La peinture américaine des années 1930

Grant Wood (1891-1942). American Gothic (Gothique américain), 1930. Huile sur panneau d’aggloméré, 78 x 65.3 cm. Chicago, The Art Institute of Chicago, Friends of American Art Collection © The Art Institute of Chicago« The Age of Anxiety »

Jusqu’au 30 janvier 2017

[fnac:http://plateforme.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Exposition-ENTREE—MUSEE-DE-L-ORANGERIE-ORANG.htm]

Catalogue de l’exposition : 

Musée de l’Orangerie, Jardin des Tuileries, Paris 1er

Le musée de l’Orangerie présente une exposition sur la peinture américaine des années 1930, juste après la fameuse crise de 1929 et la période de Grande Dépression qui s’ensuit. Si le thème n’est pas gai, les oeuvres, elles, sont réjouissantes !

Le 29 octobre 1929, la bourse de New York s’effondre. Nombre d’Américains perdent leur emploi, leur maison, leur dignité. Pire, la foi dans le progrès américain est ébranlée.

Georgia O’Keeffe (1887-1986). Red Hills with Flowers (Collines rouges et fleurs), 1937. Huile sur toile, 50.8 x 63.5 cm. Chicago, The Art Institute of Chicago, legs d’Hortense Henry Prosser © The Art Institute of Chicago © Georgia O’Keeffe Museum / ADAGP Paris 2016

Dans cette période de déstabilisation, les peintres questionnent l’identité américaine. Ils représentent ses paysages industriels et ruraux. Certains omettent la crise, faisant confiance au progrès technologique et à l’abondance de la main d’oeuvre pour sortir le pays du marasme.

D’autres au contraire l’expriment. Ainsi de Alexandre Hogue (1898-1994), dans Erosion N0 2 – Mother Earth Laid Bare (1936). Il évoque la sécheresse (Dust Bowl) de la région dévastée des Grandes Plaines. Les collines arides prennent la forme d’un corps de femme, entaillé par la sécheresse et la charrue visible au premier plan.

Pour contrer l’humeur morose, les Américains citadins se réfugient dans les nouveaux lieux de loisirs : music-halls, cinéma, salles de concert. Edward Hopper (1882-1967) évoque le cinéma new yorkais dans New York Movie (1939), représentant l’intérieur du Palace (aujourd’hui The Lunt-Fontanne Theater, sur la 46e rue Ouest). Sa femme Jo pose en guise d’ouvreuse. L’oeuvre attire l’admiration des artistes européens, réfugiés aux Etats-Unis, dont André Breton (arrivé à New York en 1941).

Le parcours évoque ensuite l’art contestataire à travers la peinture afro-américaine. Si les oeuvres de Joe Jones (American Justice, 1933) trahissent les exactions du Ku-Klux-Klan, celles de Aaron Douglas (Aspiration, 1936) traduisent l’évolution historique de la communauté afro-américaine, de l’esclavage à la liberté.

Parallèlement des artistes comme Grant Wood, qui inaugure l’exposition avec son iconique American Gothic (1930) – exposé pour la première fois en Europe -, revisitent l’histoire américaine. Dans The Midnight Ride of Paul Revere (1931), le peintre fait allusion à la légende de Paul Revere, réputé avoir parcouru à cheval, de nuit, l’Etat de Nouvelle-Angleterre, pour prévenir les villages de l’appel aux armes contre les Anglais (1775). Mais cet épisode se situe situé dans le Massachussetts alors que le paysage de Wood évoque son Etat natal de l’Iowa.

L’exposition se termine sur l’opposition entre deux courants majeurs dans l’art américain de la fin des années 1930 : la figuration incarnée par E. Hopper [Gas (Station Service), 1940], face à l’abstraction de J. Pollock (Untitled, 1938/41) – premier courant pictural proprement américain. Une ouverture finale est faite sur le cinéma américain des années 1930, oscillant entre l’attachement au réalisme et la tentation de l’imaginaire.

L’exposition est d’autant plus intéressante que chaque oeuvre dispose de son propre cartel, avec un commentaire pédagogique qui aide à décrypter la toile (pas inutile quand on ne maîtrise pas l’Histoire et/ou l’histoire de l’art américain). Mais il est dommage que l’écriture y soit si petite ; c’est à se demander si les scénographes visitent les expositions qu’ils montent !

 

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