Chefs d’oeuvre d’Afrique

BAMANA / MARKA (Mali). Masque ntomo. Bois, cauris, fibres végétales, métal et pigments © Archives Musée Dapper – Photo Hughes DuboisDans les collections du musée Dapper

Jusqu’au 17 juillet 2016 – Prolongation jusqu’au 17 juin 2017

Catalogue de l’exposition : 

Musée Dapper, 35 bis rue Paul Valéry, Paris 16e

Pas de thématique cette fois-ci pour cette nouvelle exposition au musée Dapper mais le rassemblement de chefs-d’oeuvre d’Afrique uniquement issus du fonds du musée. En hommage à son fondateur, Michel Leveau (1930-2012).

Plus qu’un collectionneur, Michel Leveau (polytechnicien, professeur d’économie, membre du Corps des mines) souhaitait faire changer le regard occidental sur l’art africain.

Scientifique autant qu’esthète, il accordait une grande importance à l’origine des oeuvres ; il a fait procéder à des datations au carbone 14 et par thermoluminescence sur les pièces qui constituent aujourd’hui le fonds Dapper.

Si le musée ne porte pas son nom, c’est qu’il avait choisi de faire honneur à l’humaniste hollandais Olfert Dapper, qui n’ayant jamais quitté son pays, avait rédigé une Description de l’Afrique, publiée en français en 1686. Cet ouvrage constitue encore aujourd’hui une référence pour les chercheurs de part sa synthèse des récits de commerçants et voyageurs, arabes et européens, ayant visité le continent africain.

Les oeuvres présentées dans l’exposition sont passées dans les mains des grands collectionneurs de l’art moderne : Paul Guillaume, Jacob Epstein, Georges de Miré, Charles Ratton, Louis Carré, René Rasmussen, Helena Rubinstein… Ces marchands, artistes, écrivains et amateurs s’intéressaient aux arts non occidentaux, notamment pour les solutions plastiques qu’ils inspiraient aux créateurs.

BANGWA (Cameroun). Statue lefem à l’effigie d’une princesse. Bois et pigments. Collectée en 1897-1898 par Gustav Conrau puis rapportée en Europe en 1899. Anciennes collections du Museum für Völkerkunde de Berlin (avant 1926), d’Arthur Speyer, de Charles Ratton, d’Helena Rubinstein et de Harry A. Franklin © Archives Musée Dapper – Photo Hughes Dubois

De ce grand corpus (quelque 130 pièces) se dégage quelques fondamentaux concernant l’art africain : traitement frontal des figures, volume de la tête par rapport au reste du corps, yeux mi-clos, gestes récurrents (jambes fléchies ou bras ramenés le long du buste), archétypes des masques, importance du sculpteur qui travaille son matériau autant que de l’officiant du culte qui confère sens et pouvoir à l’objet en lui ajoutant des éléments actifs (minéraux, végétaux, composants d’animaux).

Le parcours est scindé en deux : Afrique centrale et Afrique de l’Ouest. Les oeuvres sont ensuite regroupées selon leur proximité stylistique et leur fonction. Masques, statues, statuettes dévoilent le rôle qu’ils assuraient dans les sociétés qui les ont créés :
– cultes aux ancêtres (figures de reliquaire des Fang de Guinée Equatoriale et des Kota du Congo)
– histoire et mythe des tribus (statue équestre des Dogon du Mali)
– rites initiatiques (statuette nkisi des Kongo et masque bwoom des Kuba de RDC ; masque ntomo des Bamana du Mali)
– fécondité des femmes
– fertilité des terres
– rituels funéraires (Tête Akan du Ghana)

KONGO (RDC). Statuette nkisi. Bois, plumes, fibres végétales, matières composites, coquillage, métal, miroir, peau et pigments. Collectée par Robert Visser en 1903 © Archives Musée Dapper – Photo Hughes Dubois

Selon Christiane Falgayrettes-Leveau, commissaire de l’exposition, la sculpture africaine « conforte les liens entre le politique, le social et le spirituel ». D’où la force visuelle de ces objets, au-delà de leurs qualités plastiques, que l’on peut ressentir physiquement (statues à clous qui font froid dans le dos !).

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