L’âge d’or de la peinture danoise (1801-1864)

Jusqu’au 17 janvier 2021

Petit Palais, avenue Winston Churchill, Paris 8e

Le Petit Palais expose des artistes de l’âge d’or de la peinture danoise (1801-1864), célébrés dans leur pays mais peu connus en France. Des oeuvres délicates où la lumière et la nature sont choyées. Espérons que le musée rouvrira début janvier car l’exposition ne sera pas prolongée au-delà du 17/01, selon un communiqué du Petit Palais…

Christen Købke (1810-1848), Vue de Dosseringen, 1838.
Huile sur toile. Copenhague, Statens Museum for Kunst © SMK Photo/Jakob Skou-Hansen

Les commissaires de l’exposition Servane Dargnies-de-Vitry (conservatrice des peintures du XIXe siècle, Petit Palais) et Christophe Leribault (directeur du Petit Palais) ont choisi d’étendre le traditionnel âge d’or danois (1801-1848), période pendant laquelle la vie culturelle et artistique est en plein essor, à l’année 1868. « Car elle marque une rupture historique », expliquent-t-ils, offrant ainsi une nouvelle approche de cette période clé dans l’histoire de l’art danois.

Elisabeth Jerichau-Baumann, Un soldat danois blessé, 1865. Huile sur toile. Copenhague, Statens Museum for Kunst

De fait, de 1848 à 1850, le pays connaît la première guerre de Schleswig qui oppose l’armée danoise aux forces séparatistes soutenus par une confédération germanique. Les différents n’étant pas résolus, une seconde guerre éclate en 1864, et aboutit à la perte de deux duchés. Ceux de Schleswig et de Saxe-Lauenbourg reviennent à la Prusse tandis que celui de Holstein est désormais administré par l’Autriche. Le Danemark meurtri s’incarne dans l’une des peintures de la dernière section Un soldat danois blessé (1865) d’Elisabeth Jerichau-Baumann (1819-1881), représentant un soldat alité, soutenu moralement par sa fiancée qui lui lit un hymne national.

Mais revenons aux heures glorieuses du pays ! Les premières salles présentent des vues de la vie à Copenhague, les ateliers d’artistes, les portraits de famille. Des sujets nouveaux qui témoignent de l’élévation sociale du statut de l’artiste, grâce aux commandes régulières de la bourgeoisie et à l’avancée des techniques artistiques dispensées par l’Académie royale.

Constantin Hansen, Petite fille, Elise Købke, avec une tasse, 1850. Huile sur toile. Copenhague, Statens Museum for Kunst © SMK Photo/Jakob Skou-Hansen

Les tableaux sont bien léchés, avec des détails précis mais on décèle parfois quelques notes décalées comme ce portrait de petite fille devant une tasse trop grande pour sa taille, réalisé par Constantin Hansen (1850). Le sérieux de son visage dénote par rapport à l’insouciance de sa jeunesse. La tasse en céramique et la collerette blanche de son haut ressortent par rapport au rouge de son corsage et du bandeau de ses cheveux.

Martinus Rørbye, Loggia à Procida, 1835. Huile papier collé sur toile. Stockholm, Nationalmuseum Photo: Cecilia Heisser/Nationalmuseum

La salle qui m’a le plus intéressée est celle des voyages, en particulier en Italie. Les tons y sont plus lumineux que ceux des ciels danois, les sujets tout aussi détaillés. Les oeuvres de Martinus Rørbye (1803-1848) sont particulièrement intéressantes. L’artiste représente une petite scène prise sur le vif d’une Loggia à Procida (1835), île en face de Naples, réalisée avec des couches de peinture fine pour qu’elle puisse sécher rapidement et rendre au mieux ses impressions du moment. Il se singularise aussi avec le portrait d’un homme noir d’origine nubienne, rencontré sur les marches d’une église, qu’il pose après coup dans le décor de son propre jardin.

Niels Simonsen, Le coursier arabe à dos de dromadaire, 1855. Huile sur toile

Citons également Le coursier arabe à dos de dromadaire (1855) de Niels Simonsen, oeuvre achetée par le roi Frederik VII, passionné d’Orient ; et le Paysage de montagne à Olevano (1832/35), près de Rome, de Fritz Petzholdt (1832/35). L’artiste excelle à rendre les effets de matière de la roche et joue avec dextérité sur les jeux de lumière des tons ocres de la roche.

Johan Laurentz Jensen, Vase de fleurs. Sorrente, 1834. Huile sur toile. Copenhague, Statens Museum for Kunst

Les peintres danois du XIXe siècle maîtrisent la représentation de la nature avec des études botaniques et des natures mortes à faire pâlir d’envie Chardin ! Je pense au Vase de fleurs. Sorrente (1834) de Johan Laurentz Jensen magnifiant un bouquet de magnolia disposé dans un vase antique, sur une table en marbre. L’oeuvre a été achetée par le roi Christian VIII en 1836. Ou La corbeille avec des roses et d’autres fleurs (1869) d’Otto Diderich Ottesen.


Christen Købke, Château de Frederiksborg vu de Jaegerbakken. Le soir, 1835. Huile sur toile, Copenhague, Hirschsprung Museum © Collection Hirschsprung

Christen Købke trascende d’une lumière rougâtre Le château de Frederiksborg, vu de Jaeggerbakken, le soir (1835) tandis que Louis Gurlitt dépeint Les Falaises de Møn (1842) dans la veine romantique de Caspar David Friedrich. L’artiste adopte un point de vue éloigné et apporte une vision spectaculaire du paysage danois. Tout en apposant des détails géologiques qui témoignent de l’intérêt des peintres danois pour les nouvelles sciences.

Jørgen Roed applique les conseils de l’historien de l’art Høyen qui voulait créer un art nordique en se focalisant sur trois thèmes principaux – les paysages, les paysans et les bâtiments historiques -. Il représente une rue à Roskilde (1836) avec sa cathédrale emblématique sous un paysage de neige.

Martinus Rørbye, Vue depuis la fenêtre du peintre, 1825. Huile sur toile. Copenhague, Statens Museum for Kunst © SMK Photo/Jakob Skou-Hansen

Autre vue urbaine : celle de la chambre de Martinus Rørbye, donnant sur le port, avec des pots de fleurs disposés sur la fenêtre à différents moments de floraison. Symbole de transition entre la jeunesse et l’âge adulte.

Des oeuvres qui mettent en avant le lien du peuple danois avec la nature, avec des effets de lumière savants. À découvrir.

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