeanloup Sieff.

Mais Magnum n’apprécie guère son mélange des genres. Il quitte l’agence pour rejoindre le Vogue anglais puis Harper’s Bazaar (1962), chez qui brillent Richard Avedon et Hiro.


Frank Horvat, Deborah Dixon sur les marches de la piazza di Spagna, haute couture italienne, Rome, Italie, pour Harper’s Bazaar, 1962. Tirage argentique moderne

Le parcours passe en revue ses mannequins fétiches telles Nico, Anna Karina, Judy Dent, Deborah Dixon, Iris Bianchi ou encore China Machado. Malgré son succès, Horvat a du mal à supporter l’atmosphère du milieu, les caprices des et des autres. Le revers de la médaille : vouloir photographier des personnalité excentrique !

Le magazine allemand Revue lui permet de s’échapper de cette atmosphère, en lui commandant un reportage qui le conduit pendant huit mois autour du monde : Le Caire, Tel-Aviv, Calcutta, Sydney, Bangkok, Hong Kong, Tokyo, Los Angeles, New York, Caracas, Rio de Janeiro et Dakar.


Frank Horvat. Couple dansant dans une gafeira (bal populaire), Rio de Janeiro, Brésil, 1963. Tirage argentique moderne

Mais à son retour, la presse de reportage est en crise et Revue ne publie qu’une petite partie de ses tirages. Ils sortent aujourd’hui de leurs boîtes conservées par sa fille Fiammetta.

Cette rétrospective met en avant la singularité de l’oeuvre d’Horvat, la douceur qu’il sait tirer de situations pas toujours roses. Mélancolie, désenchantement du monde, sont au coeur de son oeuvre sensuelle.

Taggé .Mettre en favori le Permaliens.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *