Site icon Artscape

Entre guerre et Kabbale

Mann im Wald [Homme dans la forêt], 1971 174 x 189 cm Acrylique sur toile de coton Collection particulière, San Francisco © Ian ReevesAnselm Kiefer

Jusqu’au 18 avril 2016

[fnac:http://plateforme.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Musee—Exposition-BILLET-MUSEE—EXPOSITIONS-PIDOU.htm]

Centre Pompidou, Niveau 6, Galerie 1, Paris 4e

Le Centre Pompidou présente la première rétrospective en France depuis 30 ans de l’oeuvre d’Anselm Kiefer, actif sur la scène international depuis la fin des années 60.

Né en mars 1945 dans une Allemagne anéantie par les bombardements, Anselm Kiefer grandit avec l’image d’un pays détruit dont la conscience collective tente d’oublier l’horreur nazie.

Son oeuvre, traversée par les ruines, tente d’exorciser ce passé traumatisant. A titre personnel et au nom de ses concitoyens. L’artiste entend réveiller l’amnésie collective allemande et endosser la responsabilité de ce passé plutôt que de pratiquer la politique de l’autruche. Ses peintures incarnent la terre brûlée, les livres calcinés les cadavres jonchant le sol. Ou encore l’autodafé, la culture perdue et l’interdiction d’écrire la Loi orale selon le Talmud.

Le motif de la palette, positionnée entre ciel et terre, suspendue par une corde ou tenue par un ange, est alourdie par le plomb qui la modèle et évoque la difficulté de l’art à s’élever.

Les oeuvres les plus connues d’A. Kiefer sont ainsi réalisées en plomb. Matiérau de base des alchimistes – la mystique juive est un autre thème de prédilection de l’artiste -, malléable autant qu’il est dense, imperméable aux rayonnements électromagnétiques, capable de produire une étincelle de lumière, une « étincelle qui semble appartenir à un autre monde, un monde qui nous est inaccessible », avance l’artiste.

Ses aquarelles, apportent une accalmie, par leurs teintes chaudes et leurs motifs floraux. Hymnes aux poètes, de Baudelaire, Rimbaud (Le dormeur du val) à Paul Celan.

L’artiste s’y représente allongé dans la posture du cadavre (shavasana, dans le Hatha Yoga). « Cette figuration de la mort et de la résurrection évoque certaines représentations ésotériques, notamment celles utilisées par l’alchimiste et spiritualiste Robert Fludd, grand humaniste anglais de la Renaissance, qui s’attache à mettre en évidence l’harmonie entre le macrocosme et le microcosme », commente Jean-Michel Bouhours, commissaire de l’expositon (conservateur, chef de service des collections modernes du musée national d’art moderne).

Ces oeuvres florales sont naturellement plus digestes que les autres ! Mais elles ne représentent qu’une salle sur les 2000 mètres carré d’exposition. Le corridor de vitrines où l’artiste a déposé des objets issus de son Arsenal (réserve d’objets et de matériaux qu’il a rassemblé à Barjac, dans le sud de la France, afin d’être potentiellement réutilisés plus tard) n’a de sens à mes yeux que pour l’artiste. Au final, j’ai préféré la sélection d’oeuvres graphiques et la reconstitution de son atelier présentées à la BnF (L’Alchimie du Livre).

Quitter la version mobile