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L’image filmée selon un cadrage allemand, canadien et français

HF [Harum Farocki] / RG [Rodney Graham]
Jusqu’au 7 juin 2009
[fnac:http://plateforme.fnacspectacles.com/place-spectacle/recherche/ge-EXP.htm#a1240313900061]
Jeu de Paume Concorde, 1 place de la Concorde 75008, 6€

Ange Leccia et le Pavillon
Jusqu’au 30 août 2009
Musée Bourdelle, 16, rue Antoine Bourdelle 75015, 5€

Harun Farocki (né en 1944 en Tchécoslovaquie, alors annexée par l’Allemagne) et Rodney Graham (né en 1949 en Colombie-Britannique) investissent le Jeu de Paume (étages et auditorium). Tandis qu’Ange Leccia (né en 1952 en Corse) présente les artistes en résidence du Pavillon – laboratoire de création du Palais de Tokyo – ainsi qu’un film sur les sculptures de Bourdelle. Des confrontations visuelles pertinentes.

Quatre thèmes réunissent les rétrospectives comparées de Harun Farocki et Rodney Graham. Le rôle des archives comme source de mémoire (films documentaires et caméra de surveillance pour H.F. / archives photographiques et littéraires pour R.G.). Montrer ce qui est indicible en portant l’accent sur les gestes plutôt que les commentaires pour le premier (Sorties d’usine en onze décennies, 2006; L’expression des mains, 1997), insister sur la dichotomie entre le conscient et l’inconscient pour le second (City Self/Country Self, 2001). L’importance des machines, notamment cinématographiques pour les deux artistes. Enfin, le rôle du montage. Ainsi, Rodney Graham se met en scène dans les films d’autrui et insère des fragments de textes ou de musique (Loudhailer, 2003).

Harun Farocki montre comment le monde fonctionne à travers la « machine cinéma », fondamentale dans l’histoire des XXe et XXIe siècles. De son côté, Rodney Graham observe les arts visuels dont la photographie et le cinéma de l’intérieur, en s’immiscant dans ses oeuvres vidéo et photographiques. Pour explorer les mécanismes de la conscience et la représentation de soi dans le monde contemporain.

Dans les deux cas, l’artiste joue le rôle d’exorciste, extériorisant ce qui n’est pas visible. Une idée que l’on retrouve chez Ange Leccia qui filme au plus près les statues de Bourdelle pour donner corps aux surfaces inertes, les animer d’une consistance charnelle. Tout en restant de longues minutes devant les oeuvres sculpturales, A. Leccia introduit dans son film Antoine Bourdelle (2009) des visages de jeunes femmes, comme sorties d’un songe. Ce flottement des images rend d’autant plus fort le paradoxe qui rend les matières brutes filmées liquides.

L’ensemble de ces oeuvres mettent en avant les limites du langage tout en révélant les « tropes de la contemporanéité qui est la nôtre » (Chantal Pontbriand, commissaire de l’exposition du Jeau de Paume). Deux expositions où l’originalité et une perception aigue du monde prévalent.

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