Expressionismus & Expressionismi – Berlin/Munich 1905-1920
Jusqu’au 11 mars 2012
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Pinacothèque de Paris, Collections permanentes, angle de la rue de Sèze et de la rue Vignon 75008
Une exposition qui tombe à pic: je n’avais jamais su faire la différence entre der Blaue Reiter et die Brücke, les deux « écoles », qui composent l’expressionnisme allemand! Et, pourtant, quand on observe les oeuvres exposées à la Pinacothèque, on se rend compte que l’on ne peut pas les confondre. Tantôt intellectuelle tantôt sensible, « Expressionismus & Expressionismi » réconcilie le corps avec l’esprit!
Ralph Melcher parle de la mer et de la montagne.
Der Blaue Reiter (le Cavalier bleu) est un mouvement intellectuel, composé essentiellement de penseurs et de philosophes, qui théorisent ce que doit être l’oeuvre. Héritier de la culture germanique et romantique du Gesamtkunstwerk (oeuvre d’art totale, i.e. littérature, musique, poésie et dessin doivent s’harmoniser de manière équilibrée), ce mouvement des années 1912 et 1914, compte comme figures de proue Vassily Kandinsly et sa première compagne Gabriele Münter, August Macke, Franz Marc, Alexej von Jawlensky et Marianne von Werefkin.
Die Brücke (le Pont) comprend des artistes qui favorisent une création sensible et émotionnelle, sans référence intellectuelle. Ils expriment de façon instinctive leur relation à leur époque dans un contete de décadence pangermanique. Ils seront les malheureux témoins du national-socialisme qui va les considérer comme des artistes « dégénérés ». Les représentants de ce courant, actif entre 1905 et 1913, sont Emil Nolde, Karl Schmidt-Rottluff, Ernest Ludwig Kirchner et Erich Heckel.
Raimund Stecker ajoute une divergence supplémentaire: la régionalité de l’expressionnisme allemand et plus généralement dans l’histoire de l’art allemand. « Brücke, c’est Dresde, Moritzburg et Berlin », écrit-il dans le catalogue de l’exposition. Tandis que « der Blaue Reiter, c’est Munich et ses environs bavarois ».
Ces deux mouvements proposent une vision si opposée que l’on se demande pourquoi on les a réunit sous la même étiquette d’expressionnisme allemand. C’est qu’ils présentent des convergences au point de fusionner parfois. Telle « la reprise commune de l’esthétique du bestiaire, disparue depuis le Moyen-Age », commente Marc Restellini, président de la Pinacothèque et commissaire de l’exposition. Autre point commun: la couleur de leur palette, qui renvoie au fauvisme et au primitivisme.
L’exposition dont le titre fait référence à l’exposition sur le Futurisme, qui s’est tenue au Palazzo Grassi à Venise en 1986 et intitulée « Futurismo & Futurismi » pour expliciter la diversité des courants qui constituaient le mouvement italien, analyse ainsi les divergences et convergences des deux courants fondateurs de l’expressionnisme allemand.
Les textes sont théoriques mais clairs. Ils apportent une véritable réflexion – pour une fois, ce n’est pas du papier mâché! – à une problématique qui met en regard des oeuvres, jusqu’à présent présentées artiste par artiste. Il en résulte une explosion des couleurs et des formes, une confrontation artistique stimulante.
De manière paradoxale, j’ai trouvé que les oeuvres du Blaue Reiter étaient plus sensitive (sensibles), du fait de la force d’expression de leurs couleurs que celles die Brücke, plus « rationnelles » de part leurs formes presque construites et moins distordues. Je n’ai pas trouvé que ces dernières saisissaient d’instinct la vie. Mais je ne prétends pas faire table rase de l’histoire de l’art, nous dirons plutôt, « à chacun sa logique »!