Le premier des Impressionnistes

Camille Pissarro

Jusqu’au 02 juillet 2017

[fnac:http://www.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Exposition-PISSARRO-SARRO.htm]

Pour acheter le catalogue de l’exposition : 

Musée Marmottan Monet, 2 rue Louis Boilly, Paris 16e

Camille Pissarro (1830-1903) bénéficie d’une belle rétrospective au musée Marmottan Monet, la première depuis quarante ans. Une soixantaine de tableaux dévoilent l’évolution de son style, la diversité de ses thèmes, ses fructueuses collaborations artistiques. De sa jeunesse aux Antilles danoises à ses séries urbaines de Rouen, Dieppe, Le Havre et la consécration parisienne. Un sujet que le public parisien connaît justement peu !

Aîné des impressionnistes – C. Pissarro a neuf ans de plus que Monet – il est celui qui a poussé le groupe à se former et présenter des oeuvres en commun au Salon de 1874. Avant de le dissoudre, se considérant l’esprit novateur du mouvement, prisant un impressionnisme scientifique, alors que ses élèves baignaient selon lui dans un impressionnisme romantique caduque !

L’exposition débute par un autoportrait – un des trois seuls connus de l’artiste – et une oeuvre de jeunesse, Deux Femmes causant au bord de la mer (peinte en 1853, post-datée en 1856) lorsque Pissarro n’a pas encore 25 ans. Il signe d’ailleurs Pizarro, de la graphie de son acte de naissance. L’oeuvre est réalisée dans son île natale : Saint Thomas.

Le jeune homme suit une formation de dessin, puis est envoyé en France à douze ans, dans une école privée de Passy pour parfaire sa formation artistique. Lors de ce long séjour, il découvre Delacroix au musée du Louvre. Cinq ans plus tard, il retourne aux Antilles et se forme lui-même à la peinture. Medium qu’il ne quittera plus – hormis une sculpture réalisée en fin de carrière – s’essayant à l’huile et à la gouache, dont quelques exemplaires rarement montrés (en raison de leur fragilité) sont exposés ici (Le Troupeau de moutons, soleil couchant, 1889).

Le parcours évoque l’évolution de ses styles, des prémices de l’impressionnisme (Le Jardin de Maubuisson, Pontoise, 1867) à son détachement (La Maison de la sourde et le clocher d’Eragny, 1886, plus abstraite) qui mène l’artiste à la courte aventure du néo-impressionnisme (La Seine à Rouen, l’île Lacroix, effet de brouillard, 1888, où il s’essaie au pointillisme).

Mais, au fil des ans, on retrouve toujours cette particularité de Pissarro : la lumière englobante. Particulièrement visible dans ses portraits auxquels il n’apporte aucune psychologie afin que la figure ne devienne pas un sujet en soi (Jeune fille à la baguette, dit aussi La Bergère, 1881). La Cueillette des pommes (1886) offre « un beau dualisme entre la lumière ambiante (solaire) et locale (ombre), qui forme un losange dans lequel trois figures sont réparties, selon un angle rapproché comme dans les scènes de marché qu’il a étudiées sur tempera« , commente Christophe Duvivier, co-commissaire de l’exposition (Directeur des Musées de Pontoise, historien de l’art et spécialiste de C. Pissarro).

On retrouve dans Gelée blanche à Ennery (1873, première oeuvre montrée au Salon des Impressionnistes en 1874) la synthèse des caractéristiques impressionnistes : recherche temporelle de l’instant ; transmission d’une émotion – Pissarro parle de « sensation » à travers les scènes naturelles toujours travaillées par la main de l’homme (ce qui le distingue des peintres de Barbizon qui peignent la nature « froidement » en restant à l’extérieur) ou urbaines ; travail sur les couleurs primaires, complémentarité des couleurs secondaires.

« Ce qui fait que nous sortons peut-être tous de Pissarro. Il a eu la veine de naître aux Antilles, là il a appris le dessin sans maître. Il m’a raconté tout ça. En 65, déjà il éliminait le noir, le bitume, la terre de Sienne et les ocres. C’est un fait. Ne peins jamais qu’avec les trois couleurs primaires et leurs dérivés immédiates. Me disait-il. C’est lui, oui, le premier impressionniste » (Paul Cézanne, 1921).

L’exposition met ainsi en exergue l’immense influence du maître sur l’histoire de l’art français en général, sur ses élèves en particulier, (Cézanne, Gauguin, Seurat). Chemin montant, rue de la Côte-en-Jalet, Pontoise (1875) témoigne de la relation fructueuse qu’il entretient avec Cézanne. On sent la tension, qui se relâche quand Cézanne part s’installer dans le Midi (La Sente du Chou, Pontoise, 1878). Albert Marquet sera également saisi devant les vues plongeantes de Paris.

Le parcours se clôt sur les rues agitées de la capitale, où l’animation des rues a fasciné Pissarro, qui fait le chemin inverse des Impressionnistes (ils quittent Paris, lui y finit sa vie). Ces oeuvres étant essentiellement exposées dans les musées américains (Minneapolis Institute of Art, Philadelphia Museum of Art), elles sont méconnues du public français. On devine le plaisir du peintre à représenter par des touches légères et pourtant si évocatrices la foule sur le Pont Neuf élégamment vêtue ou le parapluie des passants de l’avenue de l’Opéra par temps de pluie.

Une exposition à découvrir avec audio-guide pour ne pas perdre une miette de la multitude de détails à retenir de ces oeuvres si riches picturalement !

 

 

 

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