Le mystère de Cléopâtre

Jusqu’au 11 janvier 2026

Institut du monde arabe, 1 rue des Fossés-Saint-Bernard, Paris 5e

L’Institut du monde arabe cherche les vérités derrière le mythe de Cléopâtre dont l’histoire a préféré retenir une sensualité orientale fantasmée plutôt que l’importance de son rôle politique.

L’exposition revient sur l’histoire de Cléopâtre, reine d’Égypte qui s’est alliée au puissant Jules César puis à Marc-Antoine, régnant sur l’Empire méditerranéen de 52 à 31 avant notre ère (bataille d’Actium dont la défaite contre Octave la conduit à se suicider pour éviter de se soumettre).

Après un rappel historique avec des pièces illustrant la richesse du royaume égyptien, le parcours décrypte les oeuvres littéraires, picturales, cinématographiques et marketing, pour comprendre comment s’est construit le mythe de Cléopâtre.

« Il faut savoir que seules les pièces de monnaie donnent un véritable aperçu du visage de la reine égyptienne », commente Christian-Georges Schwentzel, un des commissaires de l’exposition. Sur les pièces de bronze émises à Alexandrie et à Chypre (île que lui a donné Marc-Antoine), Cléopâtre est représentée avec un visage allongé, un nez proéminent – « S’il eût été plus court, toute la face de la terre aurait changé » (Pascal) -, un petit menton saillant et un long cou. César n’a pas jugé nécessaire de mentionner la beauté de son amante dans ses mémoires.

Les écrivains proches d’Octave, devenu l’empereur Auguste, ont cherché à ternir la légende de Cléopâtre, diffusant insultes et calomnies à son encontre pour nier toute légitimité au fils qu’elle a eu avec César (Césarion), potentiel rival, qu’il finira par exécuter lui-même de ses mains. Plutarque l’a décrit comme une femme fatale qui aurait séduit Marc-Antoine et l’aurait conduit à sa perte.

Cette légende noire construite de toute pièce par les auteurs romains n’a pas atteint l’Égypte. Son image de dirigeante politique, douée en diplomatie, qui a su protéger les paysans contre des fonctionnaires corrompus, moderniser sa flotte et sa politique monétaire, reste prédominante.

Ce n’est qu’avec la diffusion de films cinématographiques que l’image de Cléopâtre s’améliore en Occident. Interprétée par des actrices aussi charismatiques que Sophia Loren, LizTaylor et Monica Belucci, Cléopâtre fait maintenant rêver. Le marketing s’empresse d’utiliser dans des produits commerciaux son image stéréotypée de reine égyptienne sensuelle.

Perçue comme une femme forte et indépendante, Cléopâtre incarne également la lutte des opprimés. Elle devient un emblème de la résistance face au colonialisme britannique (1882-1956). Véritable icône féministe, elle inspire l’oeuvre finale de Barbara Chase-Riboud, qui crée un trône doré vide (1973), pour incarner la force et la fragilité du pouvoir féminin.

La partie historique du parcours et les extraits de film dont l’indétronable Mission Cléopâtre ont ravi mon attention. La dernière section avec les oeuvres contemporaines (hormis celle de Barbara Chase-Riboud) m’a moins subjuguée.