Des origines de l’écriture à ses détournements artistiques

Quatre expositions sur le thème de l’écriture:
Les lettres ont la forme
– jusqu’au 10 mars 2007 (6,50€)
Lettres d’humour – jusqu’au 24 mars 2007 (5€ comprenant les 2 expositions suivantes et la collection permanente)
D’une boîte à l’autre – jusqu’au 2 mars 2007
Les dessous de la carte postale – jusqu’au 2 mars 2007

Musée de La Poste, 34 bd de Vaugirard 75015
01 42 79 24 24

Affiche Les Lettres ont la forme!, Musée de La PosteRéputé pour ses expositions bien ficelées, le musée de La Poste offre un regard intelligent sur le thème de l’écriture, avec une exposition phare sur l’origine des alphabets – Les Lettres ont la forme!

Un titre qui joue sur le double sens du mot forme et annonce l’exposition sous-jacente qui présente les facéties de Gilbert Salachas – Lettres d’humour.
Cet éditeur journaliste d’origine grecque (né en 1929) crée des jeux de mots graphiques 'Deux oeufs sur le plat' par Gilbert Salachaset phonétiques. Vous découvrirez ainsi une nouvelle recette de canard laqué (un exemplaire du Monde plastifié), le « O » de forme, le « verre solitaire » ou le « triple sceau ». Rencontre avec cet homme de lettres, passionné de cinéma, qui s’est inspiré des exercices de style de Raymond Queneau et des jeux littéraires du XVIè (Rabelais) aux XIXè (Rimbaud) et XXè (Apollinaire, Surréalistes, Dadaïstes), le 20 janvier 2007, de 15h à 17h (entrée libre, réservation: 01 42 79 24 24).

Boîte aux lettres 'Crocodile', grès, Saul Kaminer, 2005 - (c) Photo Michel FischerEnfin, deux minis expositions sur des boîtes à lettres aux formes inventives du peintre sculpteur mexicain Saul Kaminer (né en 1952) et du photographe brésilien Mario Rui Feliciani (né en 1959), ainsi que sur l’histoire et les pratiques sociales des cartes postales de 1869 à nos jours, complètent un panorama exhaustif de ces variations autour de l’écriture.

L’écriture: 5000 ans d’histoire

Les Lettres ont la forme! se déroulent en deux parties. D’une part les origines de l’écriture, d’autre part les divers systèmes alphabétiques à travers le monde – les calligaphies chinoise, indienne et arabe.

Ecriture cunéiforme sur tablette d'argile, Mésopotamie, IIè millénaire av. J.-C., coll. L. Mandel - (c) Photo Michel Fischer Les Sumériens, en Mésopotamie du sud, à la fin du IVè millénaire, utilisent les premiers une forme d’écriture, appelée cunéiforme – en forme de coins. Car celle-ci était gravée dans des blocs d’argile carrés à l’aide d’un roseau taillé, le calame.

Hiéroglyphe, bas-relief égyptien, époque saïte, VIè-Vè siècle av. J.-C., calcaire, coll. L. Mandel - (c) Photo Michel FischerVers 3000 avant J.-C., les Egyptiens inscrivent sur les pierres « l’écriture des dieux » – les hiéroglyphes -, décryptés par Jean-François Champollion (1790-1832) grâce à la pierre de Rosette. Cette stèle de granit noire, de plus d’un mètre de haut, a été découverte dans le village de Rachid en 1759, pendant les campagnes de Napoléon en Egypte. Elle est aujourd’hui conservée au British Museum, à Londres. Trop longs à dessiner, les hiéroglyphes seront remplacés par une écriture smplifiée – le hiératique.

Au IIè millénaire avant notre ère, l’écriture phénicienne se répand au Moyen-Orient. Les Araméens – peuple nomade sémite, venus du nord – s’installent au Liban et dans la Palestine actuelle. Parmi eux, les Hébreux, adoptent un alphabet proche de celui des Phéniciens, dit paléohébraïque. Avec la prise de Jérusalem en 586, par le roi Nabuchodonosor, les Juifs émigrent à Babylone. De retour un demi-siècle plus tard, ils rapportent avec eux l’alphabet araméen – l’hébreu carré. Les premiers textes de la Bible sont écrits en hébreu carré.

Onciale grecque, cachet en bronze, Byzance Xè siècle, coll. L. Mandel - (c) Photo Michel FischerVers 800 avant J.-C., les Grecs adoptent l’alphabet phénicien, en y ajoutant des voyelles. Afin de préserver le secret des correspondances entre Sparte et ses alliés, les Grecs utilisaient les scytales – bandes de cuir qui, une fois déroulées, devenaient inintelligibles pour un éventuel espion. Pour rétablir le sens, le destinataire devait l’enrouler à nouveau sur un bâton rigoureusement identique à celui dont l’expéditeur s’était servi pour rédiger son message codé.

L’écriture a donc toujours été la réserve des lettrés. Au Moyen-Âge, les copistes, les scribes, et les enlumineurs font partie de ces privilégiés qui savent lire et écrire. D’abordPlume d'oie et taille-plume, XVIIIè siècle, coll. D. Kerschenbaum - (c) Photo Michel Fischer avec la plume d’oie (ou de corbeau), qui apparaît au IXè siècle. Elle nécessite d’être taillée régulièrement à l’aide d’un canif, qui permet également de maintenir le parchemin à plat et de gratter une erreur malencontreuse. La plume d’oie est remplacée par la plume métallique au milieu du XIXè sicècle.

Démocratisation de l’instruction publique oblige, plus nombreux sont les doigts noircis par l’encre et les langues tirées au gré de la concentration! Car l’acte d’écrire est avant tout un effort.

La plume Sergent-Major laisse place à l’invention de Mr Waterman, le stylo-plume, qui est à son tour supplanté par le célèbre stylo à bille Bic, dont plus de 100 milliards ont été vendus depuis 1950!

Une exposition enrichissante qui s’intéresse non seulement aux origines de l’écriture mais également à ce qui a permis sa diffusion – l’imprimerie. Sans oublier un regard sur le monde, avec le déchiffrage des écritures étrangères et celles restées secrètes, tel le rongo-rongo des Pascuans ou l’étrusque que l’on sait lire mais dont on ne comprend pas le sens. De quoi susciter des vocations!

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3 réponses à Des origines de l’écriture à ses détournements artistiques

  1. Ping :(pluri)TAL / ILPGA [U. Paris 3]

  2. Ping :Gilbert Salachas ou l’art d’apprendre en s’amusant - Artscape: Art, Culture & Paris

  3. schmidt dit :

    Bonjour,
    Photographe pro, j’ai eu l’occasion exceptionnelle comme Roger Henrard de survoler Paris intra-muros et d’y effectuer plus de 1000 prises de vue aériennes.
    vous pouvez les voir sur mon site : http://www.pariskypictures.com Pour info : Roger Henrard à appris le métier de photographe aérien à mon père Louis Schmidt
    Cordialement,
    Jean-Louis – Photos Schmidt – 03 87 31 05 60

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