Le Japon à l’honneur de Paris Photo

Naruki Oshima, Reflections, 2006 (c) Courtesy Gallery White Room, TokyoParis Photo 2008

Jusqu’au 16 novembre 2008

[fnac:http://plateforme.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Salon-Foire-PARIS-PHOTO-2008-PHOT8.htm]

Carrousel du Louvre, 99, rue de Rivoli 75001, 15€

Après un tour d’horizon de la photographie européenne, Paris Photo rend hommage cette année aux artistes du Soleil Levant. Le Japon a été le premier pays d’Asie a embrasser le médium photographique, alors que le pays s’ouvrait à l’Occident sous l’ère Meiji. Pourtant, la reconnaissance de la photographie en tant qu’art s’est révélée tardive. Aujourd’hui, la production photographique japonaise s’épanouie sur le marché de l’art.


Photographe inconnu, Princesse de la cour de l'Empereur Meiji, Japon, 1880 (c) Galerie Lumières des RosesLa photographie apparaît au Japon dès 1848 sous l’ère Edo. Elle se développe à partir des années 1868 sous l’influence de l’art occidental qui pénètre au Japon. La galerie Lumières des Roses (Montreuil) évoque les premiers studios de portraits par les photographes Shimooka Renjô à Yokohama et Ueno Hikoma à Nagasaki à travers un portrait de princesse des années 1880. La photographie devient le symbole de la modernisation orchestrée par le gouvernement Meiji. La galerie présente la nouvelle vision esthétique qui apparaît après le tremblement de terrre de Tokyo de 1923: des ruines de la ville naît une cité moderne qui incite les photographes à rechercher un certain réalisme et de la clarté.

Ihei Kimura, Country Students, Akita, 1953 (c) Naoko Kimura, Courtesy Zeit-Foto Salon, TokyoLes années 1930 sont marquées par le Surréalisme et l’Abstraction européenne. En témoignent les clichés vintage d’Osamu Shiihara (1905-1974), exposés par la galerie MEM (Osaka).
Parallèlement se développe la photographie de reportage, appuyée par l’essor de la presse et la création de magazines photographiques. La galerie Zeit-Foto Salon (Tokyo) se focalise sur les photos de Ihei Kimura (1901-1974), fondateur du photojournalisme au Japon avec Ken Dômo et Hiroshi Hamaya. Citadin en mouvement, expression de la réalité sociale, photographies instantanées posent les bases de la photographie documentaire des années 1950. Que l’on retrouve chez Rat Hole Gallery (Tokyo) dans les images de Seiryû Inoue (1931-1988) des rue de Kamagasaki, témoignant de la misère sociale d’après guerre.
Shoji Ueda, Self Portrait with Gorilla Mask, 1975-82 (c) Courtesy Howard GreenbergParmi les vintages de Shôji Ueda (1913-2000), présentés récemment à la Maison Européenne de la Photographie se distingue sa série sur les dunes de Tottori (1949-80), oscillant entre la composition théâtrale et le décor minimaliste. Il est représenté chez Howard Greenberg (New York) et Caméra Obscura (Paris).

Shomei Tomatsu, Blood and Rose 2, Tokyo, 1969 (c) Shomei Tomatsu, Courtesy Michael Hoppen, LondresSur fond d’industralisation forcenée, une nouvelle génération d’artistes émerge dans les années 1960. Ils se regroupent derrière Eikoh Hosoe (né en 1933) et Shomei Tomatsu (né en 1930) qui fondent l’agence Vivo (1959) avec Narahara Ikkô et Kawada Kikuji. Ils s’affranchissent des contraintes documentaires pour revendiquer une subjectivité de l’image. S. Tomatsu évoque l’horreur du largage de la bombe nucléaire; images qui vont marquer une génération charnière (1950-70) comme le montre la Galerie Priska Pasquer (Cologne). Michael Hoppen Gallery (Londres) présente quant à elle les clichés de Tomatsu lorsqu’il collabore avec la revue Provoke (1968/69).

