L’art angolais, saisissant

Angola, Figures de pouvoir

Jusqu’au 10 juillet 2011

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Musée Dapper, 35 bis rue Paul Valéry 75116

Le musée Dapper expose l’art d’un pays africain longtemps ravagé par la guerre: l’Angola. Les figures exposées présentent une facture particulièrement raffinée et mettent en jeu de multiples pouvoirs. Un art millénaire que je vous encourage vivement à découvrir!


L’Angola fait partie de l’Afrique équatoriale et se situe sur la côte sud-ouest du continent. Le pays est bordé par le Congo, la République Démocratique du Congo, la Zambie et la Namibie.
Peuplé dès la préhistoire, le pays connaît d’importantes migrations au cours des siècles. Il comprend aujourd’hui de nombreux groupes d’origine bantu.

Les Portugais abordent ses côtes en 1482. Ils découvrent une société fortement structurée entre les puissants royaumes de Kongo, Ndongo, Kakongo, Loango et Ngoyo. L’arrivée des Portugais, pratiquants catholiques, provoque de profonds bouleversements.
L’histoire moderne du pays est marquée par sa lutte pour son indépendance, suivie d’une guerre civile qui s’achève en 2002. L’Angola peut enfin se reconstruire.

Le pouvoir politique est incarné à travers une série d’effigies, en particulier Chibinda Ilunga, héros d’un récit mythique qui mêle légendes et généalogies dynastiques. Selon la tradition, vers 1600, le roi âgé désigne pour lui succéder sa fille Lueji, au nez de ses fils qui se disputaient le trône. Un chasseur, doté de pouvoirs magico-religieux, séduit la jeune fille et l’épouse. Le nouveau roi se révèle être Chibinda Ilunga, le fils du chef du royaume luba voisin. Il est honoré en tant que héros civilisateur et les chefs chokwe se considèrent comme ses descendants.

Les statuettes dites de chefs, considérées comme des effigies des ancêtres fondateurs, ont pour attributs communs de larges épaules, de solides jambes, des pieds et des mains énormes, afin de dénoter leur force physique.
Si leurs yeux sont clos, leurs oreilles évoquent celles d’un animal aux aguets et leurs narines dilatées suggèrent l’éveil des sens. A l’image du chasseur, ces effigies comportent un couteau sur la hanche, une ceinture ajustée d’une cartouchière, un bâton et un fusil.

Chez les souverains chokwe, les statuettes portent une coiffure appelée mutwe wa kayanda, qui les relie au pouvoir politique. Autre symbole d’autorité: le sceptre surmonté d’une tête masculine avec la coiffure mutwe wa kayanda ou, chez les Ovimbundu, d’une tête féminine avec une coiffure volumineuse.
Parmi les objets régaliens figurent traditionnellement les armes d’apparat (couteau, glaive, hache) et les sièges à caryatides, considérés comme de véritables trônes, en particulier chez les Chokwe, Lwena, Lwimbi et Songo. Le plus souvent, les caryatides représentent des figures féminines illustrant la filiation matrilinéaire des détenteurs du pouvoir.

Le pouvoir spirituel est détenu par les ancêtres, régulièrement vénérés sur des autels de villages.

Les Chokwe pratiquent le sacrifice d’animaux pour se protéger des dangers et demander du gibier en abondance. Pour cela, ils construisent des autels à partir d’une branche fourchue à laquelle ils suspendent des crânes d’antilopes.

Les esprits des ancêtres défunts, les akishi (sg. mukishi) sont invoqués lors des cérémonies d’intronisation d’un chef ou lors de l’initiation des garçons (mukunda), à travers des masques. Chihongo est l’archétype du masque ancestral masculin et dépend de la cour d’un chef chokwe. Pwo constitue son pendant féminin, même s’il est porté par un homme qui mime en dansant les tâches féminines et l’acte sexuel afin de suggérer l’importance de la fécondité et de la perpétuation des membres du groupe. Chikunza protège les novices lors des rites d’initiation.

Certains objets cultuels fétiches, en particulier chez les Kongo, ont été préservés en dépit des attaques de l’administration portugaise et de l’Eglise catholique. Les minkisi (sg. nkisi) sont composés de minéraux, végétaux, éléments provenant d’animaux ou de métaux, morceaux de fer, de laiton ou de verre. Ils sont utilisés par l’officiant (nganga), qui interagit entre le monde terrestre et spirituel. Lorsque l’équilibre social, économique ou polique est menacé, le nganga brandit un nkisi nkondi: pièce de taille presque humaine, bardé de clous et munie d’un ou de plusieurs reliquaires.

Deux choses m’ont surprises dans cette exposition. Contrairement à toute attente, l’ensemble des oeuvres est remarquablement travaillée, en dépit des matériaux sommaires utilisés. De plus, l’univers féminin est particulièrement représenté, surtout dans le sud de l’Angola, qu’il s’agisse des coiffures ou des insignes de dignité telles les terres cuites et les vases. Néanmoins, avec la transformation des structures politiques et sociétales, le pouvoir des femmes a été considérablement réduit. Ce qui bouleverse la geste artistique contemporaine.

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