Le fonds Hokusai du musée Guimet

Série des Petites Fleurs, Hirondelle et pie sur fraisier et bégonia, 1834. Impression polychrome, format chûban. Editeur: Eijudô. Signature: zen Hokusai litsu hitsu. Legs Isaac de Camondo, 1911 (c) musée Guimet / Thierry OllivierHokusai, « L’affolé de son art ». D’Edmond de Goncourt à Norbert Lagane

Jusqu’au 4 août 2008

[fnac:http://plateforme.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Exposition-HOKUSAI—L-AFFOLE-DE-SON-ART–HOKUS.htm]

Musée Guimet, 6, place d’Iéna 75016 Paris, 01 56 52 53 00, 7€

La donation de Norbert Lagane au musée Guimet est l’heureux prétexte à une exposition inédite sur des oeuvres peu connues de l’artiste japonais Katsushika Hokusai (1760-1849). Plus célèbre pour ses estampes du Mont Fuji, Hokusai a su influencer les collectionneurs et peintres européens. Et a impulsé la naissance du « japonisme » en Frande d’abord, puis en Europe.

Les estampes japonaises (ukiyo-e) influencent  les Impressionnistes  tels Degas, Van Gogh, Gauguin ou Monet, qui en possédait une riche collection, et les Symbolistes. Parallèlement, l’appropriation par les artistes occidentaux de l’art japonais influe sur le propre développement de son histoire.

Trente-six vues du Mont Fuji (Fugaku sanjûrokei), Vent frais par matin clair (Gaifû kaisei), 1830-32. Impression polychrome, format ôban. Editeur: Eijudô. Signature: Hokusai aratame litsu hitsu. Legs Charles Jacquin, 1938 (c) musée Guimet / Thierry OllivierAu Japon, les maîtres de l’estampe (regroupés dans l’Ecole Ukiyo-e) n’étaient guère reconnus car le genre est considéré comme populaire, léger. Si la renommée d’Hokusai parvient à s’établir au Japon vers 1833 avec ses Trente-six vues du Mont Fuji, elle dure peu de temps. En 1849, Hiroshige (1797-1858) l’éclipse avec ses Cinquante-trois vues du Tôkaidô. Aussi célèbre que le nom d’Hokusai puisse nous paraître aujourd’hui, l’homme s’est éteint dans la misère.

Artiste du peuple, il a pour admirateurs dans son pays la classe des marchands, des artisans, des courtisanes et des habitués des maisons de thé à Edo (ancien nom de Tokyo). Mais il reste superbement ignoré des classes aristocratiques.

Scènes de rue nouvellement publiées (Shinpan Daidôzui), La ville de Okuramae, 1825. Impression polychrome (nishiki-e). Editeur: Nishimuraya Yohachi et Iseya Rihei. Non signée. Legs Raymond Koechlin, 1932 (c) musée Guimet / Thierry OllivierPourtant, c’est lui qui a été le premier artiste japonais a être copié en France, par Félix Bracquemond (1856). Paris offre dès lors à la renommée de l’artiste un second souffle. La découverte de ses estampes polychromes – avec ses rouge, jaune et bleu si particuliers – crée une véritable ébullition intellectuelle. Marchands et collectionneurs européens s’arrachent ses oeuvres au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle. L’exposition illustre ce bouillonnement intellectuel par des citations d’Edmond de Goncourt qui consacre à Hokusai une monographie (éditée en 1896), Louis Gonse (1846-1921, historien d’art, rédacteur en chef de la Gazette des Beaux-Arts) ou encore Henri Focillon (1881-1943, poète, graveur).

Courtisane (oiran) et ses deux suivantes (shinzô) admirant les cerisiers en fleurs à Nakanochô, vers 1796-97. Impression polychrome et impression à sec. Signature: Hokusai Sôri ga. Legs Isaac de Camondo, 1911 (c) musée Guimet / Thierry OllivierSi Hokusai est connu pour ses estampes de paysage, l’exposition permet de découvrir d’autres aspects de son talent. Estampes érotiques (shun-ga, littéralement images de printemps), portraits de jeunes femmes, peintures naturalistes, dessins préparatoires à l’encre de Chine.

Fin lettré, Hokusai écrit ainsi: « Depuis l’âge de six ans, j’avais la manie de dessiner la forme des objets. Vers l’âge de cinquante ans, j’avais publié une infinité de dessins, mais tout ce que j’ai produit avant l’âge de soixante-dix ans ne vaut pas la peine d’être compté. C’est à l’âge de soixante-treize ans que j’ai compris à peu près la structure de la nature vraie, des animaux, des herbes, des oiseaux, des poissons, des insectes. Par conséquent, à l’âge de quatre-vingt ans, j’aurai fait encore plus de progrès; à quatre-vingt-dix ans, je pénètrerai le mystère des choses; à cent ans je serai décidément parvenu à un degré de merveille et quand j’aurai cent-dix ans, chez moi, soit un point, soit une ligne, tout sera vivant; Ecrit à l’âge de soixante-quinze ans par moi, autrefois Hokusai, aujourd’hui Gwakiô Rôjin, le vieillard fou de dessin. Je demande à ceux qui vivront autant que moi de voir si je tiens ma parole ». (Postface au premier volume des Cent vues du mont Fuji, 1834).

Crevettes, 1803-05. Encre et couleur sur papier micacé. Signature: Hokusai. Don Samuel Bing, 1893 (c) musée Guimet / Thierry OllivierL’art d’Hokusai évolue en six temps qui correspondent aux différentes parties de l’exposition. A chacun de ses tournants artistique, l’artiste change de nom (cf. signature dans la légende des visuels). Hokusai ne vivra pas jusqu’à 110 ans – il meurt à l’âge de 89 ans – et ne pourra pas tenir sa promesse.

Pour autant, son art atteste d’une incessante quête de la perfection. Plus le visiteur progresse dans l’exposition, plus il a loisir d’obverser la finesse et le dynanisme des traits de pinceau de Katsushika Hokusai. L’exposition se clôt sur une pièce maîtresse – la dernière acquisition du musée Guimet, Le Dragon parmi les nuages (issu de la donation N. Lagane), qui forme une paire avec un rouleau du musée Ota de Tokyo (Le Tigre sous la pluie).

L’ensemble du fonds forme un très bel hommage à Hokusai, passionné fou par sa quête artistique. Il était temps que le musée Guimet lui consacre une première exposition!

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4 réponses à Le fonds Hokusai du musée Guimet

  1. cluzeau jean claude dit :

    j’ai un dessin qu’on me dit etre d’hirochigay
    mais je ne le retrouve dans aucun ouvrage
    pouvez vous ne donner une adresse mail ou je pourrai joindre un photo numérique
    merci

  2. Sophie dit :

    Malheureusement, je ne possède pas ce genre d’information. Vous devriez plutôt vous adresser à un galeriste.

  3. antoinette martin dit :

    Bonjour,
    Il s’agit de Hiroshige, c’est la bonne orthographe.
    Cordialement,
    A Martin

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