Histoires d’une boisson millénaire

Le Thé à Guimet

Jusqu’au 7 janvier 2013

[fnac:http://plateforme.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Exposition-LE-THE-A-GUIMET-THEGU.htm]

Musée des arts asiatiques Guimet, 6 place d’Iéna, Paris XVI

 

Après « Cuisiner et manger en Chine » (musée du quai Branly, été 2012), Jean-Paul Desroches (conservateur général, éminent spécialiste de la Chine) enchaîne avec une exposition consacrée à l’art millénaire du thé. Pour l’occasion, le musée Guimet innove une politique un brin racoleuse, mettant en avant son partenariat avec le Palais des Thés.  Mauvaise langue, me direz-vous. Certes! L’exposition n’en vaut pas moins le détour.

Ou plus précisément les trois premières salles de l’exposition. Le visiteur entre face à la Tonne de Thé compact de Ai Weiwei qui symbolise l’importance du thé – la deuxième boisson la plus consommée après l’eau – dans le monde d’aujourd’hui. Pour se glisser vers les murmures qui proviennent de la pièce adjacente.

Là, prenez le temps de vous assoir pour admirer le court métrage de Tran Anh Hung qui filme Maître Tseng Yu Hui. Non pas tant en train de pratiquer la cérémonie du thé mais de décrire de manière fulgurante les sensations qui lui sont révélées en respirant, savourant puis buvant le thé.

Tel un vin, le thé se décline en effluves boisées, florales, fruitées. Images poétiques, comme le réalisateur vietnamien sait si bien les traduire à l’écran, de la papaye ouverte en deux, de la mangue qu’une main invisible épluche délicatement, révélant sa chair délicate et juteuse. Eminemment nostalgique, le thé rappelle à soi des souvenirs (« maison de ma grand-mère, poussière, terre humide »), égrenés au son de la voix à la fois profonde et douce de Maître Tseng. Intense, ce film a complètement occulté le reste de l’exposition à mes yeux!

De fait, les objets (théières, coupes, bols, etc.) dont certains sont effectivement des pièces rares, sont sobrement présentés dans des vitrines avec un numéro qui ne renvoie à aucun cartel. A vous de reconnaître le bol à la « fourrure de lièvre » (vous en voyez souvent des lièvres, vous? Saurez-vous le reconnaître?!) ou la théière « décor graviata sur fond d’émail rose »… Quant aux précieux manuscrits issus de la BnF, tel Chajiu lun (Discussion entre le thé et le vin) de Wang Fu – saynète entre le thé et le vin qui se disputent les honneurs de la place impériale – aucun n’est traduit pour les profanes non-sinophones que nous sommes. Comment apprécier leur valeur autrement que de manière superficielle en admirant l’esthétique de la calligraphie chinoise et la préservation du papier millénaire?

J’ai donc préféré faire demi-tour juste avant la sortie de l’exposition pour retourner voir le court-métrage et me laisser envoûter par les parfums paisibles d’Asie. Avant de ressortir dans l’urbanité parisienne. Choc garanti!

 

 

 

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