Agoramania

La ville dans tous ses états

Jusqu’au 6 janvier 2018

Maif Social Club, 37 rue de Turenne, Paris 3e, Entrée libre

A l’occasion de l’exposition « Agoramania », j’ai découvert le MAIF Social Club, dans le Marais, un lieu innovant d’échanges et d’art, en accès libre et gratuit. Qui redonne espoir pour les urbains d’avoir un cadre de vie intelligent, social et vert !

Ouvert depuis six mois, le MAIF Social Club s’adresse aux enfants comme aux adultes avec des ateliers, conférences, concerts, expositions, coin bibliothèque et un partenariat avec La Ruche qui dit Oui !, où l’on peut venir chercher sa commande chaque semaine.

Les expositions sont trimestrielles. A l’automne, les artistes ont travaillé sur le thème de la ville partagée, thématique proposée par Florence Guinneau-Joie (historienne de l’art), commissaire indépendante, particulièrement attentive à la médiation culturelle qui accompagne les expositions.

Le parcours est scindé (théoriquement) en trois sections ; dans la pratique, les oeuvres sont concentrées autour d’un banc circulaire en bois d’où l’on peut les admirer, sous un puits de lumière. Il est agrémenté d’une visite augmentée : les visiteurs envoient le nom et prénom des artistes pour recevoir des vidéos supplémentaires.

La première partie évoque l’oeuvre co-construite.
* Le Japonais Tadashi Kawamata (né en 1953, à Misaka) y expose la maquette originale de Collective Folie, grande tour en bois construite avec le public (partage d’idées et d’efforts) dans les jardins de la Villette en 2014.
* L’artiste-ingénieur suédois Erik Sjödin (né en 1979 à Zskilstuna) fait appel au chef cuisiner japonais Yoshinori Morié et au public pour fabriquer une nouvelle variété de crackers de riz, à base de farine de riz de Camargue bio et d’une plante aquatique : l’Azolla. Nouvelle spiruline de demain, elle aurait des qualités nutritionnelles exceptionnelles, encore non exploitées (il va falloir que je guette sa commercialisation !).
* Isabelle Bonté-Hessed2 (née en 1965, à Paris) imagine un dispositif interatif : chacun peut donner son idée de sa vision de la ville collaborative – comment construire un vivre ensemble à partir de singularités ? – par SMS ou tweet, ce qui forme un nuage de mots, en mouvance constante, comparable à une agora virtuelle.

Dans la seconde partie, les artistes interrogent la notion de communauté.
* La Française Bertille Bak (née en 1983, à Arras) filme des Thaïlandais, qui ont organisé un concert à partir d’un chant national révolutionnaire pour se rebeller pacifiquement contre la destruction de leur habitat rasé.
* Thierry Boutonnier (né en 1980 à Lyon) plante un segment de son Appel d’Air (2016-2030). L’artiste, anciennement ouvrier agricole, demande aux citoyens d’accueillir chez eux des arbres témoins et d’en prendre soin, avant qu’ils ne soient plantés sur le parvis des gares du Grand Paris. « Il a voulu que sa plante soit implantée dans scénographie pour éviter qu’elle ne soit ériger en oeuvre d’art », précise F. Guinneau-Joie.
* Le célèbre couple anglo-argentin Lucy + Jorge Orta installe des casseroles pour inviter le public à faire un concert solo ou en groupe, sur une musique des Percussions de Strasbourg. Cette forme de démocratie participative, directe, remonte historiquement à la Révolution française et se diffuse aujourd’hui partout dans le monde, du Chili en 1971 à la campagne électorale française de 2017 (F. Fillon à Calais) en passant par Internet.

La dernière section s’intéresse à l’espace urbain et la capacité des habitants de se le réapproprier.
*Anna Malagrida (née en 1970, à Barecelone) filme des mains de joueurs observés depuis des rues parisiennes ou des fenêtres de salles de jeu, capturant le lien social qui se crée entre eux.
*Stéphane Couturier (né en 1957,  à Neuilly-sur-Seine) filme la plus grande cité d’Alger – « Climat de France » – construite pour 5.000 habitants mais qui en accueille maintenant près de 50.000. Lieu de tous les trafics, elle est l’image d’une réappropriation collective et sociale d’un espace architectural urbain.
* Julien Berthier (né en 1975 à Besançon) présente une vidéo de sa Para Site (2004-2017), une voiture électrique qui ne fonctionne que si elle est branchée chez des commerçants, des voisins ou des véhicules existants. Version parasite du covoiturage qui requiert l’intervention du citoyen et interpelle la notion trop policée, au goût de l’artiste, du collectif.

Enfin, ne ratez pas la boîte à dons, mise en place par l’association Cap ou pas cap ?. L’idée est d’impliquer des citoyens pour construire un meuble dans lequel chacun peut offrir ou prendre, sans obligation de réciprocité, des vêtements, des livres, des objets. La boîte à dons permet ainsi de lutter contre le gaspillage et de créer du lien social. Forte de son succès, l’association a élargi son champ d’action à la nourriture, installant un garde-manger et bientôt un frigo solidaire, en partenariat avec la coopérative bio Les Nouveaux Robinsons (dans le 12e, prochainement dans le 18e arrondissement).

Juste avant de partir, j’ai aperçu un distributeur d’histoires courtes de Shortédition : on choisit son temps de lecture (1, 3 ou 5 minutes) et on reçoit une petite histoire à lire.

Peu d’oeuvres ici mais sélectionnées avec soin. Un endroit convivial à découvrir sans plus attendre. Ce vernissage presse était agrémenté d’un brunch offert par La cantine vagabonde, bio, végétale et locale (lait de noisettes aux épices douces, pudding de chia au lait de coco et pommes rôties, pour ne citer que ma sélection !), qui est située rue d’Aubervilliers dans le 19e. Autant vous dire que pour une fois, je n’ai pas fait la fine bouche !

 

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