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Hommage éclatant à une femme de paillettes: Dalida

Dalida, une vie…

Jusqu’au 8 septembre 2007

Hôtel de Ville, salle Saint-Jean, 5 rue Lobau 75004, entrée libre

Première exposition sur Dalida (1933-1987), femme mythique dont la vie fut traversée d’autant de succès que de tragédies, l’exposition à l’Hôtel de Ville de Paris « Dalida, une vie… » revêt en fait trois facettes. Dalida et la chanson, Dalida et la mode, Dalida et le cinéma. Pour mieux révéler la complexité du personnage derrière le strass d’une carrière flamboyante.

Orlando, frère cadet de Dalida, a accepté de partager avec le public « tous les documents, les écrits, notes, journaux, correspondances et surtout ses robes qui ont fait rêver le monde entier ». Car Dalida a incarné pour de multiples générations le rêve oriental.

Iolanda Cristina naît le 17 janvier 1933 dans un quartier populaire du Caire, Choubra, de parents, immigrés italiens – Giuseppina et Pietro Gigliotti, premier violon à l’Opéra du Caire avant d’être interné dans un camp de dissidents pendant trois ans. Iolanda étudie dans une école religieuse et fait ses premiers pas sur scène dans le club de théâtre de l’école. Elle rêve de devenir actrice, fascinée par les stars hollywoodiennes qu’elle découvre sur le grand écran du cinéma de quartier.
En 1951, elle devient mannequin et trois ans plus tard, elle est élue Miss Egypte, apparaissant dans un bikini imprimé panthère. Le cinéaste Niazi Moustapha la remarque et lui propose un rôle dans Une cigarette et un verre.

Mais Iolanda sait que pour devenir célèbre, il lui faut venir à Paris. Elle arrive seule, avec deux cents francs en poche, par un matin d’hiver (1954) sur les Champs-Elysées. Elle s’installe au 67, rue de Ponthieu (8è) puis au 34, rue Jean Mermoz (8è) où son voisin de pallier, fraîchement débarqué d’Indochine, s’appelle Alain Delon.

Iolanda choisit le pseudonyme Dalila (référence biblique) puis se rebaptise Dalida, moins lourd à porter. Ne décrochant pas de rôles, elle se produit dans les cabarets, notamment le Drap d’Or, près des Champs-Elysées, et à la Villa d’Este en lever de rideau de Charles Aznavour et de Juliette Gréco.

Remarquée par Bruno Coquatrix, Lucien Morisse – directeur artistique d’Europe 1 – et Eddie Barclay, Dalida enregistre Bambino, version française de la chanson italienne Guaglione. Premier succès phénoménal.
Dalida reçoit un disque d’or, créé spécialement pour elle, en 1956. Elle est surnommée « la Bardot de la chanson » tandis que la France entière se met à « bambiner ».
Dalida est également la première a susciter un fan-club. Elle voyage à travers le monde entier, du Japon aux Antilles, du Brésil au Moyen-Orient, du Canada au Vietnam, en passant par l’Afrique et l’Europe de l’est – à l’époque, pourtant, du rideau de fer. Jamais aucune chanteuse européenne n’avait provoqué un tel tsunami depuis Joséphine Baker. Au final, Dalida aura chanté 2.000 chansons et vendu plus de 120 millions d’albums, enregistrés en dix langues.

Au fil du temps, Dalida se construit une image et donne le la d’une mode qu’elle véhicule par les pochettes de ses 45 tours. La jeune brune, aux yeux ourlés de khôl, aux formes voluptueuses, se transforme en une blonde sexy, portant strass et talons aiguilles. Elle s’entoure des meilleurs couturiers, Jean Dessès (il habillait Rita Hayworth et Marlène Dietrich) qui l’immortalise lors de sa première prestation à l’Olympia en 1961 dans une robe de velours rouge. Puis la grande dame adopte la sobriété chic de Pierre Balmain et d’Yves Saint Laurent.

Après sa première tentative de suicide, elle revient sur scène en 1967, telle une madonne, dans une longue robe blanche. Paris-Match titre: « J’ai décidé de vivre et je remercie Dieu ». Vient le temps des show télés avec des présentateurs vedettes comme Guy Lux. Dalida sculpte son corps pour porter les robes fourreaux de son créateur fétiche, Loris Azzaro.

Enfin, dans les années 1980, Michel Fresnay lui confectionne ses tenues disco qui enflamment le Palais des Sports et qui lui valent son disque de diamant.

Côté vie privée, tout n’est pas si éclatant. La vie de Dalida est marquée par les suicides successifs de ses amants: Luigi Tenco (1967), jeune chanteur italien qui ne supporte pas son échec au festival de la chanson de San Remo. Lucien Morisse (1970) qu’elle avait épousé après cinq ans de vie commune mais délaissé un mois après leur mariage pour s’enticher du jeune peintre montmartrois, Jean Sobieski. Dalida culpabilise d’avoir quitté Lucien. Elle rencontre alors Arnaud Desjardins, écrivain (Les Chemins de la sagesse), qui l’initie à la philosophie. C’est le temps de la réflexion. Mais bien vite, elle s’éprend de Richard Chamfray, qui se croit la réincarnation du comte de Saint-Germain. Leur passion dure neuf ans, jusqu’à ce que cet ultime amant se suicide. Comment alors ne pas comprendre le propre suicide de Dalida, le 3 mai 1981, demande le commissaire de l’exposition, Jacques Pessis ?

Une exposition vivante malgré la tragédie ambiante qui diffuse:
* les tubes de Dalida dans des cabines avec micro et paroles défilant sur l’écran dans une ambiance karakoe;
* ses films, peu nombreux certes, mais dans lesquels elle a laissé une empreinte inoubliable (Le Sixième Jour de Youssef Chahine). Ou ceux qui lui rendent hommage en reprenant ses airs populaires (Gazon Maudit avec « Histoire d’un amour », Un Air de Famille avec « Come Prima », On connaît la chanson avec « Paroles, Paroles » chanté en duo avec A. Delon, etc.);
* et bien sûr, toute sa panoplie de robes et de disques qui ont fait de cette femme plantureuse un sex symbol de la chanson française et une artiste de Montmartre, immortalisée par un buste place Dalida (18è), qui attire autant de touristes que le Sacré-Coeur.

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