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Ron Arad, sa première monographie en France

Ron Arad, No Discipline

Jusqu’au 16 mars 2009

[fnac:http://plateforme.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Musee-et-Exposition-BILLET-MUSEE—EXPOSITIONS-MUSEX.htm]

Centre Pompidou, Galerie sud, niveau 1, 75004, 10 à 12€

Pour sa première exposition personnelle, Ron Arad (né en 1951, à Tel Aviv) tape haut et fort. Le célèbre designer/architecte/artiste israélo-britannique investit le Centre Pompidou de la même manière qu’il produit des objets/des bâtiments/des pièces uniques ou limitées. Sans frontière entre les différents domaines, qu’ils soient artistiques ou non. D’où le titre de l’exposition, No Discipline.

« Personnellement, je suis très content de ‘No Discipline‘ comme titre d’exposition. Pas besoin de définition. Concrete Stereo, par exemple, se réfère à la fois à l’architecture à cause du béton et à la musique et, pourtant, c’est aussi du design: ‘No Discipline‘ c’est exactement cela », confie Ron Arad à la commissaire de l’exposition Marie-Laure Jousset.

Casquette-béret, lunettes à verres mauves, pantalon baggy, Ron Arad arrive au vernissage presse, en retard, cela va de soi. Mais au delà de ce côté pitre volontairement affiché, qui se retrouve dans la forme de ses oeuvres et dans leur dénomination (Bad Tempered Chair, chaise longue Beware of the Dog, siège At Your Own Risk), l’homme ne peut feindre son oeil d’acier, professionnel. En interview, il répond spontanément de manière caustique avant de se reprendre et de livrer une pensée réfléchie.

Ainsi, à la question de savoir pourquoi il produit des formes sinusoïdales plutôt que droites, il rétorque du tac au tac « les formes, toujours les formes…Mais il n’y a pas que la forme qui compte dans un produit. Parfois, le matériau détermine le processus. Mais d’autres fois, je pressens ce que je peux obtenir du matériau et je tente de le plier à ma volonté ». Exemple: le fauteuil, cette fois ci, Well Tempered Chair (1986), initialement créé en acier inoxydable. L’artiste démiurge se demande s’il pourrait le dessiner en carbone. L’expérience réussit.
Quand il réalise le Rover Chair à partir d’un siège automobile de récupération, loin de lui l’idée de se poser en apôtre de l’écologie. C’est juste qu’il s’est senti capable de le réaliser à ce moment là.

Avide d’une curiosité sans limite, Ron Arad imagine l’agencement de son exposition de manière à sortir des sentiers battus. Ici, point de structure délimitée de manière claire et définitive. Les pièces s’empilent dans tous les recoins.  Pourtant, une certaine logique demeure.

La scénographie s’articule autour de la reconstitution  du hall d’entrée et de l’escalier de l’opéra de Tel Aviv (1994). De forme elliptique, ce premier espace cache dans son dos un film sur l’actuelle construction du Musée du Design de Holon. Lui font face une série d’écrans plasma présentant des projets d’architecture réalisés (Y’s Store, showroom, Tokyo, 2003; hôtel Duomo, Rimini, Italie, 2003-2005), en cours (Médiacité, Liège, Belgique, 2006; appartement privé place des Vosges, Paris, 2007) ou abandonné (restaurant de l’Opéra Garnier, Paris; Olympic Bridge, Londres, 2007).

Un ruban lumineux délimite une section intermédiaire où sont exposés des pièces uniques, des prototypes et des séries limitées (Lampe Aerial Light E23, 1981, Bibliothèque This Mortal Coil, 1993). La dernière partie, visible depuis la rue, présente les productions industrielles (Lampe Pizzakobra, 2007).

Technologie, ingénierie des matériaux, machine de haute précision, recherches novatrices sont indispensables pour réaliser les expérimentations singulières qui germent dans l’esprit de Ron Arad. Formé aux arts (Jerusalem Academy of Art) et à l’architecture (Architectural Association School, Londres), l’homme ne peut être rangé dans une seule disciple.

« Pourquoi voulez-vous l’enfermer dans une boîte de sardines? », demande Marie-Laure Jousset. « C’est un créateur libre et sans contraintes ». Indéniablement!

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