Entre réalisme et lyrisme

Eli Lotar (1905-1969)

Jusqu’au 28 mai 2017

[fnac:http://plateforme.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Exposition-PETER-CAMPUS-ET-ELI-LIOTAR-PEELI.htm]

Pour acheter le catalogue de l’exposition : 

Jeu de Paume, 1 place de la Concorde, Paris 8e

Le Jeu de Paume présente la première rétrospective consacrée au photographe et cinéaste français d’origine roumaine Eli Lotar (1905-1969). Un artiste singulier qui tient une place à part dans l’histoire de l’art.

Eliazar Lotar Teodorescu arrive en France en 1924. Grâce à son talent précoce, il se démarque rapidement des pionniers de la photographie moderne à Paris (André Kertész, Man Ray, Germaine Krull).

Il apprend les rudiments de la technique photographique aux côtés de Germaine Krull. Il s’approprie les vues en plongée, contre-plongée, gros plans et décadrages, notamment pour ses vues du tissu urbain et industriel parisien. Du haut d’un appartement central de Paris, il saisit des instantanés de la vie quotidienne tout en leur conférant une poésie surréaliste. Dualité que l’on retrouve dans sa fascination pour les autres sujets de la vie moderne : trains, bateaux, rails, avions…

Au cours de ses voyages, E. Lotar capture le pourtour méditerranéen, les sites archéologiques en Grèce, photographiant mine de rien des détails incongrus telle cette tête de chèvre morte placée dans les branches d’un olivier.

Selon Damarice Amao, une des commissaires de l’exposition, la photographie ne représente pas un but en soi pour Eli Lotar. Sa vraie passion est le cinéma. En 1930, il est associé au projet du film documentaire Zuiderzeewerken de Joris Ivens. Après ce travail, son style photographique évolue : il quitte son esthétique moderniste pour adopter une approche encore plus ancrée dans le réel. Trois ans plus tard, il travaille en tant qu’opérateur sur le film Terre sans Pain de Luis Bunuel, qui dénonce les conditions de vie des habitants de la région Las Hurdes en Espagne.

Cet intérêt pour la cause sociale se retrouve dans le seul film pour lequel E. Lotar a reçu une reconnaissance en tant qu’auteur : Aubervilliers (1945). Le film dure un vingtaine de minutes, que je vous recommande de voir. Le documentaire dénonce les conditions de vie des habitants des bidonvilles de la commune. Mais la forte présence de la musique (Joseph Kosma) détourne sa portée pour le transformer en un conte visuel. La voix off de Jacques Prévert et la tendresse avec laquelle sont filmés les personnages ne parviennent pas à dramatiser le sujet, ce qui déplaira à son commanditaire : le maire communiste d’Aubervilliers, Charles Tillon, qui trouve le film inexploitable !

Les autres films de Lotar ont aujourd’hui disparu ou sont restés à l’état d’ébauche. Ce qui fait dire à Damarice Amao qu’Eli Lotar n’était pas une star à la Man Ray, qu’il ouvrait des portes sans les refermer. C’est précisément cette singularité qui explique pourquoi ses images sont captivantes. Elles gardent une part de mystère qu’il a emporté avec lui.

Taggé .Mettre en favori le Permaliens.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *