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Bouchra Khalili

Jusqu’au 23 septembre 2018

[fnac:https://www.fnacspectacles.com/place-spectacle/ticket-evenement/exposition-gordon-matta-clark-anarchitecte-manmatta-lt.htm]

Jeu de Paume, place de la Concorde, Paris 1er

Le Jeu de Paume présente l’oeuvre photo-vidéo de l’artiste franco-marocaine Bouchra Khalili (née en 1975, à Casablanca, vit à Berlin), autour des stratégies de résistance de minorités face à un pouvoir arbitraire. Décapant !

Le parcours réunit une sélection d’oeuvres que l’artiste a réalisées durant les six dernières années.

The Seaman (2012) relate depuis Hambourg – deuxième port le plus grand d’Europe et l’un des premiers à avoir automatisé ses opérations de chargement/déchargement de containers – l’histoire d’un marin philippin, réfléchissant sur les mécanismes du commerce mondial en tant que travailleur en exil. Le port est filmé, vide de toute présence humaine. Seules les grues mécaniques et fantomatiques animent le port.

The Mapping Journey Project (2008-2011) retrace les déplacements forcés de travailleurs clandestins. Des mains dessinent au feutre sur des cartes les multiples trajets entrepris. The Constellations Series (2011) clôt The Mapping Journey. Les voyages sont reliés entre eux comme les constellations d’étoiles, inversant la position de la mer et du ciel, dans une dimension poétique, qui pour l’artiste « produit un acte révolutionnaire », commente Marta Gili (directrice du Jeu de Paume), commissaire de l’exposition.

Idée que l’artiste reprend dans son dernier film The Tempest Society (2017). Trois Athéniens se réunissent dans une usine désaffectée et dialoguent sur la situation contemporaine de la Grèce et de la Méditerranée. Le nom du groupe qu’il forme se réfère à une troupe de théâtre arabe, Al Assifa (« la tempête »), composée de travailleurs immigrés nord-africains et d’étudiants français, active à Paris dans les années 1970. Ils abordaient la question de la lutte quotidienne contre l’inégalité et le racisme en France sous la forme d’un « journal théâtral ».

Autre projet intéressant : The Wet Feet Series (2012). Ces photographies ont été réalisées en Floride. Jusqu’en 2017, la politique du « wet feet/dry feet » était appliquée par l’Etat de Floride vis à vis des immigrants cubains qui fuyaient par bateau. S’ils accostaient à Miami ou ses environs, ils pouvaient espérer être régularisés, au bout d’un an. S’ils étaient arrêtés en mer, ils étaient renvoyés vers Cuba. D. Trump a abrogé la loi, renvoyant les Cubains aux mêmes conditions que les Haïtiens, qui ne bénéficiaient pas de cette tolérance, en dépit du tremblement de terre qui a ravagé leur île en janvier 2010. La série documente de manière métaphorique les traces laissées par les voyages de ceux qui sont parvenus aux Etats-Unis : bateaux de fortune portant des stigmates de violence, containers cassés. Leur dégradation témoigne de l’expérience migratoire traumatisante, autant que de la déception qui accompagne inéluctablement l’exil et le mirage du rêve américain.

Bouchra Khalili, élevée entre la France et le Maroc, enseigne l’Art contemporain à la Oslo National Art Academy. Elle est nominée cette année pour le Guggenheim’s Hugo Boss Prize et l’Artes Mundi Prize. A suivre !

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