Philip Guston

L’ironie de l’histoire

Jusqu’au 1er mars 2026

Musée Picasso Paris, 5 rue de Thorigny, Paris 3e

Le musée Picasso Paris présente l’oeuvre de l’artiste américain Philip Guston, compère de Philip Roth, auquel il répond par des dessins à Our gang. L’exposition met en avant leur goût commun pour la satire, tout comme Picasso.

Philip Guston, The Studio [L’atelier], 1969. Huile sur toile. Promised gift of Musa Guston Mayer to The Metropolitan Museum of Art © The Estate of Philip Guston, photo by Genevieve Hanson, courtesy of Hauser & Wirth

Philip Guston utilise l’art comme un moyen de dénoncer les autorités et de se dépasser, tels que Schegel et les Romantiques allemands définissaient l’ironie artistique.

Philip Guston, Dawn [Aube], 1970. Huile sur toile. Glenstone Museum, Potomac (Maryland). Photo : Christopher Burke © The Estate of Philip Guston, courtesy Hauser & Wirth

Son oeuvre repose sur la juxtaposition d’oppositions qui dénoncent la violence du Ku Klux Klan, le ridicule du Président Nixon, ou la bêtise des querelles plastiques.

Ses dessins comme ses peintures relèvent d’un humour grinçant qui fait dire à Didier Ottinger, co-commissaire de l’exposition : « Philip Guston est une sorte de Kafka ou de Gogol de la peinture ».

Dès sa jeunesse, P. Guston est animé par cette verve satirique. Au point d’être exclu de l’école d’art de Los Angeles pour avoir réalisé des images peu complaisantes envers le corps enseignant.

Puis il fait scandale en exposant des oeuvres qui dénoncent les crimes commis par les membres du Ku Klux Klan, qui sont pourtant représentés comme de gentils fantômes de dessins animés.

Philip Guston, Painting [Peinture], 1954. Huile sur toile. The Museum of Modern Art, New York. Digital image, The Museum of Modern Art,
New York / Scala, Florence © The Estate of Philip Guston

Il irrite également le milieu artistique, en osant revenir à la figuration à la fin des années 1960, après avoir été un chantre de la peinture de l’abstraction.

Philip Guston, Poor Richard [Pauvre Richard] (0027), 1971. Encre sur papier. Promised gift of Musa Guston Mayer to The Metropolitan Museum of Art © The Estate of Philip Guston, digital image © The Guston Foundation

À l’instar du peintre, Philip Roth est un écrivain en marge du cercle littéraire de New York. Il publie le pamphlet Our Gang (1971) contre l’administration Nixon, auquel fait écho Guston, dans une série de dessins (Nixon Drawings, 1971), inspirés des gravures en deux planches de Songe et mensonge de Franco, une série (inachevée) de Picasso en 1937.

Philip Guston, Sleeping [Sommeil], 1977. Huile sur toile. Promised gift of Musa Guston Mayer to The Metropolitan Museum of Art Artwork © The Estate of Philip Guston, photo by Genevieve Hanson, courtesy of Hauser & Wirth

Si le peintre porte un regard ironique sur les autres, il ne fait pas meilleur cas de lui-même, en se représentant ici comme un SDF (Sleeping, 1977), là comme un bourreau du KKK (The Studio, 1969), ou avec un casque amoché en haut d’une montagne tel le mythe de Sisyphe (Untitled, 1980).

Philip Guston, Untitled [Sans titre], 1980. Acrylique et encre sur planche d’illustration. Promised gift of Musa Guston Mayer to The Metropolitan Museum of Art © The Estate of Philip Guston, digital image © The Guston Foundation

La veine grotesque et satirique de l’oeuvre de Philip Guston est reliée à Picasso, mais aussi à Raymond Pettibon (né en 1957 à Tucson, Arizona), dont les dessins sont présentés de manière concomitante au musée Picasso Paris. Des oeuvres percutantes en écho aux tensions de leur temps.

Raymond Pettibon, No title (Let ugly darkness…), 1987 © Raymond Pettibon. Courtesy the artist and David Zwirner Photo: Kerry McFate

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