Les savoir-faire de la mode
Jusqu’au 18 octobre 2026
Palais Galliera, 10 avenue Pierre Ier de Serbie, Paris 16e
Le Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris, ouvre une trilogie autour des savoir-faire de la mode. Cette première partie, consacrée aux techniques de l’ornementation et des différents métiers qui se cachent derrière les créations du XVIIIe siècle à nos jours, dévoile le raffinement de la French touch.

Robe Comme des Garçons par Rei Kawakubo. Prêt-à-porter, automne-hiver 2016-2017 © Paris Musées / Palais Galliera, musée de la Mode de Paris
Dans ce premier volet, la thématique de l’ornementation – l’art de décorer un vêtement et ses accessoires – tourne autour de la fleur, motif omniprésent dans la mode et les arts décoratifs.

La fleur offre l’avantage d’une variété de volume, texture, et couleur qui ont inspiré les créateurs à travers les siècles, avec en point d’orgue la notion de femme fleur. Cette métaphore poétique du XIXe siècle est remise au goût du jour par Christian Dior en 1947, puis C. Lacroix avec sa robe qui se ponctue dans le dos par un bouquet de roses (Robe Poker d’As, 1986/87), ou Comme des Garçons par Rei Kzwakubo (P/E 2015) avec sa robe bouffonnant comme une rose.
La section suivante met en avant les échanges commerciaux entre l’Europe et l’Orient grâce à la route de la soie qui permet la circulation des étoffes et de leurs motifs. Les cadeaux diplomatiques sont une autre occasion de partager les cultures telle cette traîne de manteau pourpre offerte à l’impératrice Marie-Louise par le vice-roi d’Égypte Méhémet Ali pour son mariage avec Napoléon Ier, présentant des rinceaux végétaux typiques du Maghreb. Ou le motif de l’ananas, fruit exotique prisé à Versailles, produit par la manufacture Oberkampf (Jouy-en-Josas) à la fin du XVIIIe siècle, qui sera repris ensuite par les ateliers indiens pour leur propre production.

Le tissage, dont le métier est révolutionné par l’invention du métier Jacquard à Lyon en 1801, permet l’automatisation du travail et la réalisation de motifs complexes. La palette chromatique s’élargit au XIXe siècle grâce aux innovations industrielles.

La broderie permet d’ajouter plumetis, or, paillettes, rubans, strass, perles qui ajoute de la matière, voire du mouvement, et de la couleur à une création. Dans cette section, on peut admirer la sublime Robe du soir Marlène (A/H 1972/73) de Loris Azzaro, pour laquelle la broderie de fleurs couvre les parties intimes du mannequin sur une robe tout en mousseline noire transparente.

La galerie des métiers met en avant des maisons françaises historiques comme la maison Lemarié, fondée en 1880, réputée pour sa fabrique de plumes. Ou plus récemment la maison Vermeulen, qui réinvente la plumasserie pour créer des panneaux muraux et sculptures à partir de plumes de volatiles (paon, autruche, oie, faisan).

Grand Bouquet de Fleurs dans un Vase, Baqué Molinié, 2024 © Maxime Huriez
Autres oeuvres magistrales : Le grand bouquet de Baqué Moniné & Maxime Huriez (au début du parcours) ainsi que la composition Cycle (2024) de Molinié & la manufacture Pinton, composée de broderie de perles en verre, sequins en PVC, cuir moulé et tufting de soie, pour créer une composition mi-naturaliste mi-décorative (oeuvre finale du parcours).
L’exposition se conclut sur une carte interactive qui permet de localiser les différentes maisons de ces techniques ancestrales (situées entre les gares du Nord et de l’Est à Paris).

Travail de la main et maîtrise des machines sont au coeur de cette exposition qui renouvelle notre regard sur l’histoire de la mode. En plus d’avoir le mérite de nous faire prendre conscience du patrimoine qu’elle nous lègue, jonglant avec brio entre artisanat et art.