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Rencontre avec les Indiens d’Amérique du Nord du XVIIè au XVIIIè siècle

Premières nations, collections royales

Jusqu’au 13 mai 2007

Musée du quai Branly, Galerie Suspendue Est, 206 et 218 rue de l’Université ou 27,37,51 quai Branly 75007, 01 56 61 70 00

Cette première exposition – « au monde » – insiste le commissaire Christian Feest, Directeur du Museum für Völkerkunde à Vienne, nous fait découvrir la diversité des modes de vie des Indiens d’Amérique du Nord. Et tord le cou à nombre de clichés sur les rapports entre les colons européens et les Indiens.

Bien sûr, les pleuples indigènes qui formèrent « les premières nations » s’efforcent toujours – cinq siècles après l’appropriation du continent américain par les Européens – de reconquérir leurs terres et leurs droits.

Mais, si la relation entre les Indiens et les colonisateurs s’est fondée sur l’inégalité, le message que veut transmettre cette « exposition dossier » est que les Indiens ont pleinement participé au processus d’échanges, assimilant une partie des techniques européennes dans leur art et leur manière de vivre. « Ils ont agi pour ce qu’ils croyaient être leur intérêt bien compris », commente le commissaire de l’exposition, spécialiste de la question.

Par ailleurs, les objets présentés et collectés par les officiers, explorateurs, commerçants, ou missionnaires anonymes, en poste dans les étants de la Nouvelle-France et de la Louisiane, prouvent l’intérêt profond de l’Europe, et de la France en particulier, pour cet héritage culturel de l’humanité.

Ce métissage des cultures s’observe d’emblée sur les peaux d’animaux, qui servaient de capes, exposées à l’entrée de l’exposition. La deuxième d’entre- elles présente à la fois en bordure une frise aux motifs typiquement indigènes – des anneaux pointés – mais également des oiseaux et des fleurs groupées par trois qui relèvent de l’art colonial.

Les capes masculines, plus larges, sont dotées de pictogrammes faisant référence à la guerre et à la paix (cf. calumets), à la chasse avec un hommage aux chevaux et à leur vitesse – symbolisée par des zigzgs – au soleil et à la lune, tandis que les capes féminines sont décorées de manière abstraite, avec des formes géométriques dont les symboles ne sont pas tous élucidés, confie Christian Feest! Ainsi en est-il de ce carré divisé en quatre avec dans deux des cases des croix. « Peut-être s’agit-il d’une représentation de la terre avec ses quatre points cardinaux », avance le commissaire. Et les croix? Sourire silencieux pour éluder cette question trop curieuse!

Cet espace commun aux hommes et femmes, présentant leurs vêtements – des bonnets aux mocassins – fait face à deux thématiques bien distinctes.
« Dans les forêts et les plaines » concerne les objets fabriqués par et pour les hommes – modèles de canoë, ceintures en perles et collier de mariage wampum, massue en bois, raquettes à neige, corne à poudre.
Quant aux arts domestiques, réalisés par les femmes, ils sont évoqués par des boîtes en écorce de bouleau, des sacs – les vêtements indiens ne comportaient pas de poches – décorés avec des piquants de porc-épic, puis des perles de verre importées par les Européens.
Enfin, un grand panneau explicatif, derrière lequel s’étend une vue panoramique de Paris, présente les divers noms et localisations des tribus dont il est question dans l’exposition.

Un remarquable travail pédagogique qui met en valeur la diversité des tribus indiennes – environ cinq cent ont été recensées en Amérique du Nord, dont une centaine parlant français – ainsi que le rôle des femmes dans la société indienne. Contrairement aux idées reçues, elles n’étaient pas cantonnées au seul foyer domestique mais jouaient un rôle politique important. Loin d’être sauvages, ces sociétés étaient donc bien plus avancées que les nôtres!

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