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Cy Twombly

L’homme aux faux graffiti *

Jusqu’au 24 avril 2017

Catalogue de l’exposition : 

Centre Pompidou, Niveau 6, Galerie 1, Paris 4e

Devenu aussi populaire que son guide et ami Robert Rauschenberg, Cy Twombly (1928-2011) est exposé au Centre Pompidou. Pour le meilleur et pour le pire…

L’exposition présente trois grands cycles de peintures (Nine Discourses on Commodus, 1963 ; Fifty Days at Iliam, 1978 ;  Coronation of Sesostris, 2000) ainsi que divers dessins, collages, photographies et sculptures. « Certaines oeuvres sont connues, d’autres réservent des surprises », annonce le commissaire d’exposition, Jonas Storsve.

« Son œuvre fait le lien entre la culture américaine de l’après-guerre, dominée sur le plan artistique par l’expressionnisme abstrait, et la culture méditerranéenne que Cy Twombly découvre encore jeune et qu’il fait sienne, tout en restant très proche de son univers natal, le sud des États-Unis, que nous autres, Européens, connaissons avant tout à travers sa littérature : William Faulkner, Carson McCullers, Flannery O’Connor ou encore Tennessee Williams… », poursuit le commissaire.

Edwin Parker Twombly hérite du surnom sportif de son père [joueur de baseball et professeur en la matière], « Cy », emprunté au joueur « Cy » Cyclone Young. Pourtant, il ne se tourne pas vers ce sport mais étudie l’art à la Washington and Lee University, à Lexington (Virginie).  En 1952, il obtient une bourse pour l’Europe et l’Afrique du Nord. Voyage qu’il effectue en compagnie de Rauschenberg.

Sept ans plus tard, il s’installe avec sa femme, l’aristocrate italienne Luisa Tatiana Franchetti, à Rome, où naît leur fils Alessandro (1959). De là, la famille visite la Grèce, la Turquie, l’Egypte, l’Iran.

Son oeuvre fait référence aux grands poètes grecs, latins, français, allemands, perses (Djalâl-al-Dîn Rûmî). Mais, aussi lettré qu’il soit, l’artiste sème ses oeuvres d’un langage plus vernaculaire. Ainsi peut-on découvrir caché dans Academy (1955) et Olympia le terme « FUCK » !

Pour moi, c’est un pied de nez aux critiques qui veulent toujours apporter du sens et chercher des sources aux oeuvres. Autre exemple, cité par Jonas Storsve : Devant Apollo (1975), Paul Winkler (ancien directeur de la Menil Collection à Houston) pense que l’œuvre fait référence au monde grec ; ce à quoi l’artiste répond laconiquement : « Rachel et moi, on adorait aller danser au théâtre de l’Apollo à Harlem » ! Bien plus prosaïque, n’est-ce pas ?!

La première salle de l’exposition présente quelques tableaux blancs, avec des annotations au crayon, qui ne m’ont pas parus dignes des cimaises muséales et dont le commentaire dans le cartel m’a franchement fait rire : « Le chef-d’œuvre de la décennie est sans conteste la série de peintures blanches réalisées en 1959 à Lexington, que Leo Castelli refuse pourtant d’exposer [son marchand d’art à New York, au moins lui osait avoir un sens critique !]. L’économie de moyens est poussée à l’extrême, en un mélange de peinture industrielle blanche et de mine de plomb. L’austérité du langage pictural en fait des œuvres d’exception »… Absolument pas d’accord mais à chacun d’en juger !

 

D’autres oeuvres, heureusement, relèvent le niveau. Celles plus sensuelles telles Summer Madness (1990) dont les fleurs jaunes m’évoquent les tournesols de Van Gogh ; l’impressionnante boule de feu dans The Fire That Consumes All Before It de la série Fifty Days at Iliam (1978) ; la série Quattro Stagioni (1993/95) et Coronation of Sesostris (2000), avec ce même motif de fleurs explosives. Pour finir en paroxysme avec Blooming (2001-2008). Puis de nouveau la chute avec des peintures plus récentes aux couleurs criardes (Camino Real, 2010, possédé par la Fondation Louis Vuitton – sûrement parce que F. Pinault, possède lui le triptyque Ilium !).

Le parcours a le mérite de présenter une rétrospective complète. J’ai découvert ses photographies, que je trouve très poétiques, et ses sculptures (bof bof !). Mais je dénonce ce travers de vouloir accorder de la valeur au moindre morceau de papier griffoné par l’artiste (salle 2 ; mes enfants font de bien plus jolis dessins !) sous prétexte que certaines oeuvres de l’artiste sont effectivement géniales.

*J’ai choisi ce sur-titre car l’artiste récusait le terme de graffiti.

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