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Qui a peur des femmes photographes ?

1ère partie : 1839-1919 @ Musée de l’Orangerie, Paris 1er
2e partie : 1918-1945 @ Musée d’Orsay, Paris 7e

Jusqu’au 24 janvier 2016

[fnac:http://plateforme.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Visites-guidees-QUI-A-PEUR-DES-FEMMES-PHOTOGRAPHES–VGFEM.htm]

Catalogue de l’exposition : 

Pour la première fois, les musées de l’Orangerie et d’Orsay proposent un parcours d’exposition conjoint pour traiter du rôle des femmes dans l’histoire de la photographie.

L’objectif affiché de l’exposition « Qui a peur des femmes photographes ? » est de contrer l’idée selon laquelle la photographie – procédé de reproduction physico-chimique – n’aurait été qu’une affaire de technique et donc « d’hommes ».

Le parcours largement ouvert géographiquement (France, Allemagne, Grande-Bretagne, Hongrie et Etats-Unis) démontre que les femmes, bien qu’amateures de classes privilégiées au début du XIXe siècle, sont devenues des professionnelles de l’objectif au tournant du XXe siècle. Elles ont même joué un rôle plus important dans l’histoire de la photographie que dans les autres domaines traditionnels des beaux-arts.

1839-1919 – Musée de l’Orangerie

L’exposition débute aux origines du médium, à travers la production de Constance Talbot, épouse de l’inventeur anglais de la photographie W.H. Fox Talbot et première praticienne de la nouvelle technique.

75 femmes photographes sont ensuite présentées, d’Anna Atkins (auteure du premier ouvrage illustré de photographies, 1843/53) à Frances Benjamin Johnston et Christina Broom (pionnières du photojournalisme anglo-saxon). En passant par Julia Margaret Cameron et Gertrude Käsebier.

Contrairement à la peinture ou à la sculpture, la photographie n’est encadrée par aucune structure restrictive (en fonction du sexe, de l’âge et de la classe). Les femmes se sont senties libres « d’embrasser le nouvel art industriel », commente Thomas Galifot (commissaire de cette première partie d’exposition). La pratique photographique leur donne l’occasion d’exister en dehors de leur cocon familiale et leur permet de s’affirmer en tant que « sujets regardants ». Une grande révolution pour l’époque !

Si dans les années 1860, les femmes se tournent vers des sujets féminins comme le sentiment maternel et le monde de l’enfance, à partir de la Grande Guerre, elles abolissent les frontières entre les territoires masculins et féminins : la rue, les chantiers industriels, le front de guerre deviennent leurs sujets de prédilection.

1918-1945 – Musée d’Orsay

Entre les deux guerres, les femmes participent à l’institutionnalisation de la pratique photographique : organisation d’expositions, création d’écoles et de réseaux d’apprentissage, constitution de studios commerciaux et d’agences, prise en charge de l’histoire du médium par l’écriture d’articles et d’ouvrages.

Le parcours se divise en trois thématiques : détournement des codes (Imogen Cunningham, Madame Yevonde, Aenne Biermann, Lee Miller, Dora Maar, Helen Levitt) ; l’autoportrait et la mise en scène de soi (Claude Cahun, Mata Astfalck-Vietz, Marianne Brandt, Gertrud Arndt, Elisabeth Hase, Ilse Bing) ; la conquête des nouveaux marchés de l’image (Germaine Krull, Margaret Bourke-White, Tina Modotti, Barbara Morgan, Gerda Taro, Dorothea Lange, Lola Alvarez-Bravo, etc.).

La présentation du musée de l’Orangerie m’a plus intéressée que celle du musée d’Orsay car elle expose des oeuvres dont la qualité de l’approche est fascinante alors que la technique n’était clairement pas encore au point ! Il en résulte des photographies, au grain certes épais et sombre, mais qui dévoilent par contraste le réel talent artistique (en particulier la mise en scène des sujets) et l’émancipation de ces femmes pionnières.

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