Monumenta 2011

Anish Kapoor, Leviathan

Jusqu’au 23 juin 2011

[fnac:http://plateforme.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Exposition-MONUMENTA-2011—ANISH-KAPOOR-ANISH.htm]

Nef du Grand Palais 75008

Pour sa quatrième édition, Monumenta présente Anish Kapoor – sa première exposition à Paris depuis trente ans. L’artiste britannique, né à Bombay en 1954, est considéré comme l’un des plus importants sculpteurs contemporains.  Son travail a profondément renouvelé le champ de la sculpture de part sa maîtrise de l’échelle monumentale et la sensualité qui se dégage de ses oeuvres colorées. Leviathan s’inscrit dans cette veine.

En novembre 2008, Anish Kapoor visite la Nef du Grand Palais. Selon Jean de Loisy, commissaire de l’exposition, le sculpteur paraît impressionné, certes, mais pas hésitant. Comme si mûrissent déjà les idées que lui inspire cet immense vaisseau, à la hauteur de sa conception de la monumentalité. L’artiste livre son projet très rapidement. Pourtant, ce lieu d’envergure pose trois difficultés majeures: l’échelle, la lumière (excessive clarté de la verrière) et la construction – les structures du monument ne peuvent ni être touchées, ni même approchées. Immédiatement, A. Kapoor a annoncé qu’il y aurait « un seul objet, une seule forme, une seule couleur ».

On retrouve dans Leviathan – dont le titre même annonce la monumentalité – plusieurs thèmes récurrents de son oeuvre.

1) Un soin particulier est apporté à la réalisation technique de l’ouvrage.
Cette maîtrise n’est pas un simple exercice de virtuosité. Mais il s’agit de donner la sensation que l’oeuvre est générée par sa propre énergie, qu’elle s’est développée en dehors de la main de l’artiste.

2) L’échelle est calculée pour que se construise une relation de domination entre l’humain et la nature. Cet intérêt pour le sublime, au sens où les philosophes l’entendaient au 18ème siècle, est une constante de la réflexion d’Anish Kapoor.

3) Les formes et la couleur ont été spécialement choisies pour créer un écho intérieur chez le visiteur. « Un en-deçà de la raison, comme si l’artiste cherchait à toucher des ressorts anciens, une partie archaïque de nous-mêmes qui, lors de cette rencontre particulière, nous enseigne, ce que nous sommes et surtout d’où nous venons », commente Jean de Loisy.

Leviathan nous invite à une expérience globale – physique et mentale -, à une immersion sensorielle. L’oeuvre apporte une réflexion sur l’espace, qui est pour A. Kappoor « une entité philosophique et pas seulement l’endroit où adviennent des choses ». Elle fait appel à l’imaginaire car l’oeuvre dépasse sa matérialité pour produire une certaine irréalité. Comme le formule l’artiste, l’idée « est de parvenir par des moyens strictement physiques à proposer une expérience philosophique inédite ».

Pour compléter cette visite, ne manquez pas le film de Heinz Peter Schwerfel diffusé sur Arte le 23 juin 2011 à 23h25 et disponible en DVD à partir du 15 juin 2011. Le monde selon Anish Kapoor nous fait voyager de ses ateliers londoniens aux installations permanentes à Chicago et Naples, de ses exposition à Bilbao, Delhi, en passant par Mumbai. Le cinéaste invite l’artiste à évoquer sa quête incessante de formes nouvelles et émouvantes.

Vous pouvez également voir jusqu’au 11 juin 2011 à la Chapelle des Petits-Augstins, située au sein de l’Ecole Nationale des Beaux-Arts, Almost Nothing. Ces hautes tours grises évidées se présentent sous la forme de protoarchitectures, sortes d’édifices des premiers temps de l’humanité, comme par exemple les ziggourats en briques mésopotamiennes. En un sens, elles renouent avec l’esprit animant les oeuvres de pigments qui ont rendu l’artiste célèbre au début des années 1980. En dépit de leur facture artisanale, ces Cement Works sont conçus avec l’aide d’un logiciel, tandis qu’une machine, expulsant et déposant la matière, procède à leur édification. Ces oeuvres témoignent de l’intérêt de l’artiste pour l’auto-génération, concept hérité du mot sanskrit svayambh.
Les sculptures d’Anish Kapoor donnent en effet la sensation de ne pas avoir été créées par une main humaine et d’avoir toujours été là, à l’instar de certaines formes à la beauté confondante élaborées durant des millénaires par les forces de la nature: on songe aux tombants de corail, à certaines formations rocheuses… « Tout part du corps », déclare Anish
Kapoor. C’est pourquoi ces oeuvres ont également une dimension organique, déjà sous-jacente dans les sculptures en cire rouge réalisées au cours des dix dernières années. Les Cement Works évoquent les enroulements des intestins.

A suivre: des clés pour comprendre l’oeuvre d’Anish Kapoor…

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