Nobuyoshi Araki, Grand diary of a photo-maniac, 1994-2007 (c) Nobuyoshi Araki, Courtesy Taka Ishii Gallery, TokyoCe magazine regroupe des artistes en quête d’identité dans une société soumise à l’occidentalisation, en particulier sous l’influence de l’American Way of Life. Parmi les artistes collaborateurs figure Nobuyoshi Araki (né en 1940), présenté par Michael Hoppen Gallery, Hamiltons (Londres), Rat Hole Gallery, Taka Ishii (Tokyo), Priska Pasquer, Yoshii Gallery (New York). Araki s’est fait connaître en brisant le tabou de l’expression de l’intimité et des émotions personnelles.
Autre figure majeure de la revue: Daido Moriyama (né en 1938); il a poussé l’expressivité subjective du médium photographique à son paroxysme. L’artiste ignore consciemment la technique de rigueur pour laisser place sur ses photos aux flous, bougés, lumières parasites ou à la présence du grain. On retrouve ses clichés à la Galerie Fifty One Photography Fine Art (Anvers), Rat Hole, Taka Ishii, Priska Pasquer, Yoshii Gallery.

Ryuji Miyamoto, Preah Khan, 1991 (c) Ryuji Miyamoto, Courtesy Taro Nasu, TokyoDans les années 1980, le Japon devient la 2e puissance économique mondiale. Des collines sont rasées pour fournir la matière première des villes, qui se transforment en mégalopoles. Conscients de ces mutations environnementales irréversibles, une génération de photographes capturent les paysages ruraux et urbains. Tel Hiroshi Sugimoto (né en 1948), l’un des plus grands artistes japonais contemporains, présenté par les galeries Fifty One Photography Fine Art et Claudia Delank (Cologne). Ou Ryûji Miyamoto (né en 1947), exposé chez Taro Nasu (Tokyo) et Claudia Delank.

La section « Statement » de Paris Photo présente la scène émergente (années 2000) avec huit galeries japonaises, représentant 17 jeunes artistes.

Ellie Uyttenbroek et Ari Versluis, French Touch, Bordeaux, 2006 (c) Cookie Noei, RotterdamGrande nouveauté de cette 12e édition de Paris Photo, le fort taux de renouvellement des galeries: 38% (32 nouvelles arrivées). L’Australie (Stills Gallery, Sidney) et l’Inde (Nature Morte, New Delhi) sont représentées pour la première fois.
Parmi les nouveaux participants, ne ratez pas Cokkie Snoei (Rotterdam) avec la présentation du projet Exactitudes (contraction d’Exact et Attitude) du duo néerlandais Ari Versluis & Ellie Uyttenbroek. Les voyageurs de la gare de Rotterdam Central et de la Gare du Nord à Paris sont invités à se faire photographier. Les portraits, tous sur fond neutre, sont regroupés selon les ressemblances vestimentaires et comportamentales des sujets, donnant lieu à des séquences qui posent la question du lien entre l’apparence et l’identité, l’individu et le groupe.
Vee Speers, Untitled, The Birthday Party Series, 2008 (c) Courtesy Jackson Fine Art, AtlantaAutres découvertes: Vee Speers chez Jackson Fine Art (Atlanta); Nobuo  Asafa, Naruki Oshima et Gentaro Ishizuka chez The Third Gallery Aya (Osaka).

Massilo Vitali, Pic Nic Senate, Paris, 2000 (c) Courtesy Bonni Benrubi, New YorkLes Etats-Unis constituent la plus grosse représentation de Paris Photo 2008 avec 19 galeries, dont la Yancey Richardson Gallery (New York) avec Hiroh Kikai et la Bonni Benrubi Gallery (New York) avec Massimo Vitali.
Viennent ensuite la France (17 galeries), le Japon (14) et l’Allemagne (7) avec la présence notable de Kudlek van der Grinten Galerie (Cologne) présentant Izima Kaoru et Pierre Faure.

Yao Lu, Yaolu's new landascape part I, 2006 (c) Courtesy 798 Photo Gallery, BeijingLe prix BMW (annonce du lauréat jeudi 13 novembre 2008) qui soutient la création photographique contemporaine a sélectionné 20 participants, dont Yao Lu représentée par la 798 Photography Gallery (Pékin), Janne Lehtinen chez Taik (Helsinki), Dionisio Gonzalez exposé par Max Estrella (Madrid) et Syoin Kajii de la Foil Gallery (Tokyo).

Au total, les 106 exposants (85 galeries et 21 éditeurs) offrent une sélection éclectique mais rigoureuse de la photographie ancienne, moderne et contemporaine. De quoi prendre le pouls de la création photographique des XIXe, XXe et XXIe siècles, de la côté normande aux rivages asiatiques! Dépaysant et enrichissant.

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