Georges de La Tour

Entre ombre et lumière

Jusqu’au 25 janvier 2026

Musée Jacquemart-André, 158 boulevard Haussmann, Paris 8e

Le musée Jacquemart André poursuit son exploration des artistes inspirés du caravagisme, avec l’un des grands maîtres français du XVIIe siècle, Georges de La Tour (1593-1652).

Georges de La Tour, Le Souffleur à la pipe, 1646. Huile sur toile © Tokyo Fuji Art Museum Image Archives/DNPartcom

Né dans le duché indépendant de Lorraine, Georges de La Tour est admiré des mécènes et collectionneurs tels les ducs de Lorraine. Au cours de la guerre de Trente Ans, sa maison et son atelier sont brûlés (1638).

Sa réputation atteint Paris, où il devient peintre ordinaire du roi Louis XIII. « Il aurait offert au souverain un Saint Sebastien (aujourd’hui perdu) tant apprécié du monarque que ce dernier aurait fait retirer de sa chambre toutes les autres oeuvres pour ne garder que celle-ci », raconte Pierre Curie, un des commissaires de l’exposition.

Georges de La Tour, Les Joueurs de dés, vers 1650-1651. Huile sur toile. Credit : Preston Park Museum and Grounds -Photograph by Simon Hill / Scirebröc

Proche du pouvoir, Georges de La Tour n’en reste pas moins un homme qui peint les gens populaires, les marginaux, les nécessiteux. Il les humanise en leur rendant leur grandeur perdue. Ses autres thèmes de prédilection sont les scènes de jeux (Les Joueurs de dés) et les saints (Le Reniement de saint Pierre, La Madeleine pénitente).

Les scènes profanes et sacrées sont marquées par une stylisation extrême et un éclairage à la lumière artificielle – une bougie, chaque fois différente -, dont se dégage une forte spiritualité.

Georges de La Tour, Le Nouveau-Né, vers 1645. Huile sur toile © Rennes, Musée des beaux-arts

Le Nouveau-Né (vers 1647-48) illustre avec brio la manière dont Georges de La Tour parvient à transformer une scène domestique en un moment spirituel grâce à la lumière. Deux jeunes femmes penchées sur un nouveau-né se rapprochent d’une représentation de la Vierge, sainte-Anne et Jésus. La lumière semble jaillir du nourrisson et contraste avec le décor radicalement dépouillé.

Georges de La Tour, Saint Jean-Baptiste dans le désert, vers 1650. Huile sur toile © GrandPalaisRmn / Hervé Lewandowski

Seul le dernier tableau du parcours, Saint Jean-Baptiste dans le désert (vers 1650), ne montre pas la source de la lumière, qui projette une ombre diffuse sur le corps sec du jeune homme, plongé dans une intériorité silencieuse.

Cette grâce austère, qui fige les personnages dans leur émoi, confère une intemporalité aux oeuvres du peintre.

Sur les 300 oeuvres que Georges de La Tour a dû créer, seule une quarantaine d’originaux a été retrouvée. Cette exposition est une belle occasion de les voir rassembler (avec des prêts du Japon, des États-Unis, d’Abu Dhabi) et d’admirer le tenebroso (ténébrisme) singulier du maître, différent de celui du Caravage, même s’il lui emprunte son célèbre jeu d’ombre et de lumière.

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