Exposition coup de coeur

Giuseppe De Nittis (1846-1884) – La modernité élégante

Jusqu’au 16 janvier 2011

Petit Palais, avenue Winston Churchill 75008

Congé maternité ou pas, voici une exposition que je ne voulais pas rater! Giuseppe De Nittis? Inconnu aux bataillons, me direz-vous! Et pourtant… Ce peintre italien, ami de Caillebotte (prochainement exposé au musée Jacquemart-André), Manet et Degas, a été l’un des premiers artistes à expérimenter la technique du pastel dans des oeuvres de grand format. Quant à ses huiles, elles reflètent à merveille le raffinement de la mode parisienne. Un peintre de la vie moderne. Quand celle-ci rimait avec élégance.

A défaut de pouvoir atteindre la porte d’entrée de l’exposition Monet au succès attendu, ne repartez pas vaincu et traversez l’avenue Winston Churchill pour découvrir l’oeuvre aux couleurs chatoyantes de Giuseppe De Nittis qui a partagé sa vie entre Paris, Naples et Londres.

G. De Nittis naît à Barletta (région des Pouilles, située dans la « botte de l’Italie ») le 25 février 1846 dans une famille de riches propriétaires terriens. Il montre des dispositions précoces pour la peinture. En 1861 il s’inscrit à l’Académie des beaux-Arts de Naples d’où il est renvoyé trois ans plus tard pour indiscipline. Rebelle à tout enseignement conventionnel, il découvre la liberté de peindre sur le motif.

Avec Marco de Gregorio et Federico Rossano, le jeune artiste fonde l’Ecole de Resina, à Naples, en 1863. En réaction
à la peinture d’histoire, ils veulent promouvoir une peinture de paysage, débarrassée de toute anecdote
littéraire ou historique.

Dans Le Rendez-vous dans le Bois de Portici, le jeu de la lumière et de l’ombre devient le véritable sujet du tableau au-delà de l’anecdote de la promeneuse solitaire absorbée dans sa lecture. La Route de Naples à Brindisi remporte un vrai succès au Salon de 1872. Les critiques apprécient la manière dont De Nittis a coloré les ombres pour exprimer « l’accablante chaleur du jour ». Le peintre compose des paysages panoramiques où le ciel, l’eau et la terre sont peints en  étroites bandes parallèles (cf. Sur les rives de l’Ofanto).

Dans ses Notes et Souvenirs, De Nittis exprime son amour de la mer, du vaste ciel et des horizons infinis : « Car, croyez-moi, l’atmosphère, moi, je la connais bien, je l’ai peinte tant de fois. Je connais toutes les couleurs, tous les secrets de l’air et du ciel dans leur essence intime « . Plusieurs marines et études de ciels témoignent du goût de l’artiste pour les phénomènes atmosphériques et sa grande sensibilité à restituer l’impalpable.

L’artiste s’installe définitivement à Paris en 1873, où il devient l’ami et le confident d’Edmond de Goncourt.

Il rencontre les peintres impressionnistes, notamment Degas qui l’invite à participer en 1874 à la première exposition de la « Nouvelle peinture ». En 1870, Manet lui offre un tableau intitulé Au Jardin pour le remercier de l’avoir accueilli dans sa maison de campagne. À leur contact, De Nittis multiplie les scènes de plein air. Il représente fréquemment sa femme Léontine (née Gruvelle), au bord de l’eau ou dans un jardin. Des peintures d’un bonheur immédiat qui tendent à préserver le souvenir de quelques moments privilégiés.

Au Salon de 1876, Giuseppe expose une vue de la place des Pyramides dont Émile Zola fait grand cas. Le tableau est acheté par l’État et sera bientôt exposé au musée du Luxembourg avec Les Ruines des Tuileries, exposé au Salon de 1883 que De Nittis rachète à son marchand Goupil pour l’offrir au musée. L’artiste note les transformations du Paris moderne sans omettre les échafaudages ou les chantiers de reconstruction consécutifs aux destructions de la Commune ou de la Guerre de 1870.

« De Nittis, c’est le vrai et le talentueux paysagiste de la rue parisienne », écrit Jules de Goncourt
dans son Journal le 2 juin 1883. Autant que des salons de la capitale (cf. Le Salon de la Princesse Mathilde) ou des champs de courses de sa périphérie.
A la diférence de Degas, De Nittis s’intéresse au public élégant qui fréquente Auteuil et Longchamp. Il y croque les élégantes silhouettes de Parisiennes, ajustant leurs lorgnettes ou, debout sur une chaise, guettant l’arrivée du cheval vainqueur.
De Nittis se révèle ainsi interprète de la mode féminine, dont il capture « le transitoire, le fugitif, le contingent », selon la définition baudelairienne de la modernité.

Une exposition remarquable qui nous fait découvrir des chefs-d’oeuvre de scènes intimes et de paysages brumeux qui n’ont rien à envier à Turner. Le pastel lui permet en effet de traduire les effets de flou et de vaporeux dans lesquels il excelle.
L’artiste n’avait fait l’objet d’aucune rétrospective à Paris depuis 1886. Ne manquez pas celle-ci!

Taggé .Mettre en favori le Permaliens.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *