Site icon Artscape

Cherchez Charlie!

Une image peut en cacher une autre – Arcimboldo, Dali, Raetz

Jusqu’au 6 juillet 2009

[fnac:http://plateforme.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Exposition-UNE-IMAGE-PEUT-EN-CACHER-UNE-AUTRE-IMAGE.htm]

Galeries nationales du Grand Palais, entrée Champs-Elysées, 75008, 11€

L’exposition « Une image peut en cacher une autre », présentée dans les galeries nationales du Grand Palais, propose une relecture ludique et passionnante d’oeuvres ambigues, qui offrent plusieurs niveaux de lecture. Si des indications sont données pour aider le spectateur à apercevoir le double sens de l’image, l’expérience du vernissage a montré que les esprits se déchaînent pour dénicher autant d’interprétations possibles qu’il n’existe d’imaginations humaines!


Les commissaires, Jean-Hubert Martin (conservateur général) et Dario Gamboni (historien de l’art) ont sélectionné près de 250 objets – peintures, dessins, gravures, sculptures, films – dont l’ambiguïté visuelle ne fait aucun doute sur l’intention des auteurs. Qu’il s’agisse des portraits composites et parfois réversibles d’Arcimboldo aux images doubles des Surréalistes, des anamorphoses aux paysages qui prennent la forme d’un visage ou dessine, comme chez Degas, la silhouette d’une femme (Falaise ou côte escarpée, 1880/92) – personnification de la Terre aux XVI et XVIIe siècles -. Dario Gamboni précise cependant que cette double image n’était pas originellement prévue. Selon, la propriétaire actuelle de l’oeuvre, son grand-père – le prince André Poniatowski – aurait vu Degas transformer un nu dont il n’était pas satisfait en paysage.

Si l’artiste peut, par accident ou non, donner un double sens à ses représentations visuelles afin de remettre en cause la perception, le point de vue unique du spectateur et s’ouvrir au multiperspectivisme, la nature peut également jouer avec les formes. Qui n’a jamais reconnu dans un rocher ou un nuage, un visage, un animal, etc.? Une sélection de pierres du Museum National d’Histoire Naturelle, présentant dans leurs couches profondes des formes organiques, en attestent.

Les oeuvres exposées, de la préhistoire à l’art contemporain, font la part belle aux toiles surréalistes, en particulier aux oeuvres de Dali, maître de la double image (Crâne avec danseuse, signé 1932 avec un point d’interrogation), théorisée dans la revue Le Surréalisme au service de la révolution (1930). Le Viol de Magritte (1934) évoque la notion de visage qui prend la forme du torse. Procédé inverse chez Annette Messager qui dessine un visage dans le torse, les tétons en guise d’oeil.

L’une des dernières salles présente une incroyable sculpture de Tim Noble et Sue Webster, British Wildlife (2000), composée de 88 animaux taxidermisés, dont l’ombre projetée, forme l’image de deux bustes, féminin et masculin, dos à dos. Pour la petite histoire, le Solomon R. Guggenheim Museum de New York avait acquis cette oeuvre mais au terme d’un conflit de trois ans avec les douanes américaines, qui refusaient d’autoriser l’importation d’animaux empaillés, l’oeuvre est restée aux mains des artistes.

Si l’expérience de découvrir ces images cachées, un peu comme dans le jeu Où est Charlie?, se révèle amusante, l’exposition apporte une véritable relecture d’oeuvres majeures d’époques variées. Les cartels explicatifs sont loin d’être traités sur un mode léger. Jeu et réflexion sont ainsi au programme!

Quitter la version mobile