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Les palais oubliés du cinéma

Movie Theaters – Photographies par Yves Marchand et Romain Meffre

Jusqu’au 16 mars 2008

Naço Gallery, 38, rue de Citeaux 75012, 01 40 09 17 69

Toujours en quête d’état de ruines (cf. Industria), Yves Marchand et Romain Meffre, s’intéressent cette fois-ci aux anciens cinémas américains, les movies theaters. Aujourd’hui délaissés, au profit des multiplexes.

Les movie theaters, construits dans les années 1920/30, naissent sous l’impact du boom des sociétés de production américaines (Paramount, Fox, United Artists, Radio Keith Orpheum) et de l’âge d’or de Hollywood pendant la première guerre mondiale.

Ces grands studios font bâtir leurs propres salles pour projeter les films qu’ils produisent. De style hétéroclite – influence gothique aux arts-déco, en passant par l’art oriental -, ils peuvent accueillir jusqu’à 6.000 personnes (on les appelle dans ce cas des movie palaces).

Mais les avancées technologiques rendent vite ces salles caduques. Le confort, la qualité du son et des images prévalent désormais sur l’originalité du décor. Avec un train de retard, la France suit le pas de cette course à l’innovation, comme l’atteste la dernière rénovation du cinéma UGC Normandie sur les Champs-Elysées. Une modernisation souvent aseptisante, qui évoque pour les artistes « un génocide architectural ».

Les movie theaters ferment progressivement. Pour devenir, au choix, des discothèques, des églises ou des lieux de stockage pour les commerçants! D’autres restent à l’abandon et ces ceux-là qui intéressent entre autres les deux jeunes photographes français.

Pour repérer ces architectures en état de ruine intérieure, ils ont été aidés, lors de leur premier séjour à New York, par le président local de l’American Theater Historical Society, Orlando Lopes. Ainsi que par les associations regroupant les passionnés d’anciennes salles de cinéma, qui éditent des sites internet soignés.
« Parfois ces amateurs vont sur place voir ce qu’il en est, ce qu’il reste de l’architecture, etc.; ce qui aide. Mais ils prennent rarement des photos et ne tentent pas le diable », commente Yves!
Le « bird’s eye » du Live Local (équivalent de Google Maps) leur a également permis d’identifier nombre de ces salles qui présentent la caractéristique de « former des blocs sans fenêtre », ajoute Yves.

Dans un élan nostalgique et poétique, leurs photographies à la fois épurées et riches en détails, subliment cet état de déréliction. Et offrent aux ancêtres des salles de cinéma un dernier souffle de vie.

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