Pouvoir et prestige

Art des massues du Pacifique

Jusqu’au 25 septembre 2022

Musée du quai Branly, Paris 7e

Qu’est-ce qui différencie un bâton d’une massue ? Le musée du quai Branly dévoile pour la première fois des oeuvres habituellement conservées dans les réserves des musées européens, caractéristiques des arts du Pacifique, de l’Australie à l’Île de Pâques.

Ces grands bâtons en bois avaient une fonction guerrière. Mais ce qui intéresse les commissaires de l’exposition, Steven Hooper et Stéphanie Leclerc-Caffarel, c’est leur dimension symbolique. À la fois sculptures, objets cérémoniels, instruments d’échange, et emblème d’autorité, les quelque 140 massues des arts océaniens révèlent la diversité de leur beauté et rendent hommage à leurs créateurs.

Steven Hooper a initié sa passion pour les massues en observant la collection de son grand-père, James Hooper. Sa pièce préférée : la massue à tête de coquillage, conservée au musée national d’Edinburgh, composée d’un tridacne en forme de bénitier. Les recherches ont permis de découvrir que James Cook en avait rapportée une lors de son deuxième voyage à Pouébo (Grande-Terre, Nouvelle Calédonie).

Les sculpteurs d’Océanie – continent qui a produit le plus de massues au monde – sculptaient le bois, mais aussi la pierre ou l’os de cétacé. Jusqu’au 18e siècle, les artisans travaillaient surtout avec des outils en pierre, en coquillage ou en dent de requin. Lorsque les Européens introduisent le fer puis l’acier, les artisans se tournent vers les herminettes, les haches et les ciseaux en métal pour être plus productif et parfois plus précis dans leur travail.

Une fois le travail ornemental achevé, les sculpteurs luisent la surface de la massue avec de l’huile de coco ou de bancoulier de manière à la rendre brillante. « De même que les guerriers partaient au combat le corps huilé et peint pour refléter leur vitalité », commente S. Hooper.

Les massues lourdes, peu maniables pour le combat, servaient pour la mise à mort d’adversaires blessés. Ou étaient réservées à un usage cérémoniel : le jeune chef investit devait soulever la massue en signe de puissance aux yeux du peuple placé sous sa protection, tout en signifiant son allégeance aux dieux.

Utilisées pour des célébrations de pouvoir, d’échanges commerciaux, avant et après un combat, les massues servaient également lors d’événements culturels comme les danses. Aujourd’hui, elles réapparaissent, comme au Festival des arts du Pacifique.

Des oeuvres dont le raffinement provient autant des formes que des ornements. À découvrir.

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