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Première rétrospective française sur A.R. Penck

A.R. Penck – Peinture, Système, Monde

Jusqu’au 11 mai 2008

Musée d’Art moderne de la Ville de Paris, 11, av. du Président Wilson 75116, 01 53 67 40 00, 7,50€
Le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris présente une rétrospective ambitieuse sur l’oeuvre de Ralf Winkler, dont le pseudo le plus courant est A.R. Penck. Peintures, sculptures, mais aussi textes, synthétisent le thème de prédilection de l’artiste: comment communiquer dans notre monde confronté à la division, aux contradictions?


Les peintures de Penck (né Ralf Winkler à Dresde en 1939) se reconnaissent à leurs pictogrammes et personnages en forme de bâton, qui leur confèrent une lecture universelle.

Les ronds et les carrés renvoient au langage binaire informatique, Winkler se passionnant pour la cybernétique et la théorie de l’information dès le début des années 1960. Ils créent un mode de lecture compréhensible par tous. Mais chaque spectateur décode le tableau en instituant sa propre combinaison de signes.

L’opposition, le conflit est au coeur de la thématique de Penck. Né en Allemagne de l’Est, rejeté de la communauté d’artistes de la RDA (VBK), il n’aura de cesse de tenter de relier l’Allemagne de l’Ouest. Comme en témoigne son oeuvre fondatrie Der übergang (Le Passage, 1963) représentant un funambule sur un fil au milieu d’un paysage en flammes. Une réminescence d’un traumatisme d’enfance, lorsque Dresde est bombarbée par les Américains et les Anglais en 1945. « J’ai vu la ville en feu […] J’ai vécu le désarroi et la catastrophe que constituait la décomposition d’une hiérarchie par l’anéantissement militaire » (A.R. Penck, Was ist Standart?, 1968).
Cette oeuvre traduit également le déséquilibre de sa position artistique en Allemagne de l’Est et est précurseur de son avenir, lorsqu’il arrivera enfin à s’expatrier en août 1980.

Passé, présent, futur. Toute l’oeuvre de Winkler, qui prend le surnom de Penck en 1968 en référence au géologue spécialiste de la période glaciaire Albrecht Penck (1858-1945), mêle ces données temporelles. Dans ses tableaux, préhistoire et histoire contemporaine se fondent avec la science moderne.

En 1973, Penck adopte une nouvelle idendité artistique; il signe Mike Hammer, d’après le héros des romans policiers de l’Américain Mickey Spillane (né Frank Morrison Spillane, 1918-2006). Puis, en 1976, il signe Y (a.r. penck). « Ce n’est pas seulement un changement de nom, explique-t-il, mais plutôt un changement d’identité […] Le système nous donne un rôle, mais l’homme a lui aussi sa propre identité, indépendante du système. Le premier peut être transformé – il est important que l’on apprenne à mieux connaître son propre Moi ».

L’artiste se met à tailler des sculptures en bois à la hache. Parallèlement, il s’adonne plus fréquemment à sa seconde passion: la musique (il pratique la batterie), diffusée en seconde partie d’exposition. A partir de là, ses peintures se font de plus en plus abstraites. D’ailleurs, une fois installé à Cologne, Penck rencontre à plusieurs reprises l’artiste conceptuel, Joseph Beuys (1921-1986).

Paris, L’East End Londonien, Berlin et aujourd’hui l’Irlande. L’homme est mouvement. En atteste la dernière oeuvre de l’exposition intitulée Mann Bewegung (Homme Mouvement, 1998).
A l’instar d’André Cadere (1934-1978), exposé en parallèle au sous-sol du MAM.

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