Les merveilles d’Egypte réunies en un ouvrage bicentenaire

Vue générale des Pyramides et du Sphinx, prise au soleil couchant. Pyramides de Memphis. La Description de l'Egypte, Antiquités, t. V, pl. 8. Gravé par Baltard, d'après Charles Louis Balzac (c) ACEALa Description de l’Egypte

Jusqu’au 21 septembre 2009

Hôtel national des Invalides, musée de l’Armée – Eglise du Dôme, 129, rue de Grenelle 75007

Pour célébrer le bicentenaire de La Description de l’Egypte (anti-daté 1809), le musée de l’Armée présente sous son magnifique Dôme une micro exposition consacrée à ce magnifique ouvrage. Commandé par Napoléon pour commémorer la campagne d’Egypte (1798-1801), La Description de l’Egypte est le fruit de recherches géographique, scientifique, économique, ethnologique, réalisées par quelque 160 « Savants », emenés par Bonaparte en Egypte. Un monument de l’édition française qui nous livre quelques-uns de ses secrets.

Ne faites pas comme moi en vous précipitant au coeur de l’exposition! En guise d’introduction, le visiteur est en effet invité à admirer les portraits d’après André Dutertre, des experts civils qui ont apporté leur contribution à La Description de l’Egypte. En tout, 43 auteurs, dont Denon, Berthollet, Monge, Redouté, Geoffoy Saint Hilaire ont rédigé près de 7.000 pages. L’ouvrage est axé autour de trois thèmes: Antiquités, Etat moderne, Histoire naturelle.

Le faiseur de nattes. La Description de l'Egypte, Etat moderne, t. II, pl. 20 (détail). Gravé par Schroeder, d'après Nicolas Conté (c) ACEACes « Savants » comme les ont appelés les militaires de Bonaparte, loin de raconter les anecdoctes de leurs périples, ont dressé un tableau exhaustif de l’état du pays – « berceau des Lumières » – à un moment donné. Une synthèse qui « reste d’autant plus précieuse que l’Egypte, depuis 200 ans, a profondément changé, en particulier nombre des antiquités qui y sont décrites, plus tard détruites, ont disparu », relève Yves Laissus, commissaire de l’exposition.

Frontispice. La Description de l'Egypte, Antiquités, t. I. Gravé par Réville, Girardet et Sellier (c) ACEAPour ordonner leurs propos, les Savants ont choisi de les présenter selon leurs découvertes au fil du Nil, depuis la première cataracte, frontière de la Nubie, jusqu’à la Méditerrannée. Une vision résumée sur le frontispice de l’ouvrage, dessiné par l’ingénieur mécanicien François-Charles Cécile. Au premier plan figurent, comme le souhaitait Napoléon, « la colonne de Pompée, l’aiguille de Cléopâtre et les fragments les plus précieux recueillis en Haute Egypte, tels que le planisphère de Denderah, la pierre de Rosette, un papyrus, un chapiteau à feuilles de datier, l’un des Sphinx de Thèbes et des peintures des tombeaux des rois. »

Bas relief colorié, sculpté dans la galerie du sud du péristyle du palais. Thèbes (Medynet-Abou). La Description de l'Egypte, Antiquités, t. I, pl. 12. Gravé par Phelippeaux, d'après Henri Joseph Redouté (c) ACEALes 836 planches de La Description de l’Egypte, certaines colorées, ont été gravées au burin et à l’eau-forte, notamment par trois excellents graveurs, Jean-Baptiste Réville, Abraham Girardet et Charles Sellier. Les plaques en cuivre sont aujourd’hui conservées à la Chalcographie du Louvre et l’exposition a le mérite d’en présenter quelques-unes, oeuvres d’art en soi.

En sus des planches, constituant une dizaine de volumes, les Savants ont réalisé une carte topographique de l’Egypte, au 1/100 000°, en 47 feuilles gravées au format grand atlas.

La réalisation d’un tel ouvrage a demandé une vingtaine d’années avant qu’il ne soit publié dans sa totalité. Un meuble spécifique – pour en contenir les immenses et fragiles volumes – a été conçu par l’ingénieur géographe Edme François Jomard.
Vue du grand temple Edfou (Apollinopolis magna. La Description de l'Egypte, Antiquités, t. I, pl. 49. Gravé par Dutertre et Beaugean, d'après Dutertre (c) ACEAParmi les autres chefs-d’oeuvres que peut admirer le visiteur figurent les estampes du Zodiaque circulaire de Denderah. Sa découverte a presque été aussi importante que celle de la pierre de Rosette, conservée au British Museum, mais présentée ici par une reproduction en pierre de ton gris foncé, comportant les trois écritures originelles: les hiéroglyphes, l’égyptien vernaculaire, le grec ancien. Ainsi que les gravures de la salle hypostyle du temple de Karnak et de l’intérieur du portique d’Esné. Celui-ci est dessiné dans sa splendeur première, traversé par une procession solennelle, alors que les Savants l’ont découvert, comme le temple d’Edfou, sous les décombres et les immondices.

Une exposition, dont la délicatesse tranche avec la monumentalité des campagnes militaires de Napoléon. Pour reprendre les mots de Geoffroy Saint-Hilaire: « En déplorant le sort de tant de braves guerriers qui, après tant de glorieux exploits, ont succombé en Egypte, on se consolera par l’existence d’un ouvrage aussi précieux » (novembre 1799, lettre du Caire à son collègue paléotologue Georges Cuvier).

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