Conte pour (grands) enfants

(c) Le Messager de Eliette Abécassis et Mark Crick. Editions BakerStreetLe Messager écrit par Eliette Abécassis et illustré par Mark Crick
Editions BakerStreet, 16€

A mi-chemin entre le conte philosophique et le récit poétique, Le Messager, dernier opus d’Eliette Abécassis, célébrée pour son thriller métaphysique, Qumran, s’adresse à un public dont la pensée est – ou est restée – enfantine. I.e. pas les bambinos en couche-culottes (le niveau de langue utilisée n’est pas du babillage), mais ceux qui aiment les illustrations – très belles aquarelles de Mark Crick – et les histoires poétiques où imaginaire et réel se confondent.

Avec Le Messager, Eliette Abécassis, écrivain et philosophe de formation, livre un conte intime, influencé par sa rencontre avec « le voyant » Anaël Dellière.

Eliette Abécassis (c) D.R.L’auteur a d’abord écrit une nouvelle, intitulée Le Voyant, parue dans ELLE (été 2004). Son succès inattendu l’a incitée à publier sous une forme contée cette histoire poétique entre une femme de raison et un homme « divinateur du coeur » (p.18).

Tout commence lorsque cet homme, qui préfère le titre de « messager » à celui de voyant, écrit une lettre à l’écrivain, affirmant se reconnaître dans l’univers de Qumran. Malgré ses réticences cartésiennes, E. Abécassis accepte de rencontrer son intriguant lecteur.

Le conte narre cette rencontre entre deux âmes seules, évoluant a priori aux antipodes de la pensée.

« De moi-même, je ne serais jamais allée voir un voyant. Mes amis me faisaient sourire avec leurs histoires. Mais Anaël ne ressemblait pas à l’image que je m’étais faite des voyants. Il était vêtu normalement, il portait un jean et une chemise, il n’avait pas de signe distinctif: rien qui permette de dire qui il était. Alors sans trop savoir pouquoi, je l’ai suivi » (p.17).

Sur un bateau. Ainsi s’embarquent les deux protagonistes, selon le rituel du voyage initiatique.

Le Messager se double d’une tierce rencontre, à effet de miroir. Eliette Abécassis, traductrice en français de deux pastiches de Mark Crick, La Soupe de Kafka et La Baignoire de Goethe, s’appuie ici sur l’aide de l’écrivain et photographe britannique pour illustrer son conte.

Ce métissage des savoirs aboutit à une oeuvre à quatre mains, tout en finesse. Certains y verront un rapprochement avec Le Petit Prince de Saint-Exupéry. Pas tout à fait juste, à mon avis, car il manque à l’héroïne la naïveté touchante du petit homme. Ce récit poétique n’en reste pas moins un conte pour grands enfants, où est abordé le thème du cheminement spirituel.

A défaut d’avoir complètement accroché à l’histoire (sentiment mi-figue mi-raisin à son encontre), ma curiosité a été suffisamment aiguisée pour avoir envie de découvrir les autres oeuvres des auteurs.

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