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Les décombres de la révolution industrielle se muent en art

Industria. Ruines Industrielles par Yves Marchand et Romain Meffre

Jusqu’au 6 octobre 2007

Galerie Kennory-Kim, 22 rue des Vertus 75003, 01 42 77 90 88

Vous ne connaissez pas encore leur nom. C’est normal! Yves Marchand et Romain Meffre sont deux talents émergents sur la scène artistique parisienne. Mais cette seconde exposition à la galerie Kennory-Kim confirme leur maturité. Et leur ascension certaine dans le monde de l’art.

Ils sont très jeunes, l’un – Romain – a 20 ans, l’autre – Yves – n’a guère plus de 25 ans. Pourtant, le visiteur ne pourrait pas le deviner en contemplant leurs photographies. « C’est qu’il y a un énorme travail en amont, gage d’un vrai professionnalisme », précise leur galeriste, Philippe Sackey.

Le tandem opère d’abord un repérage minutieux à l’aide de Google Maps des zones qui les intéressent: là où prolifèrent les ruines industrielles. En France, en Europe de l’est (ex-RDA, bassin de la Wallonie) mais aussi en Italie (Italie du nord, environs de Rome), et aux Etats-Unis (Philadelphie, Detroit).

« Industria » présente ainsi cinq années de prises photographiques dans ces pays marqués par la révolution industrielle. Un travail lent car perfectionniste: « ils peuvent attendre des jours pour avoir la luminosité qu’ils souhaitent », ajoute P. Sackey.

La révolution industrielle (19e siècle) a fomenté des usines à l’architecture originale, parfois spectaculaire. Car les usines représentent l’image des entreprises et incarnent l’ego du propriétaire. Aujourd’hui, certaines friches industrielles commencent à être réhabilitées. Mais, en France, les artistes dénoncent un « génocide architectural » des années 1960 à 1990 pour raser ces restes de cathédrales industrielles. D’où leur volonté de se tourner vers l’étranger.

Yves et Romain sont attirés par le côté éphémère, « rare et mystérieux », « l’état de grâce qui transcende l’architecture en quelque chose de profondément romantique », expliquent-ils.
Un travail réellement poétique bien que le sujet aurait pu – a priori – paraître froid. Il bénéficie en outre du décor de la jeune galerie Kennory-Kim, particulièrement en osmose avec ces photographies de ruines industrielles. Les salles du sous-sol, dotées de pierres apparentes et traversées de tuyaux recouverts de papiers journaux, baignent dans une luminosité à la fois feutrée et artistique – grâce aux lampes originales créées par le père d’Anne-Kennory Kim.

Au final, deux artistes prometteurs dans un lieu accueillant. A découvrir sans hésitation dans ces rues dominées par les commerces asiatiques – un 13e en devenir? Une expérience culturelle assurément dépaysante au sein même de Paris.

